Il ne faut pas faire d’AINS phobie : ces médicaments ne font pas le lit de l’urticaire chronique.

mercredi 2 avril 2014 par Dr Stéphane Guez1451 visites

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Il ne faut pas faire d’AINS phobie : ces médicaments ne font pas le lit de l’urticaire chronique.

Il ne faut pas faire d’AINS phobie : ces médicaments ne font pas le lit de l’urticaire chronique.

mercredi 2 avril 2014, par Dr Stéphane Guez

L’urticaire et l’angioedème aux AINS n’évoluent pas vers une urticaire chronique : une étude d’un suivi de 12 ans. : Doña I, Blanca-López N, Torres MJ, Gómez F, Fernández J, Zambonino MA, Monteseirín FJ, Canto G, Blanca M, Cornejo-García JA. NSAID-induced urticaria/angioedema does not evolve into chronic urticaria : a 12-year follow-up study.

dans Allergy 2014 ; 69 : 438–444.

 Introduction :

  • Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont les médicaments les plus souvent impliqués dans les réactions médicamenteuses d’hypersensibilité, avec comme manifestations principales de l’urticaire et/ou de l’ angioedème.
  • Il a été suggéré que l’évolution naturelle puisse conduire à de l’urticaire chronique pour un nombre important de patients, et qu’ainsi ces réactions aux AINS pourraient précédées l’urticaire chronique.

 Objectif de l’étude :

  • Il a été de vérifier si ces manifestations sont liées entre elles au sein d’une large cohorte de patients ayant fait une réaction aux AINS par rapport à un groupe témoin avec un suivi de plusieurs années.

 Matériel et Méthode :

  • L’étude a été constituée par le suivi de 3 groupes :
    • patients avec des antécédents confirmés d’urticaire ou angioedème aux AINS (plus de 2 épisodes avec au moins 2 AINS différents ou des tests de réintroduction positifs)
    • un groupe avec au moins 2 épisodes d’urticaire et/ou d’angioedème à un seul AINS avec une bonne tolérance à un inhibiteur puissant des COX-1 et/ou la preuve par des tests in vivo de l’existence d’IgE spécifiques au seul AINS qui a induit la symptomatologie clinique initiale
    • un groupe témoins qui tolère parfaitement les AINS.
  • Tous les patients inclus dans ces 3 groupes ont été suivis pendant 12 ans.

 Résultats :

  • Il y a 190 patients dans le 1° groupe (64.6% de femmes, âge moyen 43.71 +/- 15.82), 110 dans le second et 152 dans le groupe contrôle.
  • Après 12 ans, 12 patients dans le 1° groupe (6.15%) ont une urticaire chronique pendant une période de 1 à 8 ans.
  • Les mêmes proportions d’urticaire chronique sont retrouvées dans les 2 autres groupes.

 Conclusion :

  • Les AINS qui ont entrainé une crise d’urticaire et/ou d’angioedème ne semblent pas conduire à une urticaire chronique ultérieure, et ne précédent pas l’apparition d’une urticaire chronique.
  • Il est probablement nécessaire de faire un suivi encore plus long pour confirmer ces résultats.

Dans ce travail de suivi de cohorte les auteurs ont recherché si le fait d’avoir présenté une urticaire et/ou un angioedème aux AINS est relié au risque de développer une urticaire chronique.

Avec un recul de 12 ans, les auteurs démontrent qu’il n’y a pas de lien avec autant d’urticaire chronique dans le groupe témoin.

Cette étude est intéressante car souvent sur le plan clinique, les allergologues ont un doute sur le possible déclenchement d’une urticaire chronique chez les patients ayant une intolérance aux AINS. L’élimination de ce lien entre intolérance aux AINS et urticaire chronique va conduire à probablement abandonner une piste étiologique passant par le mécanisme d’action des AINS.

Si on peut donc rassurer les patients, cela rend encore plus énigmatique la physiopathologie de ces urticaires chroniques.

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