Augmentation de l’eczéma vésiculaire des mains après test de provocation par inhalation d’acariens domestiques : étude croisée en double-aveugle contre placebo. : Schuttelaar ML, Coenraads PJ, Huizinga J, De Monchy JG, Vermeulen KM.
Department of Dermatology, University Medical Center Groningen, University of Groningen, 9700 RB Groningen, The Netherlands Department of Allergology, University Medical Center Groningen, University of Groningen, 9700 RB Groningen, The Netherlands Department of Epidemiology, University Medical Center Groningen, University of Groningen, 9700 RB Groningen, The Netherlands.
dans Contact Dermatitis. 2012 Oct 10. doi : 10.1111/j.1600-0536.2012.02172.x.
– Contexte :
- Il est difficile de savoir si les voies respiratoires sont impliquées dans le déclenchement ou l’aggravation des lésions eczémateuses chez les patients ayant un eczéma vésiculaire des mains.
– Objectifs :
- Étudier l’effet de l’inhalation des acariens domestiques sur l’eczéma vésiculaire des mains.
– Méthodes :
- Dix-huit patients atteints d’eczéma vésiculaire des mains et d’allergie aux acariens domestiques ont subi un test de provocation par inhalation avec quatre concentrations d’acariens domestiques dans une étude croisée, randomisée, en double aveugle, contre placebo.
- Les réactions asthmatiques précoces et tardives ont été définies comme une chute de 15% ou plus du VEMS par rapport au placebo.
- L’eczéma des mains a été évalué selon un index de sévérité, « Eczema Dyshidrotique Aera and Severity Index » (DASI) au départ, à 1 heure, 6 heures, 24 heures et 48 heures plus tard.
– Résultats :
- Le DASI médian a augmenté de façon significative par rapport aux valeurs initiales à 6 et 48 h après l’inhalation d’acariens domestiques.
- Cette augmentation était significativement différente entre les provocations à 6 heures.
- Le score médian vésiculaire était augmenté de façon significative par rapport au départ, à 24 et à 48 heures.
- Les patients avec une augmentation corrigée par rapport au placebo du nombre de vésicules à 24 h et 48 h avaient significativement plus souvent des réactions asthmatiques tardives que ceux chez qui il n’était pas constaté d’augmentation du nombre de vésicules.
- Les patients ayant une augmentation corrigée par rapport au placebo du score du DASI à 24 heures avaient une moyenne plus élevée des IgE totales sériques que ceux qui n’ont pas une augmentation du score DASI.
– Conclusion :
- L’eczéma des mains augmente significativement plus après la provocation aux acariens domestiques qu’après la provocation par placebo.
- Une augmentation du nombre de vésicules était précédée par des réactions asthmatiques tardives.
- Les patients du groupe avec une augmentation de l’eczéma des mains ont tendance à avoir un plus haut niveau moyen des IgE totales sériques.
Il apparaît aisé de voir une certaine unité clinique de l’eczéma dysidrosique des mains encore appelé eczéma vésiculaire. Par contre, il semble plus difficile d’y voir qu’une seule étiologie ou qu’un seul mécanisme physiopathologique.
Toutefois, sur le plan clinique, LACHAPELLE fait quelques différences, rappelant qu’en France il est question d’eczéma dyshidrosique.
La dyshidrose simple n’est pas accompagnée de réaction locale inflammatoire.
Lorsque celle-ci est le siège d’un fond érythémateux ou érythémato-squameux on parle d’eczéma dyshidrosique.
Le prurit est féroce, les récidives parfois subintrantes sont la règle.
Dans d’autres cas, les vésicules deviennent importantes et confluentes pour réaliser la dysidrose bulleuse qui peut aussi devenir hémorragique et donner alors la dysidrose hémorragique.
La dysidrose et l’eczéma dysidrosique sont favorisés par l’atopie, l’hyperhidrose, l’allergie de contact, certaines allergies alimentaires, les intertrigos inter-orteils fongiques et le tabac.
Pour l’atopie les études restent très controversées, pour certaines, l’atopie joue un rôle pour d’autres, elles indiquent l’inverse.
Ici, l’intérêt de cette étude néerlandaise est de vérifier si une manifestation d’atopie peut être impliquée.
Ainsi, 18 patients présentant à la fois une allergie aux acariens domestiques avérée et un eczéma vésiculaire des mains ont été sélectionnés.
Ils ont subi en double aveugle contre placebo un test de provocation par inhalation à quatre concentrations d’acariens domestiques.
Je ne reviendrai pas en détails sur les résultats qui montrent clairement que le test de provocation avec les acariens, outre provoquer de l’asthme, entraîne une réactivation de l’eczéma vésiculaire des mains de façon significative comparativement au test placebo.
Cette étude semble donc apporter une pierre à l’édification de l’étiologie atopique dans la dysidrose.
Pour les infections fongiques, plusieurs études sont congruentes pour dire qu’il s’agit d’une étiologie possible et relativement fréquente.
D’autres travaux concernant l’hyperhidrose montrent que ce facteur peut être impliqué.
L’allergie de contact est considérée comme un facteur étiologique crédible, principalement nickel, chrome, cobalt ; par contre, des études récentes ne semblent pas donner un grand rôle au nickel ingéré.
Le tabac est souvent rapporté comme facteur aggravant, malheureusement, il n’existe pas ou trop peu d’études contrôlées permettant véritablement de l’incriminer dans cette pathologie cutanée chronique.
En conclusion, nous pouvons donc dégager une approche diagnostique positive.
Dans un premier temps, examen clinique à la recherche d’une hyperhidrose, d’une greffe fongique ou de toute autre surinfection.
Dans un second temps, systématique, pratiquer les tests cutanés de l’allergie IgE dépendante concernant l’ensemble des aéroallergènes classiques voir les trophallergènes en cas de suspicion d’implication alimentaire dans un contexte d’atopie.
Troisième temps, tests épicutanés avec la batterie standard européenne et de toutes autres batteries spécifiques ou produits personnels ou professionnels.
Il serait intéressant de mettre les patients de cette étude sous immunothérapie allergénique afin de juger d’une amélioration ou non de l’eczéma.