Pourquoi l’asthmatique se priverait ? Fumer ou pas ne changerait rien à l’inflammation bronchique…

mardi 11 mars 2014 par Dr Stéphane Guez18397 visites

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Pourquoi l’asthmatique se priverait ? Fumer ou pas ne changerait rien à l’inflammation bronchique…

Pourquoi l’asthmatique se priverait ? Fumer ou pas ne changerait rien à l’inflammation bronchique…

mardi 11 mars 2014, par Dr Stéphane Guez

Effets de l’arrêt du tabac sur l’inflammation des voies respiratoires chez les jeunes asthmatiques. : C. G. Westergaard, C. Porsbjerg, V. Backer.

dans Clinical & Experimental Allergy, 2014 (44) 353–361.

 Introduction :

  • Il a été montré que le tabac avait des effets délétères sur l’asthme, avec un mauvais contrôle, une diminution de la réponse aux traitements et une accélération du déclin de la fonction respiratoire.
  • En dépit de cela, le tabagisme est aussi fréquent parmi les jeunes asthmatiques que dans le reste de la population.
  • Les effets aggravants du tabagisme sur l’asthme pourraient être dus aux effets sur l’inflammation de voies respiratoires, inflammation qui est modifiée chez les asthmatiques fumeurs.
  • On ne sait pas si les effets induits par le tabagisme sur l’inflammation sont réversibles à l’arrêt du tabagisme.

 Objectif de l’étude :

  • Il a été d’évaluer les modifications de l’inflammation des voies respiratoires chez des asthmatiques fumeurs avant et après l’arrêt du tabac.

 Matériel et Méthode :

  • 46 fumeurs asthmatiques, sans corticoïdes (âgé de 19 à 40 ans) ont été inclus.
  • Tous les participants ont tenté un arrêt du tabac pendant une période de 3 mois.
  • Les consultations ont été réalisées aux semaines 0, 6 et 12, et ont inclus :
    • une expectoration induite,
    • une mesure de la fraction exhalée de NO (FeNO),
    • un test à la métacholine,
    • une fonction respiratoire,
    • un questionnaire de contrôle de l’asthme (questionnaires ACQ6)
    • et une mesure du CO exhalé.

 Résultats :

  • 26 des 46 patients ont arrêté de fumer.
  • Parmi ces patients, il y a une amélioration :
    • de l’épreuve à la métacholine (77% avant et 52% après arrêt du tabac, p = 0.016),
    • du score ACQ6 (1.7 – 0.7, p = 0.034)
    • et du FeNO (8.7 – 14.8 ppb, p = 0.002)
  • alors qu’il n’y a pas de modification significative du taux des éosinophiles et de la fonction respiratoire.
  • Une faible mais significative diminution des neutrophiles (54.1% – 52%, p = 0.003) est observée chez les patients qui ont cessé le tabac.
  • Les patients qui continuent de fumer n’ont aucune modification des paramètres étudiés.

 Conclusion :

  • L’arrêt du tabac améliore le contrôle de l’asthme mais cette amélioration n’est pas liée à une modification de l’inflammation à éosinophiles, et la réduction des neutrophiles est faible.
  • Ainsi, l’inflammation des voies respiratoires avec éosinophiles et neutrophiles pourrait être un marqueur moins important du contrôle de l’asthme chez les fumeurs par rapport à d’autres paramètres.
  • L’arrêt du tabac peut améliorer de façon importante des marqueurs de sévérité comme l’hyperréactivité bronchique et le sore symptomatique, mais probablement de façon non liée à une modification de l’inflammation des voies respiratoires.

Dans ce travail portant sur 26 patients asthmatiques fumeurs ayant arrêté de fumer pendant 3 mois, les auteurs montent une amélioration significative des scores de contrôle de l’asthme et de l’hyperréactivité bronchique.

Par contre il ne semble pas y avoir de lien avec une modification significative de l’inflammation à éosinophiles.

Les résultats de cette étude sont à prendre avec des « pincettes ».

Dire que l’arrêt du tabac ne modifie pas l’inflammation de la maladie asthmatique reviendrait à dire que le tabac n’a pas d’influence sur le cours de la maladie asthmatique. C’est certainement faux.

En fait les auteurs veulent indiquer par là qu’il ne faut pas se tromper de paramètres pour suivre les effets bénéfiques de l’arrêt du tabac, et qu’il reste à comprendre pourquoi cet arrêt est bénéfique alors qu’il ne semble pas agir sur l’inflammation bronchique spécifique de l’asthme.

On peut cependant noter que l’étude porte sur un nombre très faible de patients avec un arrêt du tabac qui est également très court de 3 mois : c’est très peu, et sans doute insuffisant pour observer une amélioration de l’inflammation chronique bronchique.

Bref, le plus important c’est de noter l’amélioration du contrôle de l’asthme à l’arrêt du tabac : un questionnaire est plus efficace que toutes les autres méthodes couteuses d’évaluation de l’asthme.

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