Le BCG, c’est pas contre l’asthme mais contre la tuberculose : logique !!

lundi 17 mars 2014 par Dr Stéphane Guez729 visites

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Le BCG, c’est pas contre l’asthme mais contre la tuberculose : logique !!

Le BCG, c’est pas contre l’asthme mais contre la tuberculose : logique !!

lundi 17 mars 2014, par Dr Stéphane Guez

Est-ce que le BCG protège contre l’asthme de l’enfance ? Résultats définitifs de l’étude de cohorte rétrospective menée à Manchester avec revue actualisée de la bibliographie et méta-analyse. : Mary F. Linehan, Ulugbek Nurmatov, Timothy L. Frank, Robert M. Niven, David N. Baxter, Aziz Sheikh

dans The Journal of Allergy and Clinical Immunology - March 2014 (Vol. 133, Issue 3, Pages 688-695.e14, DOI : 10.1016/j.jaci.2013.08.007)

 Introduction :

  • L’étude menée à Manchester (Manchester Community Asthma Study, MANCAS) a prouvé un effet protecteur contre le sifflement bronchique entre 6 et 11 ans chez les enfants qui ont eu une vaccination néonatale par le BCG.
  • La revue systématique et la méta-analyse qui ont suivi ce travail ont suggéré que la vaccination par le BCG ne protègerait pas contre la sensibilisation allergique mais pourrait avoir un effet protecteur contre l’asthme non atopique.

 Objectif de l’étude :

  • Les auteurs ont :
    • cherché à évaluer si l’effet protecteur de la vaccination par le BCG sur les sifflements observés dans l’étude MANCAS se maintenait aux âges de 13 à 17 ans et
    • et ont inclus ces résultats finaux dans une analyse de la bibliographie actuelle avec une méta-analyse.

 Matériel et Méthode :

  • Les données concernant les patients vaccinés par le BCG ont été recueillies par les réponses à un questionnaire concernant l’évolution respiratoire et l’état de santé.
  • Les auteurs ont fait ensuite la revue systématique de la question, et ont réalisé une méta-analyse en utilisant les modèles statistiques classiques à cette méthode.

 Résultats :

  • L’étude finale de la cohorte MANCAA a inclus 1608 sujets.
  • La prévalence du sifflements bronchiques dans les 12 mois est de 15.1%.
  • Il n’y a pas de différence de prévalence entre ceux qui ont été vaccinés par le BCG et ceux qui n’ont pas été vaccinés (15.8% versus 14.3%, risque relatif : 1.05, IC95% : 0.94 – 1.19).
  • La revue actualisée de la bibliographie a retrouvé 4 nouvelles études : elle montre que l’effet protecteur de la vaccination par le BCG sur le développement de l’asthme qui avait été observé dans les résultats initiaux de la cohorte MANCAS est atténué (OR 0.95, IC95% : 0.89 – 1.00).
  • Il n’a pas été noté d’effet protecteur du BCG sur la sensibilisation, l’eczéma et la dermatite atopique, la rhino-conjonctivite, ou l’allergie en général.

 Conclusions :

  • Tous ces résultats pris ensemble apportent des preuves que l’effet protecteur de la vaccination par le BCG sur l’asthme de l’enfance semble être transitoire.

Les auteurs ont poursuivi l’analyse de la cohorte MANCAS en cherchant si l’effet protecteur sur l’asthme entre 6 et 11 ans, observé chez les enfants vaccinés par BCG était également observé entre 13 et 17 ans. Il n’y a pas en fait de protection contre l’asthme, en accord avec une méta-analyse de la littérature.

L’idée initiale qui avait conduit à s’interroger sur un éventuel bénéfice de la vaccination contre le BCG sur la prévention du développement d’un asthme chez l’enfant était la suivante : cette vaccination stimule fortement les TH1 et donc pourrait être susceptible de rééquilibrer une balance immunologique trop orientée vers les LTh1. Effectivement des études ont semblés confirmer cette hypothèse, mais d’autres avaient des résultats contradictoires.

Ce groupe de recherche avait également trouvé une tendance à la protection contre un asthme mais un asthme non allergique. Comme l’évolution spontanée de sifflements bronchiques sans terrain atopique chez l’enfant est plutôt favorable il y avait un doute sur la réalité de cette protection attribuable au BCG.

La reprise du travail de Manchester portant sur des enfants plus grands confirme qu’en fait il n’y a effectivement pas de protection conférée par le BCG, et que s’il y a un effet protecteur entre 7 et 11 ans cet effet n‘est que transitoire et ne se retrouve pas plus tard.

En conclusion, la vaccination par le BCG n’a pas d’influence sur l’asthme allergique et le terrain atopique, et cette stimulation Th1 ne modifie pas la marche allergique.