Sauve ta peau, pèle ta pèche !

mardi 26 mars 2013 par Dr Céline Palussière3071 visites

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Sauve ta peau, pèle ta pèche !

Sauve ta peau, pèle ta pèche !

mardi 26 mars 2013, par Dr Céline Palussière

Allergie à la pèche chez les enfants espagnols : tolérance à la pulpe et profil de sensibilisation moléculaire. : Boyano-Martínez T, Pedrosa M, Belver T, Quirce S, García-Ara C.

Peach allergy in spanish children : tolerance to the pulp and molecular sensitization profile.

dans Pediatr Allergy Immunol 2013 : 24 : 168–172.

 Contexte :

  • L’allergie à la pèche est la principale cause d’allergie aux aliments végétaux dans les pays méditerranéens.
  • Pru p 3 est l’allergène majeur, et il est retrouvé principalement dans la peau du fruit.

 Objectifs :

  • Nous avons voulu calculer la fréquence de la tolérance à la pulpe de pèche chez des enfants espagnols souffrant de réactions allergiques après avoir ingéré ou avoir été en contact avec la pèche.
  • Nous avons aussi analysé les profils de sensibilisation aux allergènes de la pèche.

 Méthode :

  • Cinquante-sept enfants (32 garçons, âge médian 7,4 ans) ont été inclus dans l’étude.
  • Un questionnaire systématique sur les réactions allergiques à la pèche leur était remis.
  • Les prick-tests avec la peau et la pulpe de la pèche ont été réalisés, ainsi qu’avec la protéine de transfert des lipides (LTP) et la profiline.
  • Les taux d’IgE spécifiques étaient déterminés par ImmunoCAP pour la pèche, rPru p 1, rPru p 3 et rPru p 4.
  • Des tests de provocation par voie orale (TPO) avec la pulpe de pèche ont été menés chez tous les enfants sauf un.

 Résultats :

  • Quatre-vingt-huit pour cent des enfants avaient des prick-tests positifs pour la peau de la pèche, 35% pour la pulpe de pèche, 88% pour la LTP de la pèche, et 9% pour la profiline.
  • Les IgE spécifiques pour la pèche étaient mises en évidence chez 100% des patients ; les IgE pour rPru p 3 chez 96% ; pour rPru p 1 chez 11%, et pour rPru p 4 chez 10%.
  • Le test de provocation oral était négatif pour 52 (93%) enfants.

 Conclusions :

  • Plus de 90% de la population testée dans cette étude a toléré la pèche pelée.
  • Pru p 3 était l’allergène majeur.
  • Pru p 1 et Pru p 4 ont montré une faible prévalence.

Le but de cette étude était assez simple et concret : il s’agissait de déterminer si les sujets allergiques à la pèche pouvaient se permettre de consommer le fruit pelé.
Les tests cutanés classiques associés aux données de l’allergologie moléculaire permettent de donner une réponse assez claire... dans cette population particulière, des enfants espagnols.

Il faut en effet garder cette origine géographique en tête en interprétant les résultats donnés, en raison de son influence sur le profil de sensibilisation des sujets, que l’on résume parfois sous le terme de « profil LTP » propre aux allergiques des pays de la zone méditerranéenne.

Parmi les 57 enfants ayant présenté des réactions cliniques avec la pèche lors de la consommation ou lors d’un contact cutané, une grande majorité (88%) avaient des prick-tests positifs avec la peau de pèche, seuls 35% réagissaient avec la pulpe.

Au niveau moléculaire, c’est bien la LTP, rPru p 3 qui était en cause dans l’allergie, avec des résultats positifs en tests cutanés comme en recherche d’IgE spécifiques. La profiline rPru p 4 et la PR-10 rPru p 1 réagissaient chez environ 10% des enfants.

La méthodologie a été complète puisque l’étude est allée jusqu’au TPO avec la pulpe de pèche : celui-ci était négatif dans 93% des cas. Ces enfants espagnols allergiques à la LTP de la pèche pouvaient donc consommer le fruit pelé.

Plusieurs études ont déjà montré la plus forte concentration de la LTP dans la peau des fruits par rapport à la pulpe. Il y aurait ainsi près de 30 fois plus de LTP dans la peau de la pomme Golden que dans la pulpe. Dans la pèche, ces protéines seraient particulièrement concentrées dans le duvet recouvrant le fruit. Ces différences de concentration ne se retrouveraient pas dans la prune et l’abricot.

Les LTP sont des allergènes responsables de réactions cliniques potentiellement sévères. Les résultats de cette étude semblent assez nets, mais j’avoue que je serais un peu stressée d’autoriser mes patients allergiques à consommer les fruits pelés, même après un prick-test négatif pour la pulpe. L’étape du TPO me semblerait difficile à sauter. Et la trousse d’urgence devrait toujours être disponible !

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