Ca fait pas un pli : mêmes les allergiques vont pouvoir manger des pêches !

mardi 28 juin 2011 par Dr Céline Palussière573 visites

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Ca fait pas un pli : mêmes les allergiques vont pouvoir manger des pêches !

Ca fait pas un pli : mêmes les allergiques vont pouvoir manger des pêches !

mardi 28 juin 2011, par Dr Céline Palussière

Le dépliement de la protéine module fortement l’allergénicité et l’immunogénicité de Pru p 3, l’allergène majeur de la pêche. : Masako Toda, Gerald Reese, Gabriele Gadermaier, Veronique Schulten, Iris Lauer, Matthias Egger, Peter Briza, Stefanie Randow, Sonja Wolfheimer, Valencia Kigongo, Maria del Mar San Miguel Moncin, Kay Fötisch, Barbara Bohle, Stefan Vieths, Stephan Scheurer

dans The Journal of Allergy and Clinical Immunology - 16 May 2011 (10.1016/j.jaci.2011.04.020)

 Contexte :

  • L’immunothérapie allergénique spécifique pour les allergies alimentaires, y compris l’allergie à la pêche, n’a pas encore été mise au point.
  • L’utilisation d’allergènes ayant un potentiel allergénique réduit et une immunogénicité conservée pourrait améliorer la sécurité et l’efficacité de l’immunothérapie allergénique spécifique.

 Objectif :

  • Nous avons voulu créer un dérivé hypoallergénique de l’allergène majeur de la pêche, Pru p 3, et caractériser ses propriétés biochimiques et immunologiques.

 Méthodes :

  • Un variant de Pru p 3 au niveau du repliement de la protéine a été fabriqué par réduction et alkylation, et a été étudié quant à son intégrité structurelle et sa stabilité vis à vis des enzymes gastro-intestinales.
  • L’IgE réactivité et le potentiel allergénique ont été déterminés par immunoblot, ELISA et tests in vitro de libération de médiateurs, avec les séra de patients allergiques à la pêche.
  • L’immunogénicité pour les cellules T était évaluée grâce à l’utilisation de cellules T humaines spécifiques de l’allergène et de souris immunisées soit avec Pru p 3 natif (nPru p 3), soit Pru p 3 réduit et alkylé (R/A).
  • Le traitement de Pru p 3 par des fractions endolysosomiales de cellules dendritiques et son antigénicité était examinées chez les souris.

 Résultats :

  • Le dépliement de Pru p 3 a diminué sa haute résistance à la protéolyse gastro-intestinale et a quasiment annulé son IgE réactivité et son potentiel allergénique.
  • R/A Pru p 3 était toutefois capable de stimuler les cellules T humaines et murines.
  • La dégradation endolysosomiale de R/A Pru p 3 était accélérée en comparaison de celle de nPru p 3, mais les même peptides étaient générés.
  • Les anticorps IgE et IgG vis à vis de nPru p 3 n’ont pratiquement pas montré de réactivité croisées avec R/A Pru p 3.
  • De plus l’antigénicité de R/A Pru p 3 était fortement réduite.

 Conclusion :

  • La protéine Pru p 3 dépliée a prouvé une allergénicité et une antigénicité réduites, et une immunogénicité conservée.
  • Les variants hypoallergéniques de Pru p 3 pourraient constituer un candidat prometteur comme vaccin pour l’immunothérapie spécifique à la pêche.

L’allergie à la pêche est répandue dans le sud de l’Europe, et fréquemment responsable de réactions cliniques sévères. Il était donc logique que, parmi les nombreuses études qui se consacrent aux traitements des allergies alimentaires, des recherches se portent en particulier sur cette allergie.

Les auteurs allemands de cette étude ont produit un variant de la LTP de la pêche, Pru p 3, qui en est l’allergène majeur dans le pourtour méditerranéen (mais pas dans le Nord de l’Europe, où c’est Pru p 1). Par réduction et alkylation, ils ont modifié la structure tridimensionnelle de la protéine.

Testée sur des sera de patients allergiques à la pêche, le variant a montré une IgE réactivité et une antigénicité diminuée, alors que son potentiel d’activation des cellules T était conservée.

La stimulation des cellules T sans activation de l’immunité humorale vise à l’acquisition de la tolérance immunologique, par production et stimulation de cellules T régulatrices. Du fait des modifications conformationnelles, les IgE ne reconnaissent pas l’allergène, et n’induisent pas de réaction clinique.

Cette étude est toutefois réalisée in vitro, et l’absence de réactivité en Immunoblot ou en ELISA n’est pas une garantie de sécurité absolue tant que la protéine n’a pas été testée in vivo.

En effet après prise en charge par les cellules dendritiques, les peptides formés à partir de la molécule dépliée étaient semblables à ceux issus de l’allergène natif. La persistance de certains épitopes linéaires n’est donc pas impossible.

Des pêches transgéniques, hypoallergéniques, grâce à leur Pru p 3 déplié, ne sont donc pas prêtes à être commercialisées. Cette étude est toutefois très encourageante, témoignant des progrès réalisés en allergologie moléculaire, et promettant de déboucher un jour sur des thérapeutiques à proposer aux patients atteints d’allergie alimentaire.