Une allergie au lait maternel serait-elle possible ???

jeudi 20 octobre 2011 par Dr Geneviève DEMONET1488 visites

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Une allergie au lait maternel serait-elle possible ???

Une allergie au lait maternel serait-elle possible ???

jeudi 20 octobre 2011, par Dr Geneviève DEMONET

Présence d’IgE spécifiques fonctionnelles auto-réactives du lait humain chez des nourrissons ayant une allergie au lait de vache : Järvinen, K. M., Geller, L., Bencharitiwong, R. and Sampson, H. A. (2011),

Presence of functional, autoreactive human milk-specific IgE in infants with cow’s milk allergy.

dans Clinical & Experimental Allergy. doi : 10.1111/j.1365-2222.2011.03864.x

 Contexte :

  • De temps en temps, des nourrissons ayant une allergie au lait de vache (ALV) et allaités de façon exclusive restent symptomatiques malgré une éviction stricte du lait de vache par la mère.

 Objectifs :

  • Déterminer si la persistance des symptômes d’allergie peut ou non être due à une sensibilisation vis-à-vis des protéines endogènes de lait humain ayant un degré élevé de similarité avec les allergènes bovins.

 Méthodes :

  • Dix peptides correspondant à des épitopes connus liant les IgE de lait de vache [α-lactalbumine (ALA), β- et κ-caséine] ainsi que les peptides fortement homologues de lait humain correspondants ont été étiquetés à l’aide de sérums de 15 nourrissons allaités, âgés de 3 semaines à 12 mois, ayant une ALV et les anticorps IgE spécifiques des peptides (épitopes) ont été contrôlés.
  • Neuf des 15 nourrissons sont devenus asymptomatiques lors de l’éviction maternelle stricte du lait et des autres allergènes alimentaires principaux ; six nourrissons sont restés symptomatiques jusqu’au sevrage.
  • Dix enfants plus âgés, de 5 à 15 ans, ayant une ALV ont aussi été étudiés.
  • La capacité fonctionnelle des anticorps IgE spécifiques a été vérifiée par mesure de libération de β-hexosaminidase par des basophiles leucémiques de rat passivement sensibilisés et stimulés avec de l’ALA humaine et bovine.

 Résultats :

  • Au moins un peptide de lait humain a été reconnu par des anticorps IgE de 9 des 15 (60%) nourrissons allergiques au lait et de la majorité des enfants plus âgés ayant une ALV.
  • Une véritable sensibilisation aux protéines de lait humain en l’absence d’IgE du lait bovin a été parfois été constatée.
  • La détection d’IgE spécifiques vis-à-vis de plusieurs peptides de lait humain avait tendance à être plus fréquente chez les nourrissons qui ne répondaient pas à l’éviction du lait dans le régime alimentaire maternel que chez ceux les autres (P = 0,099).
  • Des anticorps IgE fonctionnels vis-à-vis de l’ALA humaine n’ont été détectés que chez les nourrissons ne répondant pas au régime alimentaire maternel.

 Conclusions et Pertinence Clinique :

  • Des épitopes endogènes de lait humain sont reconnus par des IgE spécifiques de la majorité des nourrissons et des enfants ayant une ALV.
  • De tels anticorps IgE auto-réactifs spécifiques du lait humain semblent avoir des propriétés fonctionnelles in vitro.
  • Leur rôle dans le déclenchement des symptômes allergiques chez les nourrissons allaités de façon exclusive par des mères suivant un régime alimentaire strict d’éviction du lait n’est pas clair.

Une allergie au lait de femme a été évoquée dans plusieurs publications avec ou sans allergie au lait de vache associée.

Un nouveau travail a été mené sur des sérums d’enfants allergiques au lait de vache pour tenter de mettre en évidence des IgE dirigées contre des protéines du lait humain analogues aux protéines du lait de vache.

Quinze nourrissons ayant une ALV confirmée (âgés de 3 semaines à 1 an) avec urticaire et dermatite atopique ont été inclus dans cette étude.

Les IgE spécifiques étaient parfois négatives mais le test de provocation réalisé chez tous les enfants était positif dans tous les cas.

Les enfants et leur mère ont suivi un régime sans lait de vache mais aussi sans œuf, blé, poisson, fruits de mer, arachide et noix d’arbres.

Neuf nourrissons sont devenus asymptomatiques par la mise en place de ce régime alimentaire mais pas les 6 autres qui n’ont guéri que lors de l’interruption de l’allaitement maternel (ils avaient un eczéma).

Une population de 10 enfants plus âgés (de 5 à 15 ans) ayant une ALV persistante (prouvée par un TPO en double aveugle et contre placebo ou une réaction allergique récente) a été étudiée parallèlement.

Des tests de liaison IgE et des tests d’inhibition ont été pratiqués.

Les nourrissons ayant une ALV avaient des IgE reconnaissant des protéines endogènes du lait humain. Il est possible que cette reconnaissance soit due à une forte homologie de séquence entre les épitopes de lait de vache et les séquences correspondantes d’acides aminés des protéines de lait humain.

In vitro, les IgE spécifiques du lait humain des enfants ayant de très haut taux d’IgE spécifiques du lait de vache ont été capables de provoquer une libération de médiateurs. Ce qui ne prouve cependant pas leur réactivité clinique…Une exploration clinique avec tests cutanés et TPO au lait humain pourrait permettre d’aller plus loin.

En pratique, l’arrêt de l’allaitement maternel en cas de non amélioration par le régime sans lait de vache est à envisager…

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