Le vent tourne pour la vitamine D !

mercredi 30 janvier 2013 par Dr Céline Palussière1226 visites

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Le vent tourne pour la vitamine D !

Le vent tourne pour la vitamine D !

mercredi 30 janvier 2013, par Dr Céline Palussière

Le taux de vitamine D chez la mère et le nouveau né et son impact sur la survenue d’une allergie alimentaire dans l’étude de cohorte allemande LINA. : Weisse K, Winkler S, Hirche F, Herberth G, Hinz D, Bauer M, Röder S, Rolle-Kampczyk U, vonBergen M, Olek S, Sack U, Richter T, Diez U, Borte M, Stangl GI, Lehmann I.

Maternal and newborn vitamin D status and its impact on food allergy development in the German LINA cohort study.

dans Allergy 2013 ; 68 : 220–228.

 Contexte :

  • On sait qu’il existe des liens entre les niveaux de vitamine D et le développement de la pathologie atopique ; les données existantes demeurent toutefois controversées.
  • L’objectif de cette étude était d’analyser si les taux respectifs de vitamine D chez la mère et dans le sang de cordon étaient associés à la survenue de pathologies atopiques dans la petite enfance.

 Méthodes :

  • Dans l’étude de cohorte LINA (mode de vie et facteurs environnementaux, et leur influence sur les risques d’allergie du nouveau né), la vitamine D (25(OH)D3) était mesurée dans des échantillons sanguins de 378 couples mère-enfant au cours de la grossesse et à la naissance.
  • Les informations au sujet des manifestations de type atopique au cours des deux premières années de vie étaient obtenues par des questionnaires remplis par les parents, pendant la grossesse puis une fois par an.
  • Les cellules T régulatrices (Treg) dans le sang de cordon étaient détectées par technique de PCR méthylation spécifique, grâce une région déméthylée spécifique des Treg dans le gène FOXP3.

 Résultats :

  • Les taux maternels moyens de 25(OH)D3 étaient de 22.19 ng/ml (IQR 14.40–31.19 ng/ml) ; les taux moyens dans le sang de cordon étaient de 10.95 ng/ml (6.99–17.39 ng/ml).
  • Une forte corrélation était observée entre le taux maternel et le taux cordal de 25(OH)D3, tous deux montrant une distribution saisonnière.
  • Les taux de 25(OH)D3 maternelle et cordale étaient associés positivement avec le risque d’allergie alimentaire de l’enfant au cours des deux premières années de vie.
  • De plus, les taux supérieurs de 25(OH)D3 chez la mère entrainaient un plus fort risque de sensibilisation vis à vis des allergènes alimentaires à l’âge de deux ans.
  • Les taux de 25(OH)D3 dans le sang de cordon étaient inversement associés aux taux de cellules T régulatrices.

 Conclusion :

  • Notre étude démontre que les forts taux de vitamine D au cours de la grossesse et à la naissance pourraient contribuer à un risque supérieur d’allergie alimentaire, et elle constitue ainsi un argument contre la supplémentation en vitamine D pour protéger contre l’allergie.

La vitamine D est à la mode, on lui allègue de nombreuses vertus, de la lutte contre le cancer à l’anti-vieillissement... Alors pourquoi pas contre les allergies ? Si si, un seul remède contre tout ! Malheureusement cette étude vient refroidir notre enthousiasme, il va nous falloir se montrer plus réservé...

Les taux de vitamine D ont été mesurés dans le sang de la future maman et dans le sang de cordon du nouveau né, chez 378 couples mère-enfant. Les auteurs ont aussi mesuré les taux de cellules Treg dans le sang cordal.

Les résultats ont ensuite été mis en corrélation avec ceux de questionnaires remplis par les parents, portant sur la survenue des pathologies de type atopique au cours des deux premières années de vie.

Les résultats de cette étude vont à l’encontre des données antérieures : la vitamine D n’aurait pas d’effet protecteur contre la survenue d’allergie alimentaire. Au contraire, les taux élevés seraient même associés à une sensibilisation aux allergènes alimentaires plus fréquente.

Le mécanisme évoqué par les auteurs serait une diminution des taux de Treg, ces lymphocytes désormais bien connus pour favoriser la tolérance, par la régulation des mécanismes de sensibilisation. Pourquoi ceux-ci diminuent en présence de forts taux de vitaline D... ceci n’est pas explicité.

Jusqu’à présent, les études portant sur la vitamine D dans le domaine de l’allergie étaient plutôt en faveur d’une supplémentation, ayant montré un effet bénéfique sur les symptômes de l’allergie.

Cette divergence des résultats porte peut-être sur l’abord précisément préventif de cette étude. La vitamine D pourrait améliorer les symptômes d’une allergie déjà présente, mais s’avérer plutôt délétère en termes de prévention.

Les recommandations françaises actuelles pour le suivi des grossesses préconisent une administration de 80 000 à 100 000 IU de vitamine D au 7ème mois de grossesse. Il s’agit alors de la prévention de l’hypocalcémie néonatale et de l’ostéomalacie. Le risque pour ces pathologies graves augmente lorsque les fins de grossesse tombent en hiver, en raison du faible ensoleillement, et lorsque les taux maternels de vitamine D sont préalablement bas.

Peut-être pourrait-il être utile de mesurer les taux de vitamine D maternels avant de supplémenter systématiquement toutes les futures mamans, notamment lorsqu’il existe des antécédents d’allergie ? Pas facile...

Sinon, a priori sans risque pour les risques d’allergie, on envoie toutes les futures maman au soleil pour leur fin de grossesse.

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