Des antibiotiques pour traiter les asthmes difficiles ?

lundi 15 octobre 2012 par Dr Cécilia Nocent994 visites

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Des antibiotiques pour traiter les asthmes difficiles ?

Des antibiotiques pour traiter les asthmes difficiles ?

lundi 15 octobre 2012, par Dr Cécilia Nocent

L’association infection respiratoire à Haemophilus Influenzae et pathologie respiratoire allergique conduit-elle à l’infection chronique et aux caractéristiques de l’asthme neutrophilique ? : Ama-Tawiah Essilfie1, Jodie L Simpson1,2, Margaret L Dunkley3, Lucy C Morgan4, Brian G Oliver5, Peter G Gibson1,2, Paul S Foster1, Philip M Hansbro1
 Author Affiliations

1Centre for Asthma and Respiratory Disease and Hunter Medical Research Institute, University of Newcastle, Newcastle, Australia
2Department of Respiratory and Sleep Medicine, John Hunter Hospital, New Lambton, New South Wales, Australia
3Hunter Immunology Ltd, Newcastle, New South Wales, Australia
4Department of Thoracic Medicine, Concord Repatriation General Hospital, Concord, New South Wales, Australia
5Sydney Medical School and Woolcock Institute of Medical Research, University of Sydney, Sydney, Australia

dans Thorax 2012 ;67:588-599 doi:10.1136/thoraxjnl-2011-200160

 Contexte :

  • 20 à 30% des patients asthmatiques ont une inflammation neutrophile dans les voies aériennes et une diminution de la réponse à la corticothérapie.
  • Ils ont souvent une colonisation bactérienne chronique des voies aériennes (VA) et Haemophilus Influenzae (HI) est une des bactéries les plus fréquemment isolées.
  • La relation entre la colonisation chronique des voies aériennes et le développement d’un asthme corticorésistant neutrophilique n’est pas claire.

 Objectifs :

  • Evaluer la relation entre infection respiratoire à HI et asthme neutrophilique en utilisant un modèle murin d’infection et de pathologie allergique des VA induite par l’ovalbumine (OVA).

 Méthodes :

  • Des souris BALB/c ont été infectées par voie intra-trachéale par HI à J-10, sensibilisées par voie intra-péritonéale à J0 et testées par voie nasale entre les J12 et J15 à l’OVA.
  • Les groupes traités recevaient de la dexamethasone par voie intra-nasale pendant le test à l’OVA.
  • L’infection, la pathologie allergique des VA, la sensibilité aux corticostéroïdes et la réponse immunitaire étaient évaluées à J11, J16 et J21.

 Résultats :

  • La combinaison entre infection à HI et pathologie allergique des VA se traduit par une infection pulmonaire chronique détectée à J11, J16 et J21 (soit 21, 26, 31 jours après l’infection).
  • Une pathologie allergique neutrophilique des VA et le développement des cellules T helper 17 sont induits sans nécessiter d’infection active.
  • Il est important de constater que toutes les pathologies allergiques neutrophiliques des VA avaient pour caractéristique la corticorésistance.
  • L’expression des récepteurs Toll-like 4 et l’activation des phagocytes étaient réduites mais plus significativement l’arrivée ou le développement des neutrophiles « phagocyteurs » et des macrophages dans les VA étaient inhibés.

 Conclusions :

  • La combinaison d’une infection et d’une pathologie allergique des VA induit une persistance bactérienne, conduisant à développer un phénotype proche d’un asthme neutrophilique cortico-résistant et pouvant résulter d’une dysfonction des cellules immunitaires innées.
  • Cela indique que le traitement des infections bactériennes chez les asthmatiques cortico-résistants pourrait être une voie thérapeutique.

Il s’agit d’une étude expérimentale conduite sur des souris par une équipe australienne et publiée dans Thorax.

Les auteurs se sont intéressés à la relation possible entre asthme neutrophilique cortico-résistant et l’infection chronique des VA, en particulier à HI.

Ils ont infecté des souris à HI par voie trachéale, les ont rendues allergiques par ovalbumine et les ont testées au décours. Ils ont évalué en particulier la cortico-résistance.

Les auteurs retrouvent une infection chronique des VA de leurs souris, une cortico-résistance et une modification des cellules inflammatoires des les VA.

Ils concluent donc que l’infection des VA par HI dans un contexte de pathologie allergique des VA induit un asthme plutôt cortico-résistant et se demandent s’il n’y aurait pas un intérêt à traiter ces patients par anti-infectieux.

Cette hypothèse est récurrente dans la littérature. Effectivement, il a été proposé de faire des traitements par macrolides chez les asthmatiques avec même parfois la proposition d’un traitement au long cours à petite dose à visée anti-inflammatoire (comme cela se fait dans la mucoviscidose ou dans les dilatations de bronches).

Cependant il s’agit d’une étude chez la souris et il semble important d’attendre des études chez l’homme pour voir si ces données se confirment.

La véritable question est de savoir s’il faut rechercher en pratique courante chez nos asthmatiques un peu difficile à équilibrer quel type d’inflammation existe dans leurs crachats (neutrophilique, éosinophilique ?) ? Faut-il réaliser des expectorations induites chez ces patients ? Si oui, qui est capable (hors laboratoires de recherche) de nous donner une réponse fiable ? Enfin, faut-il donner des antibiotiques chez tous les asthmatiques ayant une inflammation neutrophilique ?

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