Muffin et pizza chez les allergiques au lait !

mardi 7 juin 2011 par Dr Geneviève DEMONET919 visites

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Muffin et pizza chez les allergiques au lait !

Muffin et pizza chez les allergiques au lait !

mardi 7 juin 2011, par Dr Geneviève DEMONET

Un régime comprenant du lait cuit augmente la guérison de l’allergie au lait de vache chez l’enfant : Jennifer S. Kim, Anna Nowak-Węgrzyn, Scott H. Sicherer, Sally Noone, Erin L. Moshier, Hugh A. Sampson

dans The Journal of Allergy and Clinical Immunology - 23 May 2011 (10.1016/j.jaci.2011.04.036)

 Contexte :

  • La majorité des enfants (approximativement 75%) ayant une allergie au lait de vache tolère les produits contenant du lait très cuit.
  • Les effets sur le long terme de l’inclusion du lait cuit dans le régime alimentaire n’ont pas encore été rapportés.

 Objectifs :

  • Nous rapportons les données des enfants chez qui des produits contenant du lait cuit ont été introduits dans le régime alimentaire.

 Méthodes :

  • Des enfants chez qui la tolérance au lait cuit (muffin) avait été évaluée ont été testés de façon répétée par des tests de provocation avec du fromage cuit (pizza) puis de lait non chauffé.
  • Les paramètres immunologiques ont été mesurés à chaque test.
  • Le groupe de comparaison a été constitué avec des sujets allergiques au lait appariés (selon l’âge, le sexe et les taux de base d’IgE du lait) pour évaluer l’histoire naturelle du développement de la tolérance.

 Résultats :

  • Des tests de provocation ont été réalisés chez 88 enfants pendant une médiane de 37 mois (de 8 à 75 mois), à des intervalles de 6 à 54 mois.
  • Parmi les 65 sujets tolérants initialement le lait cuit, 39 (60%) tolèrent actuellement le lait non chauffé, 18 (28%) tolèrent le lait cuit/fromage cuit et 8 (12%) ont choisi une éviction stricte.
  • Parmi le sous-groupe réagissant au lait cuit (n = 23), 2 (9%) tolèrent le lait non chauffé et 3 (13%) tolèrent le lait cuit/fromage cuit, alors que la majorité (78%) évitent le lait de façon stricte.
  • Les sujets qui étaient tolérants au lait cuit au départ avaient 28 fois plus de chance de devenir tolérants au lait non chauffé que les sujets réactifs au lait cuit (P < 0.001).
  • Les sujets qui ont ajouté du lait cuit à leur régime alimentaire avaient 16 fois plus de chance de devenir tolérant au lait non chauffé que le groupe de comparaison (P < 0.001).
  • Les taux médians d’IgG4 de la caséine ont augmenté de façon significative dans le groupe tolérant le lait cuit (P < 0.001) ; les valeurs médianes d’IgE du lait n’ont pas varié significativement.

 Conclusions :

  • La tolérance du lait cuit est un marqueur d’allergie IgE-médiée transitoire alors que la réactivité au lait cuit présage d’un phénotype plus persistant.
  • L’ajout de lait cuit chez les enfants le tolérant semble accélérer le développement de la tolérance au lait non chauffé comparativement à une éviction stricte.

L’allergie au lait de vache touche 1 à 3% des jeunes enfants et pourrait être responsable de 13% des anaphylaxies alimentaires mortelles.

Les patients ayant une allergie transitoire produiraient des IgE dirigées contre les épitopes conformationnels (structure protéique) détruits par la chaleur alors que les enfants ayant une allergie persistante développeraient des IgE contre les épitopes séquentiels (séquences d’acides aminés) résistants à la chaleur.

Il semble qu’une grande proportion des enfants (environ 75%) tolèrent le lait bien cuit.

La consommation régulière de lait bien cuit pourrait accélérer l’acquisition de la tolérance au lait non chauffé.

C’est cette hypothèse que l’équipe de H Sampson a voulu vérifier en recrutant, de 2004 à 2007, 88 enfants allergiques au lait de vache âgés de 6 mois à 21 ans pour suivre l’évolution de leur allergie en fonction de leur consommation ou non de produits contenant du lait cuit.

Un groupe contrôle n’ayant pas été réalisable, un groupe de comparaison de 66 enfants a été créé rétrospectivement avec des patients ayant les même caractéristiques que les sujets de l’étude mais pour qui un test de provocation au lait cuit n’avait pas été réalisé initialement.

Les enfants de l’étude ont été suivis par la pratique régulière de tests de provocation avec du muffin, puis de la pizza au fromage en enfin du lait non chauffé à un intervalle médian de 37 mois.

Les IgE et IgG4 dirigés contre le lait, la caséine et la bêta-lactoglobuline ont été dosées à chaque fois que les enfants étaient revus.

Sur les 88 enfants de ce travail, 65 (soit 74%) ont toléré le lait cuit lors du test initial avec du muffin. A l’intérieur de ce sous-groupe, la majorité (60%) a acquis une tolérance au lait non chauffé dans les 5 ans.

Huit enfants (12%) n’ont pas consommé de produits cuits contenant du lait malgré leur test au muffin négatif.

Parmi les 23 enfants ayant eu un test positif au lait cuit (muffin), seulement 2 (9%) ont acquis une tolérance au lait non chauffé.

Les patients tolérants le lait cuit avaient 28 fois plus de chance de devenir tolérants au lait non chauffé que les autres.

Les enfants consommant des produits contenant du lait cuit avaient 16 fois plus de chance de devenir tolérants au lait non chauffé que les enfants du groupe de comparaison.

Si les IgE de la caséine n’ont pas varié de façon significative, les IgG4 ont augmenté de façon significative dans le temps chez les enfants tolérants le lait cuit.

En raison du risque d’anaphylaxie, la recherche de la tolérance du lait cuit doit bien sûr se faire avec les recommandations d’usage…