Un cliché en noir et blanc de l’allergie alimentaire

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Un cliché en noir et blanc de l’allergie alimentaire

Un cliché en noir et blanc de l’allergie alimentaire

vendredi 25 novembre 2011, par Dr Geneviève DEMONET

Origine ethnique, Ascendance et Développement d’une Sensibilisation Alimentaire dans la Petite Enfance : Rajesh Kumar, MD, MSa, Hui-Ju Tsai, MPH, PhDb,c, Xiumei Hong, MD, PhDb, Xin Liu, MD, PhDb, Guoying Wang, MD, PhDb, Colleen Pearson, BAd, Katherin Ortiz, BAd, Melanie Fu, MSb, Jacqueline A. Pongracic, MDa,c, Howard Bauchner, MDd, Xiaobin Wang, MD, ScDb

dans PEDIATRICS Vol. 128 No. 4 October 1, 2011
pp. e821 -e829

 Objectifs :

  • Nous avons examiné si le risque de sensibilisation allergénique variait selon l’origine ethnique auto-identifiée ou l’ascendance génétique.

 Méthodes :

  • Nous avons étudié 1104 enfants (âge moyen : 2,7 ans) d’une cohorte de naissance urbaine multiethnique.
  • La sensibilisation alimentaire a été définie par des taux d’IgE spécifiques (IgES) ≥ 0,35 kilo-unités d’allergènes (kUA)/L pour un allergène quelconque parmi les 8 allergènes communs étudiés.
  • Des analyses de régression logistique multivariées ont été utilisées pour évaluer les associations de l’origine ethnique auto-identifiée et de l’ascendance génétique avec les sensibilisations alimentaires.
  • Les analyses ont aussi examiné les associations avec le nombre de sensibilisations alimentaires (0, 1, 2 et ≥ 3) et les taux d’IgES transformés logarithmiquement.

 Résultats :

  • Dans cette cohorte composée de façon prédominante de minorités (60,9% de noirs et 22,5% d’hispaniques), 35,5% des sujets avaient des sensibilisations alimentaires.
  • Dans des modèles multivariés, à la fois avoir signalé être noir (odds ratio [OR] : 2,34 [intervalle de confiance 95% ICI] : 1,24–4,44]) et avoir une ascendance africaine (augmentation de 10% ; OR : 1,07 [IC 95% : 1,02–1,14]) étaient associés à une sensibilisation alimentaire.
  • Avoir signalé être noir (OR : 3,76 [IC 95% : 1,09–12,97]) et avoir une ascendance africaine (OR : 1,19 [IC 95% : 1,07–1,32]) étaient associés avec un nombre ≥3 de sensibilisations alimentaires. L’existence d’une ascendance africaine était associée avec une augmentation du nombre d’IgES de l’arachide ≥5 kUA/L (OR : 1,25 [IC 95% : 1,01–1,52]). Des associations similaires ont été constatées entre l’origine africaine et des taux d’IgES de l’oeuf ≥2 kUA/L (OR : 1,13 IC [95% : 1,01–1,27]) et d’IgE S du lait ≥5 kUA/L (OR : 1,24 [IC 95% : 0,94–1,63]) même si les résultats n’étaient pas significatifs pour le lait.

 Conclusions :

  • Les enfants noirs étaient plus à même d’être sensibilisés aux allergènes alimentaires et une ascendance africaine était associée avec une sensibilisation à l’arachide.

Un travail a été mené dans une étude de cohorte de naissance sur 1104 enfants pour analyser la relation éventuelle entre l’origine ethnique des enfants et la présence d’une sensibilisation alimentaire dans la petite enfance.

La sensibilisation a été définie par la présence d’IgE spécifiques d’au moins un allergène parmi les 8 testés.

Les résultats de cette étude montrent que les enfants noirs étaient plus sensibilisés que les autres aux allergènes alimentaires et que l’ascendance africaine était associée à une sensibilisation à l’arachide.

N’ayant pu lire l’article en entier, il est difficile de commenter ces résultats. On suppose que les facteurs environnementaux pourraient expliquer les différences observées. On peut néanmoins imaginer que les facteurs confondants éventuels ont du être pris en compte.

Le débat sur les termes utilisés dans les publications américaines est peut-être plus intéressant que l’article lui-même. Au-delà de l’influence réelle ou non de l’origine ethnique sur les pathologies étudiées, l’utilisation du terme « race » (qui est celui employé ici) soulève des questions. L’utilisation de ce mot (directement traduit de l’américain le plus souvent) dans certaines notices de médicaments en France fait débat.

Si l’influence de la génétique est indiscutable, on peut néanmoins s’interroger sur l’hétérogénéité probable à l’intérieur d’une même population.

Le fait d’être noir et d’avoir des ancêtres africains suffit-il à constituer un même groupe génétique ? Il est probable qu’une grande variation de matériel génétique existe entre les diverses populations africaines.

A quand une étude épidémiologique sur le risque de sensibilisation chez les roux ?