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Pricks, patchs et IDR chez les corticoïdes…
lundi 30 mai 2011, par
Tests en patchs, pricks ou en intradermique pour détecter l’hypersensibilité aux corticostéroïdes ? : Soria, A., Baeck, M., Goossens, A., Marot, L., Duveille, V., Derouaux, A.-S., Nicolas, J.-F. and Tennstedt, D. (2011),
Patch, prick or intradermal tests to detect delayed hypersensitivity to corticosteroids ?.
dans Contact Dermatitis, 64 : 313–324. doi : 10.1111/j.1600-0536.2011.01888.x
– Contexte :
- L’allergie de contact aux corticostéroïdes topiques est habituellement diagnostiquée par des patch-tests.
– Objectifs :
- Cette étude compare les résultats des tests obtenus avec des patchs, des pricks et des IDR pour établir la méthode la plus sensible dans le diagnostic de l’hypersensibilité aux corticostéroïdes.
– Patients/Méthodes :
- Dix-neuf sujets allergiques aux corticostéroïdes et 3 sujets contrôles ont été inclus.
- Les tests ont été pratiqués en patch, pricks et IDR avec cinq préparations corticostéroïdes commerciales mais aussi avec les principes actifs respectifs dilués dans l’éthanol.
- La lecture des tests a été effectuée à différents temps, c’est-à-dire à 8, 24, 48 et 96 heures puis à 7 jours.
– Résultats :
- Les patchs tests avec les préparations alcooliques ont provoqué plus de réactions positives que les produits commerciaux.
- Les tests intradermiques se sont positivés plus tôt que les patch-tests, une concordance entre les tests en patch et en intradermique ayant été trouvée pour 11/15 tests (deux IDR positives avec patch-test négatifs et vice versa).
- Cependant, plusieurs sujets ont développé une atrophie cutanée (14/22) au site d’injection intradermique
– Conclusion :
- Les patch-tests avec les principes actifs dilués dans l’éthanol restent la méthode de diagnostic de choix pour la mise en évidence de l’hypersensibilité aux corticostéroïdes.
- Les tests intradermiques avec une lecture tardive ne devraient pas être utilisés en routine, même si ils permettent la détection de cas supplémentaires d’allergie de contact, en raison d’un risque important d’atrophie, particulièrement avec les suspensions de corticostéroïdes.
L’allergie de contact aux corticoïdes topiques survient chez 0,2 à 5% des patients testés par patch-tests alors que l’hypersensibilité immédiate aux corticoïdes est beaucoup plus rare (0,1 à 0,3%).
Pivalate de tixocortol, budésonide et parfois hydrocortisone 17-butyrate font partie des batteries standards. Les 2 premiers tests permettent de détecter presque 90% des patients allergiques. Ils sont testés en patch dans la vaseline, contrairement aux autres corticoïdes qui doivent l’être dans l’éthanol.
Ces médicaments sont difficiles à tester en raison de leur activité anti-inflammatoire qui peut provoquer de faux négatifs. Il a été proposé de ce fait de poursuivre les tests, en cas de négativité des patchs, par des IDR.
Une étude a été menée en Belgique pour comparer les résultats des pricks (PTC), patchs et IDR dans le diagnostic de l’allergie aux corticoïdes.
Ce travail a été mené chez 19 patients allergiques et chez 3 sujets contrôles.
Les patch-tests ont été réalisés avec 5 corticoïdes commerciaux : 3 suspensions : Pulmicort° (budésonide) ; Kénacort A-10° (triamcinolone acétonide), Diprophos° (bétaméthasone dipropionate/bétaméthasone sodium phosphate) et 2 solutions : Célestone° (bétaméthasone sodium phosphate) et Solu-Cortef° (hydrocortisone sodium succinate) ou (Solu-Médrol° (méthylprednisolone sodium succinate).
Les mêmes principes actifs ont été testés séparément dilués à 0,1% dans l’éthanol.
Le budésonide a été testé à 0,01% dans la vaseline mais aussi à 0,002% dans l’éthanol.
Les PTC et les IDR ont été effectués avec 0,04 ml de la même solution commerciale puis diluée à 30, 10 et 1% dans 0,9% de soluté salin stérile.
Aucune réaction immédiate n’a été observée tant avec les PTC qu’avec les IDR.
Les prick-tests ont été positifs en lecture tardive seulement dans 7 cas sur 19 et ont donc peu de valeur diagnostique.
Les IDR ont été positifs dans 15 cas sur 19 avec un délai de réaction de 8 à 48 heures. Une atrophie cutanée est survenue au lieu d’injection chez la plupart des patients (14/22) en particulier avec Diprophos°, Kénacort° et Pulmicort°.
Les patch-tests ont été positifs chez 15 sujets sur 19 avec une plus grande positivité lorsque les tests étaient enlevés à 48 heures puis lus le 4ème jour ou le 7ème jour.
Les tests utilisant les préparations alcooliques ont provoqué plus de réactions positives que ceux effectués avec les produits commerciaux.
Les résultats des patchs et des IDR étaient concordants pour 11 tests sur 15.
En conclusion, les pricks-tests à lecture retardée sont peu contributifs au diagnostic de l’allergie de contact aux corticoïdes, les IDR à lecture retardée pourraient permettre plus de diagnostic que les patchs mais avec un risque d’atrophie cutanée (effet Kénacort bien connu…). Ils doivent donc être utilisés avec prudence et jamais en routine.
Les patch-tests restent la référence avec retrait des patchs à 2 ou 4 jours et relecture entre 3 et 7 jours.
Tout ce travail fort intéressant ne repose cependant que sur 19 patients ce qui n’est cependant pas si mal vu la lourdeur du protocole…
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