Pour que les ados adhèrent...

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Pour que les ados adhèrent...

Pour que les ados adhèrent...

lundi 18 mai 2015, par Dr Céline Palussière

Facteurs associés à une bonne adhésion aux comportements de soins personnels chez les adolescents ayant une allergie alimentaire. : Jones CJ, Llewellyn CD, Frew AJ, Du Toit G, Mukhopadhyay S, Smith H.

Factors associated with good adherence to self-care behaviours amongst adolescents with food allergy.

dans Pediatr Allergy Immunol 2015 : 26 : 111–118.

 Contexte :

  • On connaît mal les facteurs qui influencent l’adhésion médicale aux comportements de soin de soi-même des adolescents souffrant d’allergie alimentaire.
  • Cette étude a utilisé le Modèle de Croyance sur la Santé afin d’explorer les relations entre les données sur les croyances des adolescents allergiques alimentaires, la démographie, les facteurs structurels, sociaux et psychologiques avec l’adhésion sur les soins de soi-même, incluant l’éviction allergénique et le port de la trousse d’urgence.

 Méthodes :

  • Une étude transversale a été menée sur 188 adolescents, âgés de 13 à 19 ans, identifiés suite à une prescription hospitalière d’épinephrine auto-injectable pour une allergie alimentaire.
  • Etaient collectées par questionnaire postal les données sur la démographie, les facteurs structurels, les facteurs socio-psychologiques, les croyances concernant la santé, et le comportement d’adhésion actuel.

 Résultats :

  • Une adhésion totale était rapportée par 16% des participants.
  • Une analyse multivariée permettait de montrer que l’adhésion était plus fréquemment rapportée si les adolescents faisaient partie d’un groupe de soutien de patients (OR = 2.54, (1.04, 6.20) IC 95%), s’ils avaient un plan d’action en cas d’anaphylaxie (OR = 3.22, (1.18, 8.81 IC 95%), s’ils percevaient que leur allergie alimentaire étaient des plus sévères ( OR = 1.24, (1.01, 1.52) IC 95%), et s’ils percevaient peu de barrières à la gestion de leur maladie(OR = 0.87, (0.79, 0.96) IC 95%) .

 Conclusion :

  • L’appartenance à un groupe de soutien de patients et la possession d’un plan d’action de l’anaphylaxie étaient associées à une bonne adhésion aux traitements d’auto-soin chez les adolescents ayant une allergie alimentaire.
  • Nos résultats suggèrent que les interventions visant à améliorer la délivrance et l’utilisation des plans d’action, le fait d’aborder la perception des adolescents sur la sévérité de leur risque d’anaphylaxie et la réduction des barrières sur la gestion de la maladie pourrait mieux favoriser la bonne adhésion aux comportements que les interventions uniquement basées sur le savoir.

L’éducation thérapeutique prend une place importante dans la gestion des allergies alimentaires, comme dans toute pathologie chronique. Les enjeux sont importants pour à la fois prévenir les réactions et gérer l’urgence.

A l’adolescence, les réactions alimentaires sont statistiquement plus fréquentes et plus sévères que pendant l’enfance. Il était donc important de chercher à identifier quels sont les leviers les plus efficaces pour améliorer leur prise en charge.

C’est ce qu’a fait cette étude menée sur près de 200 adolescents à qui un stylo auto-injecteur d’éphinéphrine avait été prescrit au Royaume Uni. Les données étaient recueillies par questionnaire postal, ce qui engendre certainement de nombreux biais, en particulier de recrutement (réponse probablement supérieure des sujets observants).

Un comportement « adapté » (éviction allergénique correcte, port de la trousse d’urgence) n’était observé que dans 16% des cas ! Les facteurs associés à ce bon comportement étaient l’appartenance à un groupe de patients, la possession d’un plan d’action de l’anaphylaxie, la perception d’un risque allergique sévère.

Chez les adolescents, l’appartenance à un groupe extérieur à la famille (amis, équipe sportive...) fait partie de la construction identitaire normale : on peut donc bien imaginer que pour ces allergiques, les groupes de pairs soient un appui important pour la gestion de leur maladie.

En ce qui concerne les plans d’action, l’adolescent doit pouvoir se l’approprier, puisqu’il ne va plus subir les soins comme au cours de l’enfance, mais devenir réellement acteur de sa propre santé. L’éviction allergénique doit être expliquée, le décryptage des étiquettes, les seuils à ne pas dépasser... La trousse d’urgence doit être simple, petite pour être emportée partout, et surtout utilisable par l’adolescent lui même qui doit donc savoir manier le stylo auto-injecteur.

L’éducation thérapeutique se développe en France, en particulier pour des pathologies chroniques comme le diabète ou l’asthme. Les Écoles de l’allergie, encore peu développées, mériteraient d’être encouragées, et en particulier pour les adolescents.

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