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Recueil des données dans les études cliniques sur l’asthme : il faut faire le ménage ! !
vendredi 18 octobre 2002, par
Tous les médecins qui ont participé à des études cliniques dans l’asthme ont été confrontés à l’inflation des paramètres imposés pour apprécier le devenir de l’asthme. De plus en plus souvent le médecin et le malade sont rebutés par la quantité d’information à recueillir qui nécessite quasiment d’être un malade à plein temps ne travaillant pas par ailleurs. Toutes ces informations sont-elles nécessaires ?
Concordance des mesures d’appréciation de l’asthme : une étude prospective d’enfants défavorisés ayant un asthme modéré à sévère. : Sharek PJ, Mayer ML, Loewy L, Robinson TN, Shames RS, Umetsu DT, Bergman DA. Division of General Pediatrics, Stanford University School of Medicine, Palo Alto, California, USA. psharek@leland.stanford.edu dans Pediatrics 2002 Oct ;110(4):797-804
Parce qu’il n’existe pas d’étalon-or pour apprécier l’évolution de l’asthme, l’évaluation des mesures thérapeutiques proposées dans l’asthme se font par un grand nombre de paramètres. Plusieurs de ces paramètres sont redondants, alors que d’autres sont complémentaires.
L’utilisation de nombreux moyens d’appréciation rend difficile l’interprétation des résultats, augmente les causes d’erreurs et représente une mauvaise utilisation des ressources en terme de coût, temps et effort pour les patients et les divers intervenants de ces études. La compréhension des relations entre ces différentes mesures pourrait faciliter une évaluation plus parcimonieuse et plus fiable sans perte d’informations.
– Objectifs : Evaluer les relations entre plusieurs paramètres proposés pour apprécier le devenir d’un asthme dans le temps.
– Méthodes :
*Les auteurs ont utilisé les données d’un étude randomisée contrôlée d’un programme d’éducation de la maladie asthmatique, incluant 119 enfants venant de quartiers pauvres, âgés de 5 à 12 ans et ayant un asthme modéré à sévère.
*Une étude de corrélation (méthode de Spearman) a été calculée entre les différentes mesures d’évaluation du devenir de l’asthme :
**les « symptômes rapportés par les patients »,
**« l’utilisation du recours aux soins » rapportés par les patients,
**« l’échelle de bien être validée CHSA »,
**« le carnet de bord journalier (score symptomatique, réveils nocturnes et utilisation des bronchodilatateurs) »,
**« tests fonctionnels respiratoires » ; ceci à l’état basal, à 32 semaines et à 52 semaines, et évaluation des modifications entre l’état de base et les données à n52 semaines.
– Résultats :
*94 (79%) des patients randomisés ont participé à l’étude de la phase initiale à la 52ème semaine. Les recueils complets ont été obtenus dans 79% (CHSA, Données spiromètriques) des cas et 64% (journal de bord) des cas.
*A l’état de base, les « symptômes d’asthme », le « recours aux soins », et le « CHSA » sont significativement corrélés (r=0.21-0.53). Ces corrélations sont stables au cours des 52 semaines.
*Le VEMS et le journal de bord ne sont pas corrélés aux autres mesures à l’état de base, et ces mesures ne sont que peu corrélés avec les autres mesures à la 32ème et 52ème semaine.
*Au cours de l’évolution sur les 52 semaines : les modification des « symptômes d’asthme », le « recours aux soins » et le « CHSA » sont significativement corrélés (0.22-0.56) comme les changements des « symptômes journaliers », des « réveils nocturnes » et du « CHSA » (r=0.24-0.64).
*Par contre le « VEMS » et le « carnet de bord » ne sont pas corrélés avec les autres mesures au cours des 52 semaines.
– Conclusions :
*Ces résultats suggèrent que l’évaluation de l’asthme, à l’état basal et au cours du temps pour apprécier une mesure thérapeutique, est mieux caractérisée par « les symptômes rapportés par les patients », le « recours aux soins rapportés par les patients », et « l’échelle de bien être validée CHSA » .
*Le « carnet de bord » et « les tests fonctionnels respiratoires » n’apportent pas de bénéfice supplémentaire dans cette évaluation bien qu’ils puissent être importants pour s’occuper d’un patient donné.
*Ces résultats suggèrent qu’une stratégie d’évaluation parcimonieuse devrait inclure les « symptômes rapportés par les patients », le « recours aux soins rapportés par les patients », « l’échelle de bien être validée CHSA » , sans qu’il y ait de risque d’une perte vitale d’informations.
Cette étude est très importante car elle souligne 2 points :
*d’abord il ne faut pas, dans ces études cliniques, multiplier le nombre des paramètres d’évaluation car on ne sait plus lequel retenir, lesquels sont pertinents et il devient impossible de comparer des études entre elles ;
*d’autre part il devient impossible pour le patient de se plier à toutes les contraintes imposées par l’étude de ces différents paramètres, et les patients qui sont sélectionnés et qui acceptent de se prêter à ces études ne sont pas représentatifs de la majorité des patients.
Cette étude montre que le carnet de bord n’a pas d’intérêt alors qu’il est difficile à remplir, et que les mesures fonctionnelles respiratoires ne sont pas les plus pertinentes. Voilà qui devrait simplifier la vie de beaucoup de monde. Si ces résultats sont pris en compte…
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