L’orientation sexuelle influe-t-elle aussi sur l’interféron dans l’asthme infantile ? Le débat continue !

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L’orientation sexuelle influe-t-elle aussi sur l’interféron dans l’asthme infantile ? Le débat continue !

L’orientation sexuelle influe-t-elle aussi sur l’interféron dans l’asthme infantile ? Le débat continue !

jeudi 8 septembre 2011, par Dr Philippe Carré

Le génotype de l’interféron-gamma (IFNG) et le sexe interagissent pour influencer le risque d’asthme infantile. : Dagan A. Loisel, Zheng Tan, Christopher J. Tisler, Michael D. Evans, Ronald E. Gangnon, Daniel J. Jackson, James E. Gern, Robert F. Lemanske, Carole Ober

dans
The Journal of Allergy and Clinical Immunology - September 2011 (Vol. 128, Issue 3, Pages 524-531, DOI : 10.1016/j.jaci.2011.06.016)

 Contexte :

  • L’asthme est une maladie complexe caractérisée par des différences spécifiques de sexe concernant l’incidence, la prévalence et la sévérité, mais on sait peu de choses sur les bases moléculaires de ces différences liées au sexe.

 Objectif :

  • Pour analyser l’architecture génétique des différences liées au sexe dans le risque d’asthme, les auteurs ont évalué :
    • les associations entre les polymorphismes du gène de l’INFG et l’asthme infantile dans des échantillons combinés et spécifiques du sexe
    • les interactions entre les polymorphismes et le sexe concernant le risque d’asthme.

 Méthodes :

  • Les effets principaux, ainsi que les interactions liées au sexe, de la diversité génétique de l’INFG sur le risque d’asthme et les taux d’INFG, ont été mesurés dans une cohorte de naissance d’enfants à haut risque d’asthme et de maladies allergiques
  • La reproduction de l’association génétique était étudiée dans un échantillon indépendant de cas d’asthmes.

 Résultats :

  • Des interactions génotypiques significatives liées au sexe dans l’asthme ont été observées pour deux polymorphismes nucléotidiques de l’INFG, rs2069727 et rs2430561, avec une liaison fortement déséquilibrée l’un avec l’autre
  • Par opposition, aucun des dix polymorphismes nucléotidiques simples de l’INFG ne montrait d’effet significatif sur l’asthme
  • L’interaction génotypique liée au sexe dans l’asthme était caractérisée par une non-additionalité ; c’est-à-dire que les garçons hétérozygotes avaient le plus fort risque d’asthme et les filles hétérozygotes le plus faible
  • L’interaction était forte avec d’autres facteurs de risque d’asthme, mais restait limitée aux enfants ayant des sifflements d’origine virale pendant les trois premières années de leur vie
  • Les interactions génotypiques liées au sexe étaient aussi observées pour la réponse de l’INFG après stimulation cellulaire par le LPS dans la première année de la vie
  • Enfin, l’effet interactif lié au sexe était retrouvé dans une population indépendante de cas d’asthme infantile.

 Conclusions :

  • Ces résultats rendent compte d’une base génétique dans les différences liées au sexe dans l’asthme, et soulignent l’importance potentielle des interactions entre le sexe, le génotype et les facteurs d’environnement dans la pathogénie de l’asthme.

Des différences liées au sexe s’expriment dans l’asthme :

  • la prévalence est plus grande chez les garçons avant la puberté, chez les filles au-delà, et chez les femmes à l’âge adulte
  • des différences sont retrouvées aussi dans d’autres caractéristiques de la maladie (sensibilisation allergique, HRB…)
  • l’architecture génétique du risque d’asthme semble différer aussi en fonction du sexe, certains gènes spécifiques du sexe (TSLP, VDR, KCNB1, ADRB2) étant associés au risque ou à la sévérité de l’asthme.

Des profils cytokiniques de développement précoce ont été proposés comme indicateurs potentiels du développement immun post-natal ; en particulier la diminution de production d’INFG dans la période néo-natale semble liée au développement ultérieur de l’atopie et de l’asthme, ce qui suggère que la production d’INFG peut être importante dans la pathogénie de l’asthme, d’autant que certains polymorphismes génétiques de l’INFG ont été associés à l’asthme.

Dans une étude précédente, les auteurs ont montré que le sexe modifiait l’association entre la production d’INFG et les phénotypes de sifflements. Ils ont donc essayé d’élucider la base génétique de la variation de production d’INFG, et les relations entre les types de réponse de l’INFG liés au sexe et les différences de survenue de l’asthme selon le sexe, à partir d’une cohorte de naissance d’enfants à haut risque d’asthme et de maladies allergiques.

Les résultats montrent que :

  • les interactions entre le sexe et les polymorphismes de l’INFG contribuent au risque d’asthme infantile : l’hétérozygotie de deux polymorphismes nucléotidiques particuliers était protective chez les filles mais pas chez les garçons en terme de risque d’asthme
  • cette interaction entre le sexe et le génotype de l’INFG était modifiée par la survenue d’épisodes de sifflements dans la petite enfance : on ne la retrouvait pas en l’absence de sifflements
  • cette interaction était forte en terme de risque d’asthme, et reproductible dans une population indépendante de sujets avec un asthme ayant débuté dans l’enfance
  • la relation entre le développement de l’asthme et la diminution de production de l’INFG est spécifique du sexe : les filles homozygotes pour les deux polymorphismes ont des taux abaissés d’INFG après stimulation de cellules mononuclées par le LPS et un risque élevé d’asthme à 8 ans par rapport aux filles hétérozygotes, alors que c’est l’inverse pour les garçons.

Ainsi le métabolisme global de l’INFG peut être impliqué dans les mécanismes immuns qui prédisposent les sujets siffleurs à un risque d’asthme ultérieur.

Le rôle des hormones sexuelles dans les associations entre les modifications de l’INFG liées au sexe et les interactions génotypiques n’est pas clair ; on sait par exemple que les oestrogènes interagissent avec un locus de l’INFG et facilitent sa production, pouvant ainsi contribuer aux différences liées au sexe notées dans le risque asthmatique.

Ces résultats confirment que l’asthme est une maladie complexe où sont intriqués de multiples facteurs interactifs, faisant intervenir le génotype, des différences liées au sexe et les facteurs d’environnement.

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