Réponse immunitaire précoce aux infections bactériennes.

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Réponse immunitaire précoce aux infections bactériennes.

Réponse immunitaire précoce aux infections bactériennes.

vendredi 6 avril 2012, par Dr Cécilia Nocent

Réponse aux anticorps antibactériens associée au développement d’un asthme chez des enfants sensibilisés ou non aux acariens. : Belinda J Hales1, Lee Ying Chai1, Claire E Elliot1, Leigh J Pearce1, Guicheng Zhang1, Tatjana K Heinrich1, Wendy-Anne Smith1, Merci M Kusel1, Patrick G Holt1, Peter D Sly2, Wayne R Thomas1

dans Thorax 2012 ;67:321-327 doi:10.1136/thoraxjnl-2011-200650

  Contexte  :

  • Les enfants qui développent une allergie aux acariens et les enfants sensibilisés aux acariens et présentant un asthme persistant sévère ont une faible réponse anticorps aux antigènes P6 d’Haemophilus Influenzae.

  Objectif  :

  • Un dosage annuel des IgG1 et IgG4 contre Haemophilus Influenzae (P4 et P6) et des antigènes de surface du Streptoccocus Pneumoniae (PspA et PspC) a été réalisé chez des enfants de 1 à 5 ans.
    * Les enfants sont répartis en plusieurs groupes en fonction de leur sensibilisation aux acariens et de l’existence d’un asthme à l’âge de 5 ans.

  Résultats  :

  • Les enfants sensibilisés aux acariens ont des taux plus bas d’IgG1 contre les antigènes bactériens.
  • Les réponses précoces chez ces enfants (avant l’âge de 3 ans et avant de développer une sensibilisation aux acariens et un asthme) contre de multiples antigènes sont significativement réduites pour P4, P6 et PspC (p=0.008, p= 0.004, et p=0.028 respectivement).
  • Les mêmes associations avec l’asthme sont également retrouvées (p=0.008, p=0.004 et p=0.032 pour P4, P6 et PspC respectivement).
  • Le taux d’IgG4 et la prévalence de l’asthme sont identiques dans le groupe des sensibilisés et des non-sensibilisés aux acariens mais les enfants sensibilisés ont une down-régulation plus basse à la réponse aux IgG4.
  • Les enfants asthmatiques à 5 ans (27/145) ont une réponse Ig E anti P6 plus basse (p<0.05).

 Conclusions  :

  • Les enfants sensibilisés aux acariens ont une mauvaise réponse anticorps précoce contre les bactéries qui sont associées à l’asthme.
  • De façon surprenante, le taux d’IgE anti-bactérien est associé à une réduction du risque d’asthme.

Cette étude australienne s’intéresse à la relation entre la réponse immunologique aux infections bactériennes dans la petite enfance et l’apparition d’une sensibilisation aux acariens voire à un asthme.

Pour cette étude des enfants âgés de 1 à 5 ans sont suivis et bénéficient de prélèvements sanguins. Les auteurs ont dosé les taux sanguins d’anticorps dirigés contre des bactéries communes chez les enfants (Haemophilus Influenzae et Streptococcus Pneumoniae). Ils ont cherchés une corrélation entre ces taux d’anticorps et la présence ou non d’une sensibilisation aux acariens et la présence ou non d’un asthme.

Cette étude retrouve une diminution de la réponse immunitaire avec une diminution de la production d’anticorps chez les enfants sensibilisés aux acariens, de même que chez les enfants asthmatiques. Par contre les enfants ayant un taux élevé d’IgE avaient une fréquence d’asthme plus basse que les autres.

Selon la théorie hygiéniste actuellement retenue, les enfants ayant moins d’infections (du fait entre autre de la couverture vaccinale) développent moins d’anticorps (qui sont sous la dépendance des lymphocytes Th1) et plus de réactions allergiques sous la dépendance de lymphocytes Th2. Dans cette étude, on peut se demander quelle est la chronologie des choses. Effectivement, les enfants allergiques ou asthmatiques développent moins d’anticorps mais ont-ils eu la même exposition que les autres ? Y-a-t-il un déterminisme (génétique par exemple) qui expliquerait que certains enfants font moins de réactions allergiques et plus de défense contre les infections bactériennes ? Si tous les enfants ont la même exposition aux bactéries dans la petite enfance, pourquoi certains feront plus d’anticorps que d’autres et pourquoi certains développeront plus d’allergies que les autres ?

Cette étude est très intéressante mais ouvre des questions dans la compréhension des mécanismes amenant à développer des manifestations allergiques ou non. D’autres études seront nécessaires pour nous aider à tout comprendre.