Le latex n’est pas fait pour aller dans la bouche.

mardi 6 septembre 2011 par Dr Céline Palussière828 visites

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Le latex n’est pas fait pour aller dans la bouche.

Le latex n’est pas fait pour aller dans la bouche.

mardi 6 septembre 2011, par Dr Céline Palussière

Essai clinique randomisé en double aveugle contre placebo d’une immunothérapie sublinguale chez des patients allergiques au latex naturel. : Gabriel Gastaminza, Jaime Algorta, Olga Uriel, Maria T. Audicana, Eduardo Fernandez, Maria L. Sanz and Daniel Munoz

dans rials 2011, 12:191 doi:10.1186/1745-6215-12-191
Published : 9 August 2011

 Contexte :

  • L’allergie au latex est un problème de santé fréquent et non résolu.
  • L’éviction de l’exposition au latex étant très difficile, une immunothérapie serait fortement recommandée, mais avant son utilisation chez les patients, il est essentiel de prouver l’efficacité et la sécurité des extraits.
  • Le but du présent essai clinique randomisé en double aveugle, contre placébo, était d’évaluer l’efficacité et la tolérance d’une immunothérapie sublinguale au latex chez des patients adultes réalisant une éviction permanente du latex.

 Méthodes :

  • Vingt-huit patients adultes allergiques au latex (5 hommes et 23 femmes), avec une moyenne d’âge de 39 ans (de 24 à 57 ans) ont été randomisés pour recevoir un extrait commercial d’immunothérapie sublinguale au latex ou un placébo, durant une année, suivie par une autre année de traitement actif en ouvert.
  • Les événements suivants étaient mesurés au point de départ et à la fin de la première et de la deuxième année de suivi : tests cutanés en pricks, test d’usage de gants, test de provocation conjonctival, IgE spécifiques et totales, test d’activation des basophiles, et relevé des réactions adverses.

 Résultats :

  • Aucune différence significative n’était observée dans les variables d’efficacité in vivo entre les groupes traitement actif et placébo à la fin de la phase contrôlée versus placébo, ou lorsque chaque groupe était comparé avec les tests du point de départ par rapport à la fin des deux ans de l’étude.
  • Une amélioration dans le pourcentage de basophiles activés était observée.
  • Durant la phase d’induction, quatre réactions dans le groupe traitement actif, et cinq dans le groupe placébo étaient enregistrés.
  • Au cours de la phase de maintien, deux patients ont interrompu le traitement en raison d’un prurit et d’une dermatite aiguë, respectivement.

 Conclusions :

  • Des études complémentaires sont nécessaires pour évaluer l’immunothérapie sublinguale au latex, puisque l’efficacité n’a pas pu être démontrée chez des patients adultes en éviction des allergènes.

L’allergie au latex touche une population de plus en plus étendue, en raison de son utilisation très large dans de nombreuses professions. La prise en charge repose avant tout sur l’éviction, mais elle reste difficile à réaliser et les accidents graves sont toujours possibles.

L’idée de mettre en place un traitement par immunothérapie spécifique est ainsi particulièrement séduisante, ne serait-ce que pour élever le seuil réactogène. Le but de cette étude était donc d’évaluer un protocole de désensibilisation par voie sublinguale au latex.

Plusieurs essais ont déjà été menés dans cette optique, mais sans groupe contrôle par placébo, ou sur de faibles effectifs.

Les 28 patients sélectionnés avaient bien une histoire clinique d’allergie, 60% d’entre eux travaillaient en milieu médical. L’exposition est susceptible d’influencer notablement le profil de réactivité au niveau moléculaire, et chez ces patients, les réactivités prédominantes se portaient sur Hev b 5 et Hev b 6, considérés comme allergènes majeurs chez les sujets exposés en milieu professionnels. Seuls deux patients étaient réactifs pour Hev b 1, et il s’agissait de patients multi-opérés.

Dix- neuf patients sont arrivés au bout de l’étude. Au total, 11 patients ont reçu une immunothérapie active pendant deux ans, et 22 pendant une seule année.

Au terme de l’étude, aucun paramètre d’évaluation clinique n’était amélioré dans le groupe traité par rapport au début de l’étude ou par rapport au groupe placébo. Seul le test d’activation des basophiles était amélioré, ce qui risque de ne pas satisfaire totalement les sujets ayant suivi ce traitement.

En ce qui concerne les deux patients réactifs à Hev b 1, l’inefficacité de l’immunothérapie n’est pas une surprise, puisque le fabricant des extraits signale lui même l’absence de cet allergène dans l’extrait de désensibilisation.

Il s’agit donc d’un traitement inefficace... mais sûr. Seuls deux patients ont quitté l’étude pour des effets secondaires non sévères.

Les auteurs émettent l’hypothèse d’une dose administrée insuffisante : pas d’effet secondaire, pas d’efficacité...

Mais il pourrait peut-être s’agir aussi d’une voie d’administration ne convenant pas à l’allergie au latex, ou d’une inadéquation entre le profil de réactivité individuel des patients et la composition des extraits utilisés...

Mais n’abandonnez pas cette idée, messieurs les chercheurs, les patients (et les allergologues) en attendent encore beaucoup !

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