Aspergillose ou asthme allergique ? Les IgE viennent à notre rescousse !

lundi 14 septembre 2015 par Dr Céline Palussière5626 visites

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Aspergillose ou asthme allergique ? Les IgE viennent à notre rescousse !

Aspergillose ou asthme allergique ? Les IgE viennent à notre rescousse !

lundi 14 septembre 2015, par Dr Céline Palussière

Diagnostic moléculaire allergologique de l’aspergillose broncho-pulmonaire allergique chez les patients japonais sensibilisés à Aspergillus fumigatus :

 Contexte :

  • La distinction entre les patients souffrant d’aspergillose broncho-pulmonaire allergique (ABPA) et les patients asthmatiques sensibilisés à Aspergillus fumigatus (Af) sans ABPA est parfois difficile à effectuer en raison de la réactivité croisée entre les IgE spécifiques pour Af et les autres allergènes fongiques.

 Objectifs :

  • Ils étaient de déterminer l’utilité d’un diagnostic moléculaire utilisant des composants allergéniques d’Af, dans la distinction entre l’ABPA et l’asthme par sensibilisation à Af sans ABPA.

 Méthodes :

  • Les séra de patients japonais souffrant d’ABPA (n=53) et de patients asthmatiques sensibilisés à Af sans ABPA (n=253) ont été étudiés.
  • Les taux d’IgE et IgG aux composants allergéniques de Af et les IgE de différents extraits allergéniques fongiques ont été mesurés par ImmunoCAP.
  • La notion de comorbidité en termes de dermatite atopique (DA) était prise en compte dans l’analyse du profil de sensibilisation.

 Résultats :

  • Les patients souffrant d’APBA avaient des taux significativement plus élevés d’anticorps IgE pour Asp f 1 et Asp f 2 que les patients asthmatiques sans ABPA.
  • Les aires sous la Courbe ROC pour les taux d’IgE pour Asp f 1 et Asp f 2 en tant que marqueurs diagnostiques d’ABPA étaient respectivement de 0,75 et 0,78.
  • La présence d’IgE spécifiques pour Asp f 1 et/ou pour Asp f 2 résultait dans une augmentation de sensibilité et une baisse de spécificité.
  • La comorbidité DA était associée avec un taux supérieur d’IgE spécifiques pour Asp f 6 (la superoxide-manganère-dismutase de Af, un panallergène ubiquitaire fongique) et des taux bas, mais positifs, d’IgE pour les autres composants d’Af, qui amélioraient la discrimination sérologique d’ABPA.

 Conclusions et pertinence clinique :

  • Les taux d’IgE spécifiques pour Asp f 1 et Asp f 2 permettent en effet de différencier l’ABPA de l’asthme allergique par sensibilisation à Af, ce qui suggère que les taux d’IgE spécifiques pour ces molécules sont des marqueurs pour une réelle sensibilisation dans l’ABPA.
  • La comorbidité DA doit toutefois être prise en compte dans l’interprétation des taux élevés d’Asp f 6.
  • L’établissement de profils de sensibilisation par l’utilisation d’un panel d’allergènes d’Af apporte une information valable pour distinguer une vraie sensibilisation d’une réactivité croisée chez les patients réactifs à Af.

Le dosage des IgE spécifiques d’Aspergillus fumigatus fait partie des éléments diagnostiques de l’aspergillose broncho-pulmonaire allergique. Le diagnostic repose sur un faisceau d’arguments cliniques, radiologiques, fonctionnels respiratoires et biologiques.

Or l’ABPA peut être une complication évolutive de l’asthme (jusqu’à 5%). Les critères diagnostiques cliniques et paracliniques peuvent se confondre, les deux pathologies reposant au départ sur un mécanisme allergique de type I. Seule l’ABPA se complique d’une réaction allergique de type 3.

Les recommandations actuelles pour le diagnostic d’ABPA reposent sur le dosage d’IgE totales (>1000U/ml), des éosinophiles (>1000/mm3), la sérologie aspergillaire positive (IgE et IgG), et en imagerie des opacités pulmonaires migratrices et des bronchestasies.

Cet article a cherché à évaluer l’apport de l’allergologie moléculaire dans le diagnostic différentiel de l’ABPA et de l’asthme, chez des sujets sensibilisés à Aspergillus fumigatus. Il existe en effet des réactions croisées fréquentes entre les allergènes fongiques, et une réactivité sérique ou cutanée pour Aspergillus peut aussi n’être que le signe d’une réaction croisée à un autre champignon.

Asp f 1 (ribonucléase) et Asp f 2 (protéine de liaison du fibrinogène) sont considérées comme spécifiques d’Aspergillus et permettraient donc de différencier une authentique sensibilisation à Aspergillus d’une réactivité générale aux allergènes fongiques.

Les résultats statistiques montrent toutefois que ces dosages manquent encore de spécificité. En parallèle, on note une association fréquente entre une réactivité biologique pour Asp f 6 et la dermatite atopique. Cet allergène n’est pas spécifique d’Aspergillus, il est au contraire un panallergène fongique, et semble donc être un marqueur du terrain atopique.

Cette étude souligne ainsi l’apport considérable de l’allergologie moléculaire dans le diagnostic des allergies de tous les types. Dans l’ABPA, pathologie rare et sévère, le diagnostic ne doit pas être retardé, et ce nouvel outil doit être pris en compte pour les patients asthmatique sensibilisés aux moisissures.

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