Enfant asthmatique atopique, hyperréactif et naïf : NO !

vendredi 24 avril 2015 par Dr Philippe Carré635 visites

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Enfant asthmatique atopique, hyperréactif  et naïf :  NO !

Enfant asthmatique atopique, hyperréactif et naïf : NO !

vendredi 24 avril 2015, par Dr Philippe Carré

L’oxyde d’azote exhalé peut-il être un marqueur de substitution de l’hyperréactivité bronchique à l’adénosine 5’-monophosphate chez les enfants asthmatiques naïfs de stéroïdes ? :
M. Arga,
A. Bakirtas,
E. Topal,
I. Turktas

dans Clinical & Experimental Allergy Volume 45, Issue 4
April 2015
Pages 758–766

 Contexte :

  • L’interrelation entre l’inflammation des voies aériennes, l’hyperréactivité bronchique (HRB) et l’atopie reste controversée.

 Objectif :

  • Le but cette étude était de savoir si l’oxyde d’azote exhalé (NOe) peut être utilisé comme un marqueur de substitution pour prédire l’HRB à l’adénosine 5’-monophosphate (AMP) chez des enfants asthmatiques scolarisés et naïfs de stéroïdes.

 Méthodes :

  • Cette étude était une analyse rétrospective concernant des enfants d’âge scolaire naïfs de stéroïdes ayant un asthme atopique et non atopique
  • Tous les sujets dont les taux de NOe avaient été mesurés et qui avaient eu un test de provocation à la fois à la métacholine (MC) et à l’AMP ont été inclus
  • Une analyse ROC a été réalisée, à la fois dans les groupes atopique et non atopique, pour évaluer la pertinence du NOe à détecter l’HRB à l’AMP.

 Résultats :

  • 116 patients, dont 69 (59.5%) atopiques, ont été inclus dans l’analyse
  • Dans le groupe atopique, les valeurs de NOe étaient significativement plus élevées chez les patients avec une HRB à l’AMP en comparaison avec ceux sans HRB à l’AMP (51.9 ± 16.9 ppb vs 33.7 ± 16.4 ppb ; p<0.001), alors que dans le groupe non atopique, les différences n’étaient pas statistiquement différentes (29.7 ± 16.9 ppb vs 22.6 ± 8.1 ppb ; p=0.152).
  • Dans le groupe atopique, les taux de NOe (R2 : 0.401 ; ß:0.0092 ; IC à 95%:1.19-14.42 ; OR:7.12 ; p=0 .008) étaient le seul facteur indépendant d’HRB à l’AMP, alors qu’aucun des paramètres ne prédisait l’HRB à l’AMP dans le groupe non atopique.
  • La meilleure valeur seuil de NOe prédisant significativement l’HRB à l’AMP était de 33.3 ppb dans le groupe atopique (p<0.001), alors qu’une valeur seuil significative de NOe prédisant l’HRB à l’AMP n’était pas déterminante dans le groupe non atopique (p=0.142).
  • Une valeur de NOe ≤ 17.4 ppb a une valeur prédictive négative et une sensibilité de 100% et une valeur prédictive positive de 60.47%, pour prédire une HRB à l’AMP dans le groupe atopique.

 Conclusion :

  • Le NO exhalé peut être utilisé pour prédire une HRB à l’AMP chez des enfants asthmatiques atopiques naïfs de corticoïdes, mais pas chez les non atopiques.

D’après les auteurs de cette étude rétrospective, c’est la première à montrer que le NOe est un marqueur de substitution prédisant l’hyperréactivité bronchique (HRB) à l’AMP chez des enfants d’âge scolaire avec un asthme naïf de corticoïdes, par rapport aux techniques classiques d’évaluation de l’HRB (test de provocation bronchique : TPB).

L’avantage de la mesure du NOe réside dans sa simplicité d’utilisation, son résultat précis et reproductible, ainsi que l’obtention immédiate des résultats.

116 enfants ont été évalués, dont 59.5% d’atopiques, ayant eu à la fois une mesure de NO et un TPB.

Des valeurs seuils significatives de NOe pour prédire l’HRB à l’AMP n’ont été mises en évidence que chez les sujets avec un asthme atopique : une valeur de 33.3 ppb prédisait l’HRB à l’AMP avec une sensibilité de 78.3% et une spécificité de 74.4% ; un taux de NOe < 17.4 ppb avait une VPN d’absence d’HRB de 100%. Ces résultats n’étaient pas retrouvés dans le groupe des sujets asthmatiques mais non atopiques.

Une telle relation entre NOe et HRB à l’AMP n’a pas été retrouvée dans cette étude avec la MC ; il est possible que cela soit lié aux mécanismes physiopathologiques complexes impliqués dans l’HRB et leur relation complexe avec l’inflammation des voies aériennes.

Un point important de cette étude concerne la relation entre les taux de NOe et l’atopie chez ces enfants asthmatiques, puisque c’est uniquement chez les atopiques que le NOe était le seul facteur indépendant d’HRB à l’AMP. D’autres études antérieures ont montré que le NOe est fortement corrélé avec à la fois la présence et le degré d’atopie ; certaines études ont même rapporté des taux élevés de NOe dans l’atopie, indépendamment du statut asthmatique.

Ces résultats parfois divergents peuvent être liés à des facteurs mal identifiés qui pourraient affecter les taux de NOe : sévérité de l’asthme (dans cette étude tous les enfants avaient un asthme modéré), variabilité du calibre bronchique, facteurs de provocation intercurrents : exposition allergénique, exacerbation virale, facteur non spécifique, traitement de fond...

Cette étude, montrant une forte relation entre atopie, NOe et HRB à l’AMP chez des enfants asthmatiques naïfs de corticoïdes, est rétrospective, et des études prospectives sont nécessaires pour vérifier ces résultats.

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