On veut éviter les TPO... alors on en fait plein !

mardi 10 juillet 2012 par Dr Céline Palussière631 visites

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On veut éviter les TPO... alors on en fait plein !

On veut éviter les TPO... alors on en fait plein !

mardi 10 juillet 2012, par Dr Céline Palussière

Résultats des tests de provocation alimentaires chez les enfants en fonction de la dose allergénique réactogène et des IgE spécifiques. : Rolinck-Werninghaus C, Niggemann B, Grabenhenrich L, Wahn U, Beyer K.

Outcome of oral food challenges in children in relation to symptom-eliciting allergen dose and allergen-specific IgE.

dans Allergy 2012 ; DOI : 10.1111/j.1398-9995.2012.02838.x.

 Contexte :

  • Les protocoles de test de provocation par voie orale (TPO) sont discutés en ce qui concerne les doses de départ, les augmentations de doses, la sécurité et la prévisibilité des résultats.
  • Le but de cette étude était d’évaluer la relation entre les doses allergéniques réactogènes, les niveaux d’IgE spécifiques et les facteurs prédictifs des résultats des TPO chez les enfants.

 Méthodes :

  • Des TPO ont été menés chez 869 enfants (âge moyen 1,2 ans) avec le lait de vache (n=633), l’œuf de poule (n=265), le blé (n=265) et/ou le soja (n=314), en partant de 3 à 5mg de protéines.
  • Chacune des sept doses était administrée toutes les 30 minutes en utilisant des augmentations suivant une courbe semi-log.
  • La sévérité des symptômes était cotée de I à IV.
  • Les taux d’IgE étaient mesurés avant les tests.

 Résultats :

  • Parmi les enfants allergiques à l’œuf ou au lait, 9% et 10% respectivement, ont présenté une réaction dès la dose de départ.
  • Parmi eux, 14% (œuf) et 4% (lait) ont présenté une réaction de grade IV.
  • Peu d’enfants ont au contraire réagi dès les premières doses de blé ou de soja, et la plupart des réactions sont survenues aux doses maximales.
  • Pour tous les allergènes, aucune réaction de grade V n’est survenue.
  • Des réactions de grade IV ont toutefois été observée pour toutes les doses déclenchantes.
  • Un niveau d’IgE spécifiques élevé, un jeune âge et des antécédents de dermatite atopique étaient associés à un risque de résultat positifs lors des TPO au lait ou à l’œuf.
  • Les taux d’IgE étaient également associés à une dose allergénique déclenchante plus faible et des symptômes plus sévères.

 Conclusion :

  • Les TPO entraînent un risque de réaction sévère à toutes les doses.
  • Les doses de 3-5mg ont induit des symptômes chez plus de 10% des enfants allergiques au lait ou à l’œuf.
  • Les taux d’IgE spécifiques ont toutefois un intérêt clinique limité pour l’estimation des réactions lors des TPO.

La dangerosité potentielle des TPO alimentaires chez les enfants ainsi que leurs contraintes techniques font une nouvelle fois rechercher le moyen de les éviter. Et c’est une nouvelle fois vers les seuils d’IgE spécifiques que les auteurs ont tourné leurs recherches.

Va-t-on enfin connaître les taux d’IgE au-delà desquels les TPO sont très probablement positifs ?

Près de 1500 TPO ont été effectués chez près de 900 jeunes enfants chez qui était suspectée une allergie alimentaire au lait de vache, à l’œuf, au blé ou au soja.

Les tests étaient effectués sans limite quant à la clinique rapportée par les familles, les résultats des tests cutanés ou sanguins. Les IgE spécifiques étaient mesurées avant le TPO.

Et bien... surprise : il y a eu de nombreuses réintroductions positives, dont certaines avec des réactions sévères, engageant le pronostic vital de l’enfant. Ouf personne n’est mort.

Surprise n°2, les taux d’IgE spécifiques pour l’aliment incriminé n’étaient pas statistiquement fiables pour prédire les réactions allergiques lors des réintroductions.
Les taux sériques hauts étaient plus liés à des réactions sévères, mais il reste impossible de déterminer des seuils.

Cette étude laisse donc rêveur...

D’une part de nombreux articles ont déjà conclu sur l’impossibilité de déterminer des seuils d’IgE permettant d’éviter les TPO alimentaires. On retombe encore une fois sur les mêmes conclusions.

D’autre part, réaliser autant de TPO à des enfants très probablement allergiques semble relativement douteux sur le plan éthique.
Surtout lorsque ces recherches ont déjà été effectuées maintes fois !

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