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La dermatite atopique, maladie plurifactorielle !
vendredi 13 décembre 2013, par
– Contexte :
- L’hyperprolifération épidermique dans le cadre de l’acanthose est une observation clinique importante chez les patients atteints de dermatite atopique, ses mécanismes sous-jacents ne sont pas complètement compris.
– Objectif :
- Étant donné que des niveaux accrus d’histamine sont présents dans la peau lésionnelle, nous avons étudié l’effet de l’histamine, en particulier pour ce qui concerne l’activation du récepteur d’histamine 4 (H4), sur la prolifération des kératinocytes humains et murins.
– Méthodes :
- L’expression de H4 sur des kératinocytes humains et murins a été détectée en utilisant la réaction en chaîne par polymérase en temps réel (PCR en temps réel).
- La prolifération des kératinocytes a été évaluée à l’aide de différents tests in vitro concernant la prolifération cellulaire, scratch test et mesure de l’épaisseur de l’épiderme de la peau murine.
– Résultats :
- Nous avons détecté l’ARNm de H4 sur les kératinocytes des prépuces et les kératinocytes de la racine du fourreau ; l’ARNm de H4 était plus abondant dans les kératinocytes de patients atteints de dermatite atopique par rapport à ceux des donneurs non atopiques.
- La stimulation par l’histamine et par un agoniste de H4 des kératinocytes de prépuce, des kératinocytes de la racine du fourreau et des cellules HaCaT transfectées avec H4 a entraîné une augmentation de la prolifération mais qui a été bloquée par l’antagoniste spécifique d’H4 JNJ7777120.
- L’épiderme de l’abdomen des souris déficientes en H4 était significativement plus mince et la prolifération in vitro des kératinocytes de ces mêmes souris déficientes en H4R était plus faible par rapport à celle observée chez les souris témoins.
- Fait intéressant, nous détectons seulement l’expression de H4 sur des kératinocytes murins qu’après stimulation avec LPS et peptidoglycane.
– Conclusion :
- Le récepteur H4 est fortement exprimé sur les kératinocytes de patients atteints de dermatite atopique et sa stimulation induit leur prolifération.
- Ce constat pourrait représenter un mécanisme contribuant à l’hyperplasie de l’épiderme observée chez les patients atteints de dermatite atopique.
L’épaississement de l’épiderme ou acanthose est une caractéristique des lésions cutanées réalisées dans le cadre de la dermatite atopique. Cette hyperprolifération épidermique due, entre autres, à la prolifération des kératinocytes, reste encore assez mystérieuse quant aux mécanismes physiopathologiques responsables.
Les auteurs allemands de cette étude ont cherché à connaître le rôle de l’histamine sur la prolifération des kératinocytes.
L’histamine, amine naturelle, est une molécule de signalisation du système immunitaire, de la peau, de l’estomac et du cerveau.
Il existe quatre types de récepteurs à l’histamine ce qui explique le large éventail de ses actions.
Le plus connu des allergologues c’est le récepteur H1 présent sur les muscles lisses, l’endothélium et le système nerveux central.
Ensuite, il s’agit du H2 présent dans la paroi gastrique (régularisation des sécrétions acides de l’estomac).
Le troisième est moins connu, H3, ou autorécepteur présynaptique des neurones centraux (inhibition de l’histamine, acétylcholine, noradrénaline, sérotonine).
Et enfin, le dernier, H4, retrouvé au niveau des cellules hématopoïétiques périphériques et de la moelle osseuse, a un rôle de chimiotaxie des éosinophiles et des mastocytes et de libération d’IL-16 par les T CD8+.
Pour ce récepteur H4 de l’histamine, les auteurs montrent leur présence sur les kératinocytes dans un modèle murin, expression de l’ARNm de H4 ; il en est de même pour les kératinocytes d’humains atteints de dermatite atopique.
En outre, lorsque les kératinocytes murins sont stimulés par de l’histamine ou un agoniste spécifique d’H4 des kératinocytes, ceux-ci prolifèrent.
Cette prolifération est inhibée par un antagoniste spécifique de H4.
La dermatite atopique est une maladie plurifactorielle.
L’acte central semble être l’activation des lymphocytes T spécifiques d’antigènes, ce qui pour certains constitue un argument en faveur d’une hypersensibilité retardée.
Les antigènes sont à considérer au sens large allant des aéroallergènes, aux trophallergènes en passant par des antigènes microbiens.
Dernièrement, des travaux ont montré le rôle de la production de la filaggrine molécule nécessaire à la cohésion de la couche cornée.
Ainsi, la dermatite atopique peut être considérée comme un déficit du rôle de barrière du tissu cutané.
D’autres travaux encore suggèrent fortement l’implication des LT CD8+.
Ainsi, ce travail vient ajouter un autre facteur, celui de l’histamine qui stimulant les récepteurs H4 contribuent à la prolifération des kératinocytes.
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