On peut provoquer les asthmatiques qui sont atopiques, mais ça dépend comment…

vendredi 4 mars 2011 par Dr Philippe Carré678 visites

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On peut provoquer les asthmatiques qui sont atopiques, mais ça dépend comment…

On peut provoquer les asthmatiques qui sont atopiques, mais ça dépend comment…

vendredi 4 mars 2011, par Dr Philippe Carré

Hyperréactivité bronchique à la métacholine et à l’adénosine 5’-monophosphate et présence et intensité d’une atopie, chez des jeunes enfants asthmatiques. : Suh, D. I., Lee, J. K., Kim, C. K. and Koh, Y. Y. (2011),

Bronchial hyperresponsiveness to methacholine and adenosine 5′-monophosphate, and the presence and degree of atopy in young children with asthma.

dans Clinical & Experimental Allergy, 41 : 338–345. doi : 10.1111/j.1365-2222.2010.03664.x

 Contexte :

  • L’hyperréactivité bronchique (HRB) est un marqueur caractéristique de l’asthme et elle est utilisée couramment dans les tests de provocation bronchique qui utilisent des stimuli directs ou indirects
  • La relation entre l’atopie et l’HRB reste à clarifier, particulièrement dans une population sélectionnée d’asthmatiques
  • De plus, les données sur les jeunes enfants sont limitées, bien que l’asthme survienne souvent dans la prime enfance.

 Objectif :

  • Le but de cette étude était d’étudier la réponse à la métacholine (stimulus direct) et à l’adénosine 5’-monophosphate (AMP) (stimulus indirect) en fonction de la présence ou du degré éventuels d’une atopie chez des jeunes enfants asthmatiques.

 Méthodes :

  • Une analyse rétrospective des données de 122 enfants d’âge pré-scolaire (âge moyen 5.3 ans, 4.0-6.8) se présentant avec le diagnostic d’asthme a été effectuée
  • Ces enfants étaient caractérisés par des prick-tests cutanés (PTC) et des provocations bronchiques à la métacholine et à l’AMP, en utilisant une méthode auscultatoire modifiée
  • La concentration maximale, se traduisant par des sifflements audibles et/ou une désaturation en oxygène, était déterminée pour chaque provocation
  • L’atopie était définie par au moins une réaction positive aux PTC, et son degré était défini par les niveaux d’IgE totales, le nombre de PTC positifs, et les scores d’atopie (somme de la taille des oedèmes).

 Résultats :

  • Les sujets atopiques (n=97) avaient une concentration maximale d’AMP significativement plus basse que les sujets non atopiques (n=25), alors que la concentration maximale de métacholine n’était pas différente dans les 2 groupes
  • Parmi les sujets atopiques, il n’y avait pas de corrélation entre la concentration maximale de métacholine et aucun des paramètres d’atopie
  • Par opposition, une association significative a été trouvée entre la concentration maximale d’AMP et le degré d’atopie reflété par les IgE totales et les scores d’atopie (test (א2) respectivement p=0.001 et 0.003).

 Conclusion et relevance clinique :

  • Les jeunes enfants ayant un asthme atopique avaient une réponse à l’AMP significativement plus grande que ceux avec un asthme non atopique, alors que la réponse à la métacholine n’était pas significativement différente entre les deux groupes
  • Le degré d’atopie semblait être un facteur important dans la réponse à l’AMP, mais pas à la métacholine, et pourrait donc être un marqueur de l’inflammation des voies aériennes dans l’asthme.

L’HRB est une caractéristique de l’asthme. Elle est mesurée habituellement par le biais de la métacholine ou de l’histamine, qui sont des stimuli directs agissant sur le muscle lisse ; elle peut aussi être mesurée en utilisant un stimulus indirect qui favorise le largage des médiateurs mastocytaires bronchiques : l’AMP ; il a été suggéré que l’AMP serait un meilleur marqueur de l’inflammation bronchique.

Beaucoup d’études ont montré qu’il y avait une relation entre atopie et HRB, cette dernière étant mesurée avec un test de provocation bronchique à la métacholine ; mais il n’est pas clair que l’HRB à l’AMP soit aussi associée à l’atopie chez les asthmatiques.

Le but de cette étude était donc d’étudier l’HRB à la métacholine et à l’AMP, en fonction non seulement du statut atopique de sujets asthmatiques, mais aussi en fonction du degré de l’atopie.

Il s’agit d’une étude rétrospective de 122 enfants asthmatiques âgés en moyenne de 5.3 ans, qui ont eu des PTC et un test de provocation à la métacholine et à l’AMP de façon à rechercher la concentration maximale du médiateur donnant une réponse positive (apparition de sibilances ou désaturation en oxygène) ; l’atopie et son degré étaient définis à partir du nombre de tests cutanés positifs, d’un score de gradation et du taux des IgE totales.

Les résultats montrent que :

  • les sujets atopiques avaient une concentration maximale d’AMP plus basse que les sujets non atopiques, alors qu’il n’y avait pas de différence pour la métacholine
  • parmi les sujets atopiques, il n’y avait pas de corrélation entre la concentration maximale de métacholine et le degré d’atopie
  • alors qu’une association était trouvée entre la concentration maximale d’AMP et le degré d’atopie
  • le degré d’atopie apparaît donc être un facteur important de la réactivité à l’AMP, mais pas à la réponse à la métacholine.

Les deux tests de provocation bronchique étaient réalisés de façon randomisée, avec au moins un délai de 3 jours entre les deux ; par contre le moment des tests dans l’année n’était pas contrôlé, ce qui peut être une variable incidente (par exemple en cas d’allergie saisonnière), même si on peut penser qu’elle aurait le même effet lors de chacun des tests.

Dans cette première étude comparant la réponse à la métacholine et à l’AMP en relation avec l’atopie, les résultats suggèrent que des mécanismes autres que l’atopie sont importants dans la pathogénie de l’HRB à la métacholine chez des jeunes enfants asthmatiques, alors que la réponse à l’AMP est clairement associée à l’existence et au degré de l’atopie, ce qui n’est pas le cas de la métacholine. Ces résultats peuvent s’expliquer par le rôle important des mastocytes à la fois dans l’atopie et l’HRB à l’AMP.

Les stimuli naturels entraînant dans la vraie vie les symptômes d’asthme agissant par des mécanismes souvent indirects, l’HRB indirecte à l’AMP pourrait être mieux corrélée à la sévérité et au contrôle de l’asthme, ce qui pourrait expliquer la différence de réponse entre les sujets atopiques et non atopiques.

Cette étude confirme d’autres données qui ont montré que l’HRB à l’AMP reflète mieux l’inflammation bronchique que la métacholine, ainsi que son lien à l’atopie. Le degré d’atopie pourrait être un marqueur de l’inflammation des voies aériennes chez les asthmatiques ; ceci est conforté par une étude antérieure récente qui a montré une corrélation entre l’atopie et le taux de NO dans l’air exhalé.

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