Avec cette étude les bébés feront moins les malins : et si le biberon faisait aussi bien que le sein maternel ?

mardi 21 janvier 2014 par Dr Stéphane Guez509 visites

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Avec cette étude les bébés feront moins les malins : et si le biberon faisait aussi bien que le sein maternel ?

Avec cette étude les bébés feront moins les malins : et si le biberon faisait aussi bien que le sein maternel ?

mardi 21 janvier 2014, par Dr Stéphane Guez

Le taux d’IgA soluble dans le lait maternel est inversement associé à la dermatite atopique du premier âge : étude de cohorte PASTURE. : L. Orivuori, G. Loss, C. Roduit, J.-C. Dalphin, M. Depner, J. Genuneit, R. Lauener, J. Pekkanen, P. Pfefferle, J. Riedler, M. Roponen, J. Weber, E. vonMutius, C. Braun-Fahrländer O. Vaarala and The PASTURE Study Group.

dans Clinical & Experimental Allergy, 2014 (44) 102–112.

 Introduction :

  • Le rôle de l’alimentation au sein dans le développement des maladies atopiques dans l’enfance est contradictoire.
  • Cela pourrait être du à des différences dans la composition du lait maternel et aux taux des composants antimicrobiens et anti-inflammatoires.

 Objectif de l’étude :

  • Il a été d’étudier si les taux :
    • d’IgA solubles (IgAs)
    • ou du TGF-béta 1 (transforming growth factor)
  • dans le lait maternel sont associés au risque de développer une dermatite atopique, une sensibilisation atopique ou un asthme dans le premier âge en prenant en compte la durée de l’alimentation au sein.

 Matériel et Méthode :

  • L’étude PASTURE, étude de cohorte depuis la naissance conduite en Finlande, en France, en Allemagne et en Suisse a permis de recueillir 610 prélèvements de lait maternel réalisés 2 mois après l’accouchement avec :
    • mesure du taux des IgA solubles et
    • mesure du TGF-béta1 par test ELISA.
  • La durée de l’alimentation au sein a été évaluée par un cahier quotidien du suivi alimentaire depuis le 3°mois jusqu’au 12° mois.
  • Les données sur les facteurs d’environnement, la dermatite atopique et l’asthme ont été recueillis par des questionnaires depuis la grossesse et jusqu’à l’âge de 6 ans.
  • L’atopie a été définie par le taux sanguin des IgE spécifiques prélevés à 4 et 6 ans.
  • Une analyse statistique de régression multi variés a été réalisée.

 Résultats :

  • Les taux des IgA solubles et du TGF-béta1 dans le lait maternel sont différents selon les pays, et le taux des d’IgAs est associé aux facteurs d’environnement liés à la charge microbienne par exemple, lors de contact avec des animaux de ferme pendant la grossesse, mais pas avec la consommation de lait cru.
  • Les taux d’IgAs sont inversement associés avec la dermatite atopique jusqu’à l’âge de 2 ans (p ajusté : 0.005) indépendamment de la durée de l’alimentation au sein.
  • La dose d’Ig1As ingérée durant la première année de vie est associée à une réduction du risque de dermatite atopique jusqu’à l’âge :
    • de 2 ans (OR ajusté : 0.55, IC95% : 0.55-0.99)
    • et 4 ans (O.73, 0.55 – 0.96).
  • Il n’y a pas d’association claire entre le taux des IgAs et l’atopie ou l’asthme jusqu’à l’âge de 6 ans.
  • Le taux de TGF-béta1 n’est pas associé avec les paramètres étudiés.

 Conclusion et application clinique :

  • Le taux des IgA s dans le lait maternel pourrait être un facteur de protection contre le développement de la dermatite atopique.

Les auteurs ont étudié l’impact des taux d’IgAs et du TGF-béta1 dans le lait maternel sur le risque ultérieur de développer une dermatite atopique, de l’atopie et de l’asthme chez des enfants nourris au sein. Les IgAs semblent avoir un rôle protecteur sur la dermatite atopique seulement, et le TGF-béta1 aucun.

Ce travail est intéressant à plus d’un titre.

Il clarifie la relation entre protection contre l’atopie et allaitement maternel qui effectivement dans ce travail épidémiologique bien conduit ne concerne que la prévention de la dermatite atopique et n’a pas d’effet sur le terrain atopique, ni un effet protecteur sur l’asthme.

D’autre part toutes les mères ne sont pas à égalité concernant la composition protectrice du lait maternel ce qui relativise l’intérêt d’un allaitement prolongé pour espérer diminuer le risque de dermatite atopique.

Enfin, de nombreuses publications mettaient en avant le TGF et c’est en fait les IgAs qui reprennent la vedette dans ce travail. Ce qui semble finalement très cohérent au vu de l’histoire de l’immunologie, avec la « redécouverte » de l’importance de l’immunité innée et du rôle initial des IgA dans la protection contre les allergènes.

Les conclusions de cette recherche vont permettre de ne pas avoir d’attitude extrême sur les recommandations d’un allaitement au sein : ce n’est qu’un facteur éventuellement protecteur et uniquement pour la DA

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