Risque de coqueluche accru chez les asthmatiques ?

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Risque de coqueluche accru chez les asthmatiques ?

Risque de coqueluche accru chez les asthmatiques ?

mercredi 2 mai 2012, par Dr Cécilia Nocent

Augmentation du risque de coqueluche chez les asthmatiques : Conrad R. Capili, Allison Hettinger, Natalie Rigelman-Hedberg, Lisa Fink, Thomas Boyce, Brian Lahr, Young J. Juhn

dans The Journal of Allergy and Clinical Immunology - April 2012 (Vol. 129, Issue 4, Pages 957-963, DOI : 10.1016/j.jaci.2011.11.020)

 Contexte :

  • La récente épidémie de coqueluche en Californie a montré l’effet de la coqueluche en terme de santé publique.
  • En 2004, une épidémie de coqueluche est survenue dans le comté d’Olmsted dans le Minnesota malgré un programme vaccinal important.
  • Cette épidémie permet d’évaluer « grandeur nature » la relation entre l’asthme et la coqueluche.

 Objectif :

  • Le but de l’étude est de déterminer si les asthmatiques ont un risque plus important de coqueluche que les non asthmatiques.

 Méthodes :

  • Il s’agit d’une étude cas-contrôle.
  • 223 cas de coqueluche ont été identifié par PCR entre 2004 et 2005.
  • Les auteurs ont identifié des témoins appariés en terme de sexe et d’âge parmi 5537 patients ayant des tests négatifs pour la coqueluche.
  • Un recueil de données médicales a été rempli pour chaque cas et des critères prédéfinis ont été appliqués pour déterminer le statut asthmatique.
  • Une analyse en régression logistique a été réalisée pour évaluer l’effet du statut asthmatique sur le risque de coqueluche.

 Résultats :

  • Sur les 223 sujets, 164 étaient éligibles pour l’étude et 328 sujets contrôles ont été recrutés (1 sujet pour 2 témoins).
  • Sur ces 164 sujets, il y avait 50% d’hommes et 82% étaient blancs.
  • L’âge moyen au moment de la coqueluche était de 14 ans.
  • 62 (38%) des 164 cas avaient de l’asthme avant l’épisode de coqueluche comparés avec 85 (26%) des sujets contrôles (Odds ratio 1,73 ; 95%IC : 1,12-2,67, p=0,013).
  • Le pourcentage de risque de coqueluche attribué dans la population d’asthmatique est de 17%.

 Conclusions :

  • Vu la prévalence importante d’asthme et le risque continu de coqueluche aux Etats Unis, les asthmatiques pourraient être identifiés comme un groupe de patients devant préférentiellement bénéficier d’une vaccination anti-coqueluche (par exemple en remplaçant la vaccination décennale tétanos-diphtérie par un vaccin tétanos-diphtérie-coqueluche acellulaire chez les adolescents et les adultes).

Cette étude conduite par Capili et collaborateurs s’intéresse à la relation pouvant exister entre le statut asthmatique et le risque de contracter une coqueluche.

Cette étude est rétrospective. Elle s’est basée sur l’analyse des patients ayant présenté une coqueluche lors d’une recrudescence en 2004 et 2005.

Les cas de coqueluche ont été récupérés, appariés à des témoins. Les auteurs ont récupérés dans les dossiers des données cliniques pour chacun ; le statut asthmatique a été évalué à partir de critères prédéfinis. Avec tous ces résultats, une régression logistique a été réalisée pour rechercher s’il existe une relation entre asthme et risque de coqueluche.

Cette étude montre qu’il existe effectivement un risque majoré chez les asthmatiques.

Cependant sur le plan méthodologique, cette étude est assez discutable même si les auteurs ont essayés d’être le plus rigoureux possibles. En effet, les données cliniques sont toutes issues des dossiers et l’on connait le niveau de biais de ce genre d’étude. Le statut asthmatique est apprécié en fonction de critères prédéfinis. On peut donc imaginer que ces données sont d’une fiabilité relative.

Le problème est que l’analyse par régression logistique est basée sur des données discutables. Le résultat est intéressant mais à retenir avec réserve à mon sens.

De plus la politique vaccinale aux Etats Unis n’est pas la même qu’en Europe et il semble qu’il n’y ait pas de rappel de coqueluche pour tous les adolescents. Je ne connais pas ce calendrier vaccinal mais en fonction de l’âge auquel est reçue la dernière dose de coqueluche dans l’enfance, on peut se dire que la protection contre la coqueluche des enfants américains n’est pas optimale.

Cette étude semble donc montrer que les adolescents asthmatiques sont plus à risque de présenter une coqueluche que les enfants non asthmatiques. Cependant, le design de l’étude est à mon sens discutable. Mais vu que les cas de coqueluche ne sont pas exceptionnels, peut-être pourrait-on étendre leurs recommandations à tous les adultes jeunes avec la réalisation d’un rappel de tétanos-diphtérie-polio couplé avec un rappel de coqueluche systématique à l’adolescence ?

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