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ISAC, ISAC, ne vois-tu rien venir ?
lundi 7 septembre 2015, par
Profil de réponse IgE aux composants allergéniques multiples et symptômes cliniques à l’âge de 11 ans. : Patterns of IgE responses to multiple allergen components and clinical symptoms at age 11 years
Simpson, Angela et al.
dans Journal of Allergy and Clinical Immunology
– Contexte :
- La relation entre sensibilisation allergénique et pathologie est complexe.
– Objectif :
- Nous avons voulu identifier des profils de réponse à un large panel de composants allergéniques et analyser les associations avec l’asthme, l’eczéma et le rhume des foins.
– Méthodes :
- Les taux d’IgE spécifiques pour 112 composants allergéniques ont été mesurés grâce à une puce multiplexe (ISAC : Immuno Solid-phase Allergen Chip) dans une cohorte de population de naissance.
- Une modélisation des variables latentes a été utilisée pour identifier les profils correspondant aux réponses IgE spécifiques ; ces profils étaient alors reliés à l’asthme, l’eczéma et le rhume des foins.
– Résultats :
- 221 enfants sur les 461 testés avaient une sensibilisation IgE pour un ou plusieurs composants allergéniques.
- 71 des 112 composants étaient reconnus par au moins 3 enfants.
- Par la méthode de modélisation des variables latentes, 61 composants allergéniques ont été classés en 3 groupes de composants (CG1, CG2 et CG3) ; chaque groupe étant constitué de familles protéiques exclusives.
- CG1 comprenait 27 composants issus de 8 familles protéiques des plantes.
- CG2 comprenait 7 composants des allergènes d’acariens de 3 familles protéiques.
- CG3 comprenait 27 composants des allergènes de plantes, animaux et moisissures, issus de 12 familles protéiques.
- Chaque CG incluait des composants de différentes sources biologiques ayant une homologie structurale ainsi que des protéines non homologues venant de la même source biologique.
- La sensibilisation au groupe CG3 était le plus fortement associé à l’asthme (odds ratio [OR], 8.20 ; 95% CI, 3.49-19.24 ; p<0,001) et à un DEP bas (p<0,001).
- La sensibilisation à CG1 était associée au rhume des foins (OR, 12.79 ; 95% CI, 6.84-23.90 ; p<0,001).
- La sensibilisation à CG2 était associé à la fois à l’asthme (OR, 3.60 ; 95% CI, 2.05-6.29) et au rhume des foins(OR, 2.52 ; 95% CI, 1.38-4.61).
– Conclusion :
- La modélisation des variables latentes avec un grand nombre de composants allergéniques permet d’identifier trois modèles de réponse IgE, chacun d’entre eux incluant différentes familles protéiques.
- Chez les enfants âgés de 11 ans, le profil de réponse à des composants d’allergènes multiples apparaît comme associé avec un asthme actuel et un rhume des foins, mais pas avec l’eczéma.
La puce multiallergénique ISAC est beaucoup utilisée pour des études épidémiologiques sur la sensibilisation des populations : 112 composants allergéniques peuvent être testés en une fois, ce qui permet de réaliser comme une photographie du profil de sensibilisation d’une cohorte.
Le but de cette étude était d’en modéliser les résultats en regroupant les composants, et d’analyser leur lien avec des pathologies allergiques comme l’asthme, l’eczéma, la rhinite allergique.
La réalisation de ces regroupements est assez obscure : certains groupes comprenant surtout des homologues de même famille protéique, d’autres associant des sources allergéniques et des familles diverses.
La sensibilisation au groupe comprenant les allergènes de pollens (CG1) était logiquement associée aux symptômes de rhume des foins. Le groupe 2 (CG2) comprenait des allergènes d’acariens, et était associé aux symptômes de rhinite et d’asthme.
Le groupe 3 (CG3) qui regroupait des panallergènes animaux et végétaux était le plus fortement associé à la rhinite et à l’asthme allergiques.
Ces regroupements d’allergènes cherchent à aider à l’interprétation des résultats, en établissant des corrélations cliniques.
Il est établi que le processus de sensibilisation commence le plus souvent par les allergènes spécifiques de la source, puis s’étend avec le temps aux allergènes croisants. L’IgE réactivité aux panallergènes est donc une preuve d’une forte sensibilisation, souvent plus ancienne. Il est donc tout à fait logique que ces profils de sensibilisation soient associés à plus de symptômes respiratoires, rhinite et asthme.
Cette étude, menée chez des enfants anglais de 11 ans, mériterait d’être comparée aux résultats obtenus sur d’autres populations. Quoi qu’il en soit, les résultats semblent logiques, et à défaut de puce multiplexe, la recherche d’IgE réactivités pour les panallergènes permet en pratique courante une bonne approche du profil de sensibilisation des patients.
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