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Allergiques aux pollens, partez vivre à la campagne !
jeudi 5 juillet 2012, par Dr Céline Palussière
Le pollen d’ambroisie collecté le long de routes à fort trafic montre une allergénicité supérieure au pollen issu d’aires naturelles. : Ghiani A, Aina R, Asero R, Bellotto E, Citterio S.
Ragweed pollen collected along high-traffic roads shows a higher allergenicity than pollen sampled in vegetated areas.
dans Allergy 2012 ; DOI:10.1111/j.1398-9995.2012.02846.x.
– Contexte :
- La pollution pourrait affecter l’allergénicité du pollen et ainsi la prévalence des allergies.
- Même si peu d’études sont disponibles dans la littérature, le lien entre la pollution et le potentiel allergénique du pollen doit être défini clairement.
- L’objectif de cette étude était d’évaluer l’effet de la pollution liée au trafic automobile sur l’allergénicité du pollen d’ambroisie (Ambrosia artemisiifolia L.) à partir d’une expérience de terrain.
– Méthodes :
- Les grains de pollens matures ont été récoltés à partir de plants d’ambroisie ayant poussé le long d’axes automobiles et dans les aires naturelle de la plaine de la rivière Po.
- Le pourcentage de sous-particules de pollens libérant les grains (SPPG) a été évalué immédiatement après récolte par microscopie et analyse d’image.
– Résultats :
- Aucune différence statistique n’a été détectée dans le pourcentage de SPPG selon les échantillons de pollens.
- Spécifiquement, après hydratation, le pourcentage moyen était très bas (<4%) dans tous les échantillons, sans effet du site d’origine.
- Les pollens collectés le long de routes à fort trafic ont au contraire montré une allergénicité globale supérieure aux pollens issus de routes à faible trafic et d’aires naturelles. Ces derniers ont montré une réactivité similaire à celle du pollen commercial « Allergon », utilisé comme standard.
- Les plus forts niveaux d’allergénicité détectés étaient attribués à la fois aux différences qualitatives et quantitatives dans l’échantillon de pollen.
– Conclusion :
- Nos résultats montrent que les pollens récoltés à différents sites contiennent différents taux et nombres d’allergènes, et suggèrent que la pollution liée au trafic augmente l’allergénicité du pollen d’ambroisie, ce qui pourrait contribuer à la prévalence croissante de l’allergie à l’ambroisie dans la plaine Lombarde.
La pollution automobile et les pollens feraient mauvais ménage pour les allergiques... C’est ce que montre cette très intéressante étude italienne, allant contre l’envie spontanée des sujets allergiques aux pollens de fuir la nature pour se réfugier en ville.
Il ne faut pas écouter son bon sens, et mieux vaut un pollen écolo qu’un pollen pollué.
Il s’agit ici d’une étude de terrain cherchant à analyser l’impact de la pollution automobile sur l’allergénicité du pollen d’ambroisie.
La plupart des travaux dans se domaine ont été jusqu’à présent réalisés en laboratoire, et ont pu mettre en évidence des modifications de structure et de composition des pollens, ainsi qu’une action de la pollution sur la réaction individuelle du sujet allergique.
Ces travaux in situ prennent ici en compte l’effet synergique ou antagoniste des différents polluants, ainsi que celui de l’hydratation des pollens.
Les Italiens du Nord sont confrontés à une forte incidence de l’allergie à l’ambroisie, dont l’allergéncité est liée en partie à une libération de pollens en très grande quantité.
Les auteurs de l’étude ont sélectionné sept sites en bordure de route à fort trafic automobile, deux en bordure de petites routes, et trois sites naturels sans trafic automobile.
Des échantillons de pollens ont été prélevés, et une première analyse morphologique a été réalisée, pour déterminer le taux de pollens libérant des sous-particules.
Il n’y avait pas de différence significative entre les différentes zones étudiées pour ce critère.
L’allergénicité des différents échantillons de pollens a ensuite été évaluée grâce à un pool de sera de 12 sujets adultes allergiques à l’ambroisie.
Les auteurs ont trouvé des différences quantitatives et qualitatives entre les zones :
- dans les sites proche des routes à fort trafic, la réactivité pour Amb a 1 et Amb a 2 était plus forte, car ces allergènes étaient plus abondants
- ces échantillons exprimaient davantage les allergènes majeurs Amb a 6 et Amb a 10
- ils exprimaient également une globuline-like protéine.
L’allergologie moléculaire est ainsi plus à même d’apporter des résultats intéressants que les analyses morphologiques de pollens.
Cette étude confirme les résultats trouvés pour les pollens de bouleau et de graminées, qui font aussi preuve d’une allergénicité supérieure en présence de polluants atmosphériques.
Les auteurs rappellent que, dans les villes, la végétation a la capacité d’absorber certains polluants gazeux et de fixer certaines particules. La pollution décroit ainsi au fur et à mesure que l’on pénètre dans le parc urbain de Milan.
Conclusion : pour être moins gêné par les pollens, faut rester au vert, planter des arbres et rouler à vélo. Voilà !
Vos commentaires
# Le 11 juin 2017 à 13:58, par Damien En réponse à : Allergiques aux pollens, partez vivre à la campagne !
Bonjour,
Je viens de lire avec intérêt votre article, je vis à Paris et je suis allergiques aux pollens de graminées. Je supporte assez convenablement mon allergie dans Paris même. Je reviens de 24 heures dans le Perche, ça a été un calvaire continu à partir de 10 heures le matin et c’est devenu acceptable à partir de 18 heures, même avec prise d’antihistaminique.
Je souhaiterai allez vivre à la campagne, mais si c’est aussi invivable durant la période des pollens, ça me fait quand même hésiter.