Les dents, c’est comme les bijoux : c’est en or ou rien !

vendredi 24 janvier 2014 par Dr Céline Palussière765 visites

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Les dents, c’est comme les bijoux : c’est en or ou rien !

Les dents, c’est comme les bijoux : c’est en or ou rien !

vendredi 24 janvier 2014, par Dr Céline Palussière

Relargage de Nickel, Chrome et Cobalt par les outils et les alliages dentaires. : Kettelarij, J. A. B., Lidén, C., Axén, E. and Julander, A. (2014), Cobalt, nickel and chromium release from dental tools and alloys.

dans Contact Dermatitis, 70 : 3–10. doi : 10.1111/cod.12111

 Contexte :

  • Les alliages cobalt-chrome sont utilisés dans les moulages en alliage par les prothésistes dentaires lors de la production de prothèses dentaires et d’implants.
  • L’exposition cutanée et le relargage métallique issus de ces alliages et des outils employés par les techniciens dentaires n’avaient pas été étudiés auparavant.

 Objectifs :

  • Il s’agissait d’étudier le relargage de cobalt, nickel et chrome issus des moulages en alliage métallique et des outils qui viennent en contact avec la peau des prothésistes dentaires.

 Méthodes :

  • Le relargage de cobalt et de nickel par les outils et les alliages métalliques était testé avec le spot-test cobalt, et le test dimethylglyoxime pour le nickel.
  • De plus le relargage de cobalt, nickel et chrome dans de la sueur artificielle (EN1811) lors de plusieurs étapes était mesuré.
  • L’analyse était réalisée par spectrométrie de masse à couplage inductif.

 Résultats :

  • Soixante-et-un outils ont été testés par spot-test, 20% libéraient du nickel et 23% libéraient du cobalt.
  • Vingt-deux outils et cinq alliages dentaires ont été immergés dans de la sueur artificielle.
  • Tous les outils libéraient du cobalt, du nickel et du chrome.
  • Les taux retrouvés étaient de 0.0047–820, 0.0051–10 et 0.010–160 µg/cm2/semaine pour le cobalt, le nickel et le chrome, respectivement.
  • Tous les alliages dentaires libéraient du cobalt dans la sueur artificielle, dans des taux de 0.0010–17 µg/cm2 / semaine, ainsi que du nickel et du chrome, dans de faibles concentrations.

 Conclusions :

  • Les métaux sensibilisateurs sont libérés par les outils et les alliages utilisés par les prothésistes dentaires.
  • Ceci peut être responsable d’allergie de contact et d’eczéma des mains.

Les allergies de contact aux métaux font partie des causes les plus fréquentes d’eczéma. S’il n’est pas trop difficile d’éviter de porter des bijoux fantaisie, le problème se corse lorsqu’il s’agit d’une exposition dans le cadre professionnel.

Cet article se penche sur le cas de prothésistes dentaires, exposés aux métaux par le contact avec leurs outils et avec les alliages métalliques utilisés pour les moulages.

Il s’agissait dans cette étude d’analyser la libération de nickel, chrome et cobalt, métaux les plus fréquemment allergènes, dans les outils et alliages manipulés par ces professionnels.

Il s’avère que ce sont surtout les outils qui relarguent le plus de ces 3 métaux, alors que les alliages en libèrent moins. Cet article apporte donc la preuve d’une exposition professionnelle aux métaux, potentiellement responsable d’un eczéma des mains.

Ces analyses peuvent apporter des arguments utiles dans la reconnaissance de pathologie professionnelle pour les patients affectés d’eczéma invalidant. La reconnaissance est en effet difficile à obtenir dans la plupart des cas, malgré les conséquences socio-économiques de l’eczéma allergique des mains. Il est en effet difficile d’apporter la preuve du lien de causalité entre l’exposition professionnelle et l’eczéma. Ces données consisteront donc un argument supplémentaire.

La lecture de ces résultats interroge par ailleurs sur les réactions allergiques possibles chez les patients qui se retrouvent avec ces prothèses dans la bouche. Les réactions allergiques buccales sont souvent suspectées, évoquées par les patients, mais rarement prouvées. Elle sont difficiles à mettre en évidence, les symptômes étant essentiellement subjectifs.

Dans la lignée de cette étude, on souhaiterait des d’éléments complémentaires pour mieux comprendre et mieux prendre en charge ces potentielles allergies, notamment en analysant le relargage des métaux non dans la sueur mais dans la salive...