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Faut-il nourrir les enfants asthmatiques à l’insu de leur plein gré ?
mardi 18 octobre 2011, par Dr Philippe Carré
Concentrations en micronutriments sériques et asthme de l’enfance : l’étude de cohorte de naissance PIAMA. : van Oeffelen, A. A. M., Bekkers, M. B. M., Smit, H. A., Kerkhof, M., Koppelman, G. H., Haveman-Nies, A., van der A, D. L., Jansen, E. H. J. M. and Wijga, A. H. (2011),
Serum micronutrient concentrations and childhood asthma : the PIAMA birth cohort study.
dans Pediatric Allergy and Immunology. doi : 10.1111/j.1399-3038.2011.01190.x
– Contexte :
- La recherche suggère une influence des micronutriments sur l’asthme de l’enfance
- Jusqu’ici, les preuves proviennent principalement d’études transversales évaluant les ingestions de nutriments, ce qui n’est pas une mesure adaptée de l’état nutritionnel
- Cette étude visait à étudier les associations transversales et prospectives entre les concentrations de magnésium, de vitamine D, de sélénium et de zinc, et la prévalence de l’asthme (sévère), de l’atopie et de l’hyperréactivité bronchique (HRB) dans l’enfance.
– Méthodes :
- Dans l’étude de cohorte de naissance sur la Prévention et l’Incidence de l’Asthme et l’Allergie aux acariens (PIAMA), les concentrations sériques en nutriments étaient disponibles pour un sous-groupe d’enfants âgés de 4 ans (n=372) et un sous-groupe différent d’enfants de 8 ans (n=328)
- Des questionnaires annuels évaluaient la prévalence de l’asthme jusqu’à 8 ans
- La sensibilisation allergique était mesurée à l’âge de 4 ans et de 8 ans ; l’HRB était mesurée à l’âge de 8 ans
- Les données étaient analysées en régression logistique et par des modèles d’équation d’estimations généralisées.
– Résultats :
- Il y avait une association inverse consistante (mais non significative) entre les concentrations de magnésium sérique et la prévalence de l’asthme
- Les concentrations de vitamine D sérique mesurées à l’âge de 4 ans étaient associées inversement à l’asthme (sévère) entre 4 et 8 ans (OR : 0.49, IC à 95% : 0.25-0.95), alors que la vitamine D mesurée à l’âge de 8 ans était associée positivement à l’asthme (sévère) à l’âge de 8 ans (OR : 2.14, IC à 95% : 0.67-6.82).
– Conclusions :
- Cette étude contribue à mettre en évidence que les enfants ayant les concentrations de magnésium sérique les plus élevées sont moins enclins à avoir de l’asthme
- Les associations entre les concentrations de vitamine D sérique et l’asthme étaient dépendantes de l’âge.
Plusieurs mécanismes peuvent expliquer les associations entre certains micronutriments et l’asthme infantile ; le magnésium a un effet bronchodilatateur et stimule le système immunitaire, ce qui pourrait réduire l’asthme chez l’enfant ; pour la vitamine D, des effets adverses et bénéfiques ont été observés ; les effets bénéfiques du sélénium et du zinc sur l’asthme infantile pourraient s’expliquer par leur rôle anti-oxydant qui réduirait le stress oxydatif.
Cette étude visait à étudier les associations transversale et prospective entre les concentrations de ces divers micronutriments et la prévalence de l’asthme sévère, de l’atopie et de l’HRB dans l’asthme infantile, dans une cohorte de 372 enfants de 4 ans et de 328 enfants de 8 ans. Les résultats montrent :
- une association inverse consistante entre les concentrations de magnésium sérique et la prévalence de l’asthme
- une association inverse entre les concentrations de vitamine D sérique et l’asthme sévère à l’âge de 4 ans, alors que l’association est positive à l’âge de 8 ans.
Cette étude appuie l’hypothèse que le magnésium et la vitamine D sont associés à l’asthme infantile, les associations étant les plus nettes pour l’asthme sévère, alors que l’association n’a pas pu être prouvée pour le sélénium et le zinc. De plus, l’association entre la vitamine D et l’asthme est dépendante de l’âge, avec des effets opposés à 4 ans et à 8 ans, ce qui confirme les études antérieures sur les effets adverses ou bénéfiques de la vitamine D, dont on peut spéculer ici qu’ils pourraient être liés à l’âge.
Deux limites doivent être signalées : la petite taille des effectifs, qui peut diminuer la puissance des résultats ; et la prévalence de l’asthme estimée à partir de questionnaires parentaux, qui peut expliquer des erreurs de classification des symptômes.
Des études complémentaires sont nécessaires pour préciser les mécanismes sous-tendant ces associations complexes, et les vérifier sur de plus larges populations, avant de pouvoir peut-être un jour proposer des régimes nutritionnels spécifiques qui pourraient prévenir le développement de l’asthme dans des populations d’enfants sélectionnées.