Enfin de l’aide dans le diagnostic de l’entérocolite induite par les protéines alimentaires ?

mercredi 4 février 2015 par Dr Céline Palussière4070 visites

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Enfin de l’aide dans le diagnostic de l’entérocolite induite par les protéines alimentaires ?

Enfin de l’aide dans le diagnostic de l’entérocolite induite par les protéines alimentaires ?

mercredi 4 février 2015, par Dr Céline Palussière

Le rôle des IgE spécifiques de la caséine et du TGF-β chez les enfants souffrant d’un syndrome d’éntérocolite induite par les protéines alimentaires du lait. : Konstantinou GN, Bencharitiwong R, Grishin A, Caubet J-C, Bardina L, Sicherer SH, Sampson HA, Nowak-Węgrzyn A. The role of casein-specific IgA and TGF-β in children with food protein-induced enterocolitis syndrome to milk.

dans Pediatr Allergy Immunol 2015 : 25 : 651–656.

 Contexte :

  • Le syndrome de l’entérocolite induite par les protéines alimentaires (SEIPA) est une pathologie d’hypersensibilité gastro-intestinale dont la physiopathologie est mal connue et n’ayant pas de biomarqueur disponible pour aider au diagnostic.

 Objectifs :

  • Il s’agissait d’étudier les réponses humorales et cellulaires à la caséine chez des enfants ayant un SEIPA au lait, en particulier le rôle des IgA spécifiques de la caséine et les réponses TGF-β médiées par les lymphocytes T.

 Patients et méthodes :

  • Trente-et-un enfants ayant eu un diagnostic antérieur de SEIPA au lait ont été testés avec le lait.
  • Douze enfants d’âge correspondant ayant un SEIPA pour d’autres aliments et 5 enfants tolérant le lait sans histoire clinique de SEIPA ont été pris comme contrôles.
  • Les IgE, IgG, IgG4 et IgA spécifiques de la caséine ont été mesurés dans leur sérum et les taux de TGF-β mesurés dans le surnageant de cellules mononucléaires périphériques stimulées par la caséine.

 Résultats :

  • Vingt-deux enfants avec un SEIPA au lait ont réagi (SEIPA au lait actif) et cinq ont toléré le lait (SEIPA au lait guéri) au cours du test de réintroduction.
  • Tous possédaient des taux significativement plus bas d’IgG, IgG4, IgA spécifiques de la caséine par rapport aux enfants contrôles (p<0,001).
  • Il n’y avait pas de réponse TGF-β dans le surnageant des enfants du groupe SEIPA actif.

 Conclusions :

  • Les enfants ayant un SEIPA au lait ont des taux faibles d’IgG, IgG4 et IgA spécifiques de la caséine.
  • Les enfants ayant un SEIPA au lait de vache actif ont notamment des réponses TGF-β déficientes des lymphocytes T à la caséine, ce qui fait du TGF-β un biomarqueur prometteur pour identifier les enfants susceptibles de présenter des réactions de type SEIPA à cet allergène.
  • Des études prospectives sont nécessaires pour valider ces données, élucider leur rôle dans la physiopathologie du SEIPA, et établir l’utilité diagnostique du TGF-β dans le SEIPA induit par le lait.

Le syndrome d’entérocolite induite par les protéines alimentaires est une forme d’allergie alimentaire rare, potentiellement sévère, et dont le diagnostic est difficile.
Il se traduit par une atteinte digestive (vomissements, diarrhées, pouvant aller jusqu’à l’hypovolémie) quelques heures après l’ingestion de l’allergène.

Le diagnostic est fait sur la clinique, les tests d’éviction et les tests de réintroduction en milieu hospitalier. Ce diagnostic est souvent retardé, car la pathologie est mal connue et il n’existe pas de test cutané ou sanguin.

En ce qui concerne le SEIPA au lait de vache, les symptômes apparaissent le plus souvent au cours du premier mois de vie, et les conséquences peuvent être graves. Le traitement repose sur l’éviction stricte, la guérison est le plus souvent observée après un an d’évolution.

Cet article a cherché à identifier des marqueurs biologiques qui pourraient aider au diagnostic chez des enfants suspects de présenter un SEIPA au lait.

Le principal obstacle à la mise en évidence de marqueurs biologiques fiables est la méconnaissance des mécanismes physiopathologiques en jeu. Plusieurs études ont mis en évidence une augmentation de la perméabilité intestinale, qui pourrait être en lien avec une augmentation du TNF-alpha.

Les auteurs de l’étude ont réalisé des TPO au lait chez 22 enfants ayant eu un diagnostic de SEIPA, et ont mesuré les taux d’IgA, IgG, IgG spécifiques de la caséine, ainsi que les taux de TGF-β dans le surnageant de cellules mononucléaires périphériques stimulées par la caséine.

Chez les enfants ayant réagi au TPO au lait, ces différents marqueurs, classiquement considérés comme tolérogènes, étaient significativement abaissés par rapport aux témoins.

Les conclusions semblent donc tout à fait encourageantes : la valeur statistique des tests est suffisamment importante pour qu’on puisse espérer pouvoir un jour s’appuyer sur ces données pour les diagnostics difficiles.

Il reste que si la caséine est bel est bien un allergène majeur du lait, certains enfants sont peut-être susceptibles de présenter un SEIPA avec d’autres protéines du lait, comme les lactoglobulines ou la lactalbumine ? Pourra-t-on prévoir des dosages des marqueurs pour ces différentes protéines ? Quelle sera la faisabilité en routine ?

Il reste encore du chemin à parcourir, mais les résultats de cette étude sont prometteurs, et permettent d’avancer dans la connaissance de la pathologie.

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