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Supplémenter les nourrissons en vitamine D pour éviter l’asthme ? Pourquoi pas ???
mercredi 1er octobre 2014, par
Le déficit en vitamine D induit une différenciation Th2 et une hyperéosinophilie dans les pathologies allergiques des voies aériennes en néonatalogie. : Vasiliou JE, Lui S, Walker SA, Chohan V, Xystrakis E, Bush A, Hawrylowicz CM, Saglani S, Lloyd CM.
Vitamin D deficiency induces Th2 skewing and eosinophilia in neonatal allergic airways disease.
dans Allergy 2014 ; 69 : 1380–1389.
– Contexte :
- L’association entre le statut en vitamine D et l’asthme de l’enfance est de plus en plus rapportée mais la cause directe et les mécanismes sous jacents restent inconnus.
- Les auteurs ont recherché l’effet du déficit précoce dans la vie en vitamine D sur le développement sur un modèle animal de pathologies néonatales de pathologie allergique des voies aériennes.
– Méthodes :
- Le déficit en vitamine D in utero et en début de vie a été obtenu par un régime sans vitamine D chez la souris au troisième trimestre de grossesse et pendant l’allaitement.
- Les petits étaient sevrés en ayant une carence en vitamine D ou un régime avec vitamine D.
- L’exposition intra nasale à des acariens ou à du sérum salé commençait à 3 jours de vie jusqu’à 6 semaines, quand l’hyperréactivité bronchique, l’inflammation bronchique et le remodelage étaient évalués.
– Résultats :
- Les souris ayant été privées de vitamine D in utero et en début de vie avaient une augmentation significative de certaines cellules pulmonaires (CD3+, CD4+, T1ST+) et une diminution des cellules CD4+IL-10+.
- Cet effet était majoré après exposition aux acariens.
- L’hyperréactivité des souris exposées aux acariens n’était pas liée au statut vitaminique D.
- L’introduction de vitamine D dans le régime alimentaire au sevrage entraîne une réduction significative du taux d’IgE dans le sérum, d’éosinophiles pulmonaires et de dépôts collagène péri-bronchiolaires.
– Conclusion :
- La carence périnatale isolée en vitamine D a des effets immuno modulateurs incluant la différenciation Th2 et la réduction de cellules régulatrices T sécrétant de l’IL10.
- La carence en vitamine D en début de vie n’affecte pas l’hyperréactivité bronchique mais contribue à la sévérité de la pathologie avec une inflammation éosinophilique et un remodelage.
- La supplémentation en vitamine D améliore les anomalies de ces deux pathologies.
Cette étude britannique publiée dans Allergy cherche à comprendre le rôle de la vitamine D dans les pathologies respiratoires allergiques de la petite enfance.
Depuis plusieurs années, on trouve des articles montrant une association entre la carence en vitamine D et le développement de pathologies comme l’asthme. Cependant les études montrent souvent une association sans expliquer les faits.
Les auteurs ont donc essayé de comprendre ce que provoquait la carence en vitamine D sur un modèle murin. Les souris étaient privées de vitamine D pendant la grossesse et l’allaitement. Ensuite certaines souris continuaient un régime carencé alors que d’autres commençaient à consommer de la vitamine D.
Cette étude montre que la carence prénatale en vitamine D induit des modifications cellulaires et inflammatoires dans l’arbre bronchique. Ces données sont d’autant plus intéressantes que la réintroduction de vitamine D modifie ces anomalies inflammatoires.
Il s’agit donc d’une étude solide, expérimentale qui cherche à montrer ce qui se passe lors d’une carence en vitamine D en périnatal et comment la correction de cette carence influence les anomalies constatées. Cette étude laisse entendre que si on extrapole, la supplémentation en vitamine D pendant la grossesse et dès l’accouchement pourrait peut-être diminuer les anomalies bronchiques et peut-être diminuer l’incidence de l’asthme du nourrisson.
Cependant en France, les femmes reçoivent de la vitamine D pendant la grossesse et les nourrissons sont supplémentés dès les premiers jours de vie pour lutter contre le rachitisme. Existe-t-il de vraies carences dans les premiers jours ou premières semaines de vie ? La carence ne se développe-t-elle pas plus tard ? Est ce que cela signifie qu’il faut poursuivre la supplémentation en vitamine D plus longtemps que ce que l’on propose couramment ? Les réponses devront être apportées par d’autres études.
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