L’asthme à début tardif est un drôle de phénotype qui s’enflamme vite.

jeudi 17 octobre 2013 par Dr Philippe Carré2794 visites

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L’asthme à début tardif est un drôle de phénotype qui s’enflamme vite.

L’asthme à début tardif est un drôle de phénotype qui s’enflamme vite.

jeudi 17 octobre 2013, par Dr Philippe Carré

Asthme sévère débutant à l’âge adulte : un phénotype distinct.:Marijke Amelink, Jantina C. de Groot, Selma B. de Nijs, Rene Lutter, Aeilko H. Zwinderman, Peter J. Sterk, Anneke ten Brinke, Elisabeth H. Bel

dans The Journal of Allergy and Clinical Immunology - August 2013 (Vol. 132, Issue 2, Pages 336-341, DOI : 10.1016/j.jaci.2013.04.052)

 Contexte :

  • Certains patients ayant un asthme qui a débuté à l’âge adulte ont une maladie sévère, alors que d’autres ont une maladie transitoire d’évolution modérée
  • On ne sait pas si les patients ayant un asthme sévère débuté à l’âge adulte représentent un phénotype clinique distinct.

 Objectif :

  • Rechercher chez les patients ayant un asthme qui a débuté à l’âge adulte si la sévérité de la maladie est associée à des caractéristiques phénotypiques particulières.

 Méthodes :

  • 170 patients avec un asthme débuté à l’âge adulte ont été recrutés à partir de centres cliniques externes (1 centre académique spécialisé et 3 non académiques)
  • L’asthme réfractaire sévère était défini selon des critères internationaux (« Innovative Medicines Initiative »), et l’asthme persistant léger à modéré selon les critères GINA
  • Les patients étaient caractérisés en fonction de paramètres cliniques, fonctionnels et inflammatoires
     Des tests t non appariés et des tests χ2 ont été utilisés pour comparer les groupes ; des tests de régression logistique univariée et multivariée ont été utilisés pour pour déterminer les facteurs associés à la sévérité de la maladie.

 Résultats :

  • En dehors de scores de symptômes élevés, d’une mauvaise qualité de vie, de la nécessité de traitements à forte doses, d’une fonction respiratoire basse et d’un taux d’exacerbations élevé auxquels on pouvait s’attendre, les patients avec un asthme sévère tardif étaient plus souvent non atopiques (52% vs 34%, p=0.02), et ils avaient plus de symptômes et de polypes nasaux (54% vs 37%, p<0.001), des taux plus élevés de NO exhalé (38 vs 27 ppb,p<0.02), des comptes de neutrophiles sériques plus grands (5.3 vs 4 109/L, p<0.001), et une éosinophilie des expectorations plus élevée (11.8% vs 0.8%, p<0.001)
  • L’analyse en régression logistique multiple montrait que l’augmentation des neutrophiles sériques (OR 10.9 ; p=0.002) et le compte des éosinophiles des expectorations (OR 1.5 ; p=0.005) étaient associés de façon indépendante avec la maladie sévère à début tardif à l’âge adulte.

 Conclusions :

  • La majorité des patients avec un asthme sévère à début tardif sont non atopiques et ont une inflammation persistante à éosinophiles des voies aériennes
  • Ceci suggère que l’asthme sévère débutant à l’âge adulte a un mécanisme sous-jacent différent de la maladie asthmatique plus légère.

Les phénotypes sont devenus très à la mode en pneumologie, et cette maladie hétérogène qu’est l’asthme n’y échappe pas. En particulier l’âge de début et la sévérité de la maladie sont des caractéristiques importantes dans la définition de ces phénotypes.

Les auteurs ont cherché si la sévérité des asthmes à début tardif à l’âge adulte, était associée à des phénotypes particuliers sur le plan clinique, fonctionnel et inflammatoire, à partir de paramètres provenant d’un groupe de 170 asthmatiques sévères recrutés dans des cliniques externes d’asthmologie aux Pays-Bas.

Les résultats montrent que les patients avec un asthme sévère à début tardif, par rapport aux sujets ayant un asthme léger à modéré :

  • ont des scores de symptômes élevés, une mauvaise qualité de vie, des traitements plus lourds, une fonction respiratoire plus basse et un taux d’exacerbation plus élevé *sont plus souvent non atopiques
  • ont plus de symptômes et de polypes nasaux
  • ont des taux plus élevés de NO exhalé
  • ont des taux de neutrophiles sériques et d’éosinophiles dans les expectorations plus élevés, et ce de façon indépendante.

Ces résultats montrent que ce sous-type d’asthme est associé à une inflammation active non atopique des voies aériennes, qui s’étend du nez et des sinus jusqu’aux voies aériennes périphériques, ce qui suggère un mécanisme physiopathologique différent qui pourrait nécessiter une approche thérapeutique également différente.

Des études prospectives de suivi des patients asthmatiques sont nécessaires, afin de connaître les mécanismes sous-jacents de l’asthme sévère à début tardif, et trouver des facteurs prédictifs de la maladie afin de prévenir éventuellement le développement de l’asthme sévère à l’âge adulte.