Grand gros gras bébé, toussera-t-il, ou pas ?

mercredi 10 avril 2013 par Dr Céline Palussière706 visites

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Grand gros gras bébé, toussera-t-il, ou pas ?

Grand gros gras bébé, toussera-t-il, ou pas ?

mercredi 10 avril 2013, par Dr Céline Palussière

Association de la croissance post-natale avec l’asthme et l’atopie : l’étude PROBIT : Anderson EL, Fraser A, Martin RM, Kramer MS, Oken E, Patel R, Tilling K.

Associations of postnatal growth with asthma and atopy : the PROBIT Study.

dans Pediatr Allergy Immunol 2013 : 24 : 122–130.

 Contexte :

  • L’hypothèse d’un lien variable entre le poids de naissance et la croissance staturale avec les sifflements, l’asthme et l’atopie a été émise, mais les arguments en demeurent limités et contradictoires.

 Méthodes :

  • Les poids et taille de 12 171 nourrissons nés à terme ont été collectés de la naissance à leurs douze mois, ainsi qu’à l’âge de 6 ans ½ , à partir des données recueillies de façon prospective dans une polyclinique entre 12 et 60 mois.
  • Les phénotypes atopiques étaient établis à l’âge de 6 ans ½ grâce au questionnaire de l’Étude sur l’asthme et l’allergie dans l’enfance (ISAAC) et grâce à des tests cutanés.
  • Des modèles de régression logistique ont étudié si les taux de croissance staturale et pondérale des premiers mois à l’enfance étaient associés avec les phénotypes d’atopie étant déjà déclarés ou apparus lors des 12 derniers mois.

 Résultats :

  • Après contrôle des facteurs de confusion et avant la croissance staturo-pondérale, toutes les variables de prise de poids, à l’exception du poids de naissance, étaient associés positivement aux antécédents de sifflements (p<0,1).
  • Une augmentation d’une déviation standard dans les taux de croissance pondérale entre 0 et 3 mois était associée avec une augmentation de 12% (2-23%) des antécédents de rhinite allergique.
  • Aucun autre modèle d’association valable n’était établi entre les taux de croissance staturale ou pondérale et la survenue d’événements de type atopique à l’âge de 6 ans ½.
  • Au contraire, tous les événements de type atopique, à l’exception des antécédents d’asthme, étaient associés avec le poids et la taille actuels, même après avoir ajusté avec la croissance antérieure.

 Conclusion :

  • Le développement des phénotypes atopiques chez l’enfant est plus fortement associé à la taille et au poids actuels qu’avec des modèles de croissance staturo-pondérale du nourrisson et de l’enfant.
  • Ceux-ci pourraient bien être le reflet d’une causalité inverse (l’atopie joue sur la croissance) ou d’une confusion résiduelle secondaire à un lien non connu entre la croissance et l’atopie.

Qu’est-ce qui va faire qu’un enfant va devenir asthmatique ou présenter des pathologies de type atopique ?

De très nombreux travaux se sont penchés sur la question, et cet article analyse le lien potentiel entre la croissance staturo-pondérale des premiers mois et années de vie avec le développement d’un phénotype atopique.

L’influence du poids est bien établie depuis une dizaine d’années environ, par plusieurs études dont les résultats convergent. Le surpoids constitue un facteur de risque d’asthme. Les adipocytes pourraient jouer un rôle dans ce lien statistique, avec la production de médiateurs de l’inflammation, type IL6 et TNF-alpha.

Cette étude se penche maintenant sur le gain de taille et de poids. Les données biométriques de plus de 12 000 enfants ont été recueillies au cours de la première année de vie, et le phénotype atopique a été établi à l’âge de 6 ans ½.

L’aspect déclaratif des symptômes présentés par l’enfant, recueillis par questionnaire auprès des parents est subjectif, mais les tests cutanés réalisés permettent d’étayer la définition du phénotype.

Les nourrissons présentant un gain de poids rapide et important, au dessus d’une déviation standard, avaient statistiquement plus de manifestations de type atopique. A l’âge de 6 ans ½, seuls la taille et le poids actuels étaient associés au phénotype atopique, le type de leur croissance n’avait pas d’influence.

Le lien entre atopie et poids est donc confirmé par cette étude, qui montre aussi que la façon dont grandit et grossit l’enfant n’a pas d’influence au final.

Cette étude descriptive n’apporte donc pas vraiment de nouvelle piste pour comprendre l’apparition des manifestations d’atopie. Les explications physiopathologiques ne sont pas abordées.

Donc : un gros bébé ou enfant a plus de risque de développer des pathologies atopiques, qu’il grandisse et grossisse rapidement ou non. Pas drôle.

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