Est-ce grave quand on est asthmatique d’être de tempérament neutrophile ?

mercredi 24 septembre 2014 par Dr Philippe Carré439 visites

Accueil du site > Maladies > Asthme > Est-ce grave quand on est asthmatique d’être de tempérament neutrophile ?

Est-ce grave quand on est asthmatique d’être de tempérament neutrophile ?

Est-ce grave quand on est asthmatique d’être de tempérament neutrophile ?

mercredi 24 septembre 2014, par Dr Philippe Carré

Les comptes de neutrophiles de l’expectoration sont associés à des phénotypes plus sévères d’asthme en utilisant une analyse en cluster. : Moore, Wendy C. et al.

dans Journal of Allergy and Clinical Immunology , Volume 133 , Issue 6 , 1557 - 1563.e5

 Contexte :

  • L’analyse clinique en cluster du SARP (Programme de Recherche sur l’Asthme Sévère) a identifié 5 sous-phénotypes d’asthme qui représentent le spectre de sévérité, de l’asthme allergique à début précoce, à l’asthme sévère à début tardif, et à l’asthme sévère avec broncho pneumopathie chronique obstructive
  • L’analyse de l’expectoration induite d’un sous-groupe de patients de SARP a montré 4 types d’inflammation cellulaire dans l’expectoration
  • Les sujets avec une augmentation associée des pourcentages d’éosinophiles (≥2%) et de neutrophiles (≥40%) avaient les caractéristiques d’un asthme très sévère.

 Objectif :

  • Pour mieux comprendre les interactions entre les sous-phénotypes inflammatoires et cliniques, les auteurs ont intégré les mesures d’inflammation cellulaire et les variables cliniques dans une nouvelle analyse en cluster.

 Méthodes :

  • Les sujets participant au SARP qui ont eu une induction d’expectoration dans 3 sites cliniques ont été inclus dans cette analyse (n=423)
  • 15 variables, incluant les caractéristiques cliniques et l’analyse des cellules inflammatoires dans le sang et l’expectoration, ont été sélectionnées en utilisant une analyse de facteur pour une analyse en cluster non supervisée.

 Résultats :

  • Quatre clusters phénotypiques ont été individualisés
  • Les sujets des cluster A (n=132) et B (n=127) avaient un asthme allergique léger à modéré à début précoce, avec des tableaux d’inflammation cellulaire de l’expectoration peu granulocytaires ou éosinophiliques
  • Par contraste, ces tableaux inflammatoires étaient présents chez seulement 7% des sujets des cluster C (n=117) et D (n=47) qui avaient un asthme modéré à sévère avec une utilisation fréquente des systèmes de soins malgré un traitement par de hautes doses de corticoïdes inhalés ou oraux et, dans le cluster D, une réduction de la fonction respiratoire
  • La majorité de des sujets (> 83%) avaient une neutrophilie dans l’expectoration, soit isolée soit associée à une éosinophilie
  • La fonction respiratoire de base et les pourcentages de neutrophiles dans l’expectoration étaient les variables les plus importantes pour déterminer le type de cluster.

 Conclusion :

  • Cette approche multivariée a identifié 4 sous-phénotypes d’asthme représentant un spectre de sévérité, depuis l’asthme allergique léger à modéré avec une inflammation de l’expectoration minimale ou prédominante en éosinophiles, jusqu’à l’asthme modéré à sévère avec une inflammation prédominante en neutrophiles ou granulocytaire mixte.

Cette étude a été réalisée dans le cadre du SARP (Programme de Recherche sur l’Asthme Sévère), et a intégré des mesures d’inflammation cellulaire, les caractéristiques cliniques et les variables physiologiques, dans une analyse en cluster de 423 sujets qui ont eu une analyse des comptes cellulaires à la fois dans le sang et dans l’expectoration induite.

Les auteurs ont identifié 4 sous-populations d’asthmatiques en fonction de leur phénotype inflammatoire cellulaire et de leurs caractéristiques cliniques :

  • le cluster A regroupe des asthmatiques allergiques modérés avec fonction respiratoire normale, des besoins en médicaments limités, peu de recours aux systèmes d’urgences et une inflammation minimale des voies aériennes
  • le cluster D est caractérisé par une réduction de la fonction respiratoire, des besoins importants en médicaments et en recours médicaux, et une inflammation complexe des voies aériennes
  • les clusters A et D sont les 2 extrémités de ce spectre de gravité de l’asthme
  • par contraste, les clusters B et C représentent les asthmes de sévérité modérée, avec pour le cluster C des besoins plus importants en corticoïdes inhalés ou oraux pour obtenir un niveau identique de contrôle de l’asthme
  • bien que les sujets des clusters B et C soient cliniquement proches, il y a un déplacement du type d’inflammation des voies aériennes, d’une inflammation mineure ou prédominant à éosinophiles dans le cluster B vers une inflammation prédominant à neutrophiles ou de type granulocytaire mixte dans le cluster C.

Ceci illustre l’importance d’intégrer les caractéristiques cliniques de la maladie et les mesures cellulaires inflammatoires dans une analyse multivariée unique, non seulement pour identifier de nouveaux sous-types phénotypiques mais aussi pour comprendre les mécanismes physiopathologiques sous-jacents.

Le pourcentage de neutrophiles dans l’expectoration était, avec la fonction respiratoire de base, la variable ayant le plus d’influence dans cette analyse multivariée, ce qui suggère que les neutrophiles ont probablement un rôle important dans la physiopathologie des asthmes sévères, soit seuls soit associés avec les éosinophiles des voies aériennes. Ceci implique qu’une augmentation des neutrophiles dans l’expectoration induite pourrait être un biomarqueur de mécanismes pathologiques différents chez les patients ayant un asthme sévère, ce qui nécessite des investigations supplémentaires.

Comme de nouveaux traitements biologiques de l’asthme sont en cours de développement, il est intéressant d’évaluer les composantes neutrophilique et éosinophilique de l’inflammation des voies aériennes, pour évoluer peut-être vers un nouveau paradigme de médecine personnalisée.

Rechercher

En bref

categories

  Allergenes

  Maladies

  Fonctionnel