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Et si l’Omalizumab modifiait l’histoire naturelle de l’asthme ???
jeudi 25 juin 2015, par
Suivi 4 ans d’enfants ayant un asthme modéré à sévère non contrôlé après arrêt d’un an de traitement par omalizumab : Current Opinion in Allergy & Clinical Immunology :
June 2015 - Volume 15 - Issue 3 - p 267–271
doi : 10.1097/ACI.0000000000000161
– But de la revue :
- L’asthme allergique, qui est le phénotype d’asthme le plus fréquent, est une maladie inflammatoire chronique caractérisée par une élévation du taux d’IgE dans le sérum et des IgE spécifiques contre les allergènes communs.
- Un groupe significatif d’enfants asthmatiques ont un asthme modéré à sévère non contrôlé malgré l’utilisation de doses moyennes à élevées de corticoïdes inhalés en combinaison avec un autre traitement anti-asthmatique.
- Les recommandations sur l’asthme préconisent l’usage d’Omalizumab en traitement complémentaire chez ces enfants et des études récentes montrent l’efficacité et la sécurité des anticorps monoclonaux anti-IgE.
– Données récentes :
- L’asthme ne peut pas être guéri actuellement et les traitements disponibles ne peuvent modifier l’histoire naturelle de la maladie.
- Des études récentes ont montré les effets positifs de l’omalizumab pour réduire l’inflammation des voies aériennes et le remodelage.
- Ce travail représente le suivi pendant 4 ans d’un groupe d’enfants ayant un asthme modéré à sévère non contrôlé ayant participé à une étude randomisée en double aveugle contre placebo avec l’omalizumab.
- Après arrêt des anti-IgE, les enfants étaient suivis pendant 4 ans. Pendant les 3 premières années de suivi, ils étaient sans symptômes d’asthme sans avoir besoin de corticoïdes inhalés ni de traitement de secours.
– Résumé :
- Cette nouvelle publication et les observations cliniques publiées permettent d’émettre l’hypothèse que le traitement par omalizumab pourrait potentiellement modifier l’histoire naturelle de l’asthme. Cependant d’autres études sont nécessaires.
Ce papier publié en Juin 2015 dans « Current Opinion in Allergy and Clinical Immunology » s’intéresse à l’apport de l’Omalizumab dans le traitement de l’asthme non contrôlé chez des enfants et surtout à ce que cela peut induire dans l’histoire de la maladie.
L’Omalizumab est un anticorps monoclonal anti-IgE utilisé depuis plusieurs années chez l’adulte et l’enfant de plus de 6 ans dans le cadre d’asthme sévère en France mais modéré à sévère aux Etats unis en ajout au traitement de fond classique lorsque celui-ci ne suffit pas à contrôler l’asthme allergique.
Tous les essais actuellement publiés montrent une bonne efficacité de ce traitement avec la possibilité d’une réduction du traitement de fond et en particulier de la dose de corticoïdes administrés par voie générale ou par voie inhalée. Les études préconisent une utilisation pendant 5 ou 6 ans puis une tentative d’arrêt en sachant qu’en cas de récidive des symptômes certains patients ne retrouvent pas l’efficacité initiale de l’Omaluzumab.
Ce travail suit des enfants pendant 4 ans après l’arrêt du traitement par Omaluzumab. Il montre la persistance de l’effet complet pendant 3 ans avec une absence de symptômes d’asthme sans traitement de fond ni de secours. Les auteurs concluent donc que l’Omalizumab semble modifier l’histoire naturelle de l’asthme ce qui pour l’instant n’a été démontré avec aucun médicament.
Cette hypothèse est bien sûre séduisante et chaque médecin prenant en charge des asthmatique aimerait pouvoir affirmer à ses patients qu’il pourra un jour les guérir. Cependant les indications de l’Omalizumab ne sont pas les mêmes aux USA et en France et nous réservons ce médicaments aux seuls asthmatiques sévères (selon les recommandations de l’ATS). L’histoire de la maladie asthmatique ne semble pas la même chez les asthmatiques modérés et chez les sévères. Pour parler de modifications de l’histoire naturelle, il faudrait une étude longitudinale avec un suivi plus long, des tests comme la mesure de la FENO qui reflète l’inflammation bronchique éosinophilique, peut-être des tests à la métacholine et des biopsies bronchiques pour apprécier la part d’infiltrat par des cellules inflammatoires et éventuellement le remodelage bronchique.
Ce travail est donc intéressant, pose de nombreuses questions mais ne permet pas de répondre à tout et ouvre sur de nouveaux travaux…
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