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L’allergie au latex n’est plus tendance !
lundi 21 septembre 2015, par
Diminution de la fréquence de la sensibilisation et de l’allergie clinique au latex naturel. : Michelle S. B. Blaabjerg1, Klaus E. Andersen1, Carsten Bindslev-Jensen1,2 andCharlotte G. Mortz1,2,*
dans Contact Dermatitis
Volume 73, Issue 1, pages 21–28, July 2015
– Contexte :
- Dans les années 80, une augmentation frappante de l’allergie au latex naturel a été constatée.
- Depuis lors, de nombreuses mesures ont été prises pour prévenir l’allergie au latex naturel.
– Objectifs :
- Etudier les variations de la prévalence de la sensibilisation et de l’allergie clinique au latex de 2002 à 2013.
– Méthodes :
- Tous les patients ayant subi un prick-test au latex au Département de Dermatologie et d’Allergologie, Hôpital universitaire d’Odense, ont été inclus dans cette étude (n = 8580).
- Chez les patients présentant une sensibilisation au latex, la pertinence clinique a été évaluée.
- En outre, les résultats des prick-tests positifs concomitants pour le pollen de bouleau ainsi que les symptômes et la sensibilisation liés à l’alimentation ont été enregistrés dans un sous-groupe de patients.
– Résultats :
- La prévalence de la sensibilisation au latex a diminué de 6,1% dans la période 2002-2005, de 1,9% dans la période 2006-2009, puis, de 1,2% dans la période 2010-2013 (p <0,0001).
- La prévalence de l’allergie clinique au latex a baissé de 1,3% entre 2002 à 2005, de 0,5-0,6% entre 2006 à 2013 (p <0,004).
- Parmi les patients sensibilisés au latex, 64% avaient une réaction positive concomitante au prick-test au pollen de bouleau et 52% avaient des antécédents de réaction orale pour les fruits ou les légumes liés.
– Conclusion :
- Notre étude montre une diminution statistiquement significative du nombre de patients sensibilisés ou cliniquement allergiques au latex.
- Beaucoup de patients sensibilisés au latex non symptomatiques avaient une sensibilisation concomitante au pollen de bouleau et signalaient un syndrome oral.
Les années 1980 ont vu l’arrivée d’une nouvelle allergie, l’allergie au latex. Celle-ci a été identifiée particulièrement chez les travailleurs de santé et chez les enfants multi-opérés atteints de spina bifida. La cause première de cette allergie est due à l’utilisation des gants ou d’autres objets en latex. Cette étude danoise pratiquée par l’équipe du service de Dermatologie et d’Allergologie de l’Hôpital Universitaire de la ville d’Odense avait pour objectif de mesurer l’évolution de la prévalence de l’IgE réactivité à l’encontre du latex, non symptomatique et symptomatique.
L’allergie au latex s’exprime par différentes formes cliniques.
On note les réactions respiratoires et dermatologiques propres aux personnels soignants, propres aux patients multi-opérés bien individualisées chez les enfants atteints de spina bifida, aux anaphylaxies peropératoires, et aussi, aux allergies croisées alimentaires.
Les progrès de l’allergologie moléculaire ont été décisifs dans la compréhension de ces différents tableaux cliniques.
L’IgE réactivité concernant Hev b 1 et 3 s’inscrit préférentiellement dans les contacts muqueux répétés (spina bifida).
Celle ayant trait à Hev b 5 et 6 sont en rapport surtout avec les contacts cutanés et/ou respiratoires (personnels de santé).
Enfin, la réactivité préférentielle à Hev b 6 commande un risque d’allergie alimentaire aux fruits exotiques mais pas seulement.
Sans revenir en détail sur les résultats, nous pouvons les résumer ainsi.
De la période 2002-2005 à la période 2010-2013, la prévalence de l’IgE réactivité non symptomatique passe de 6,1 à 1,2% de façon significative.
Cette même comparaison temporelle pour la prévalence de l’IgE réactivité symptomatique passe significativement de 1,3 à 0,5-0,6%.
A noter, pour le sous-groupe bouleau, que parmi les patients présentant une IgE réactivité latex non symptomatique, 64% d’entre eux avaient un prick-test positif au pollen de bouleau, ce qui peut exprimer ici une réactivité vis-à-vis de la profiline (réactivité croisée entre Hev b 8 et Bet v 2).
Parmi ces 64% du sous-groupe bouleau, 52% signalaient un syndrome oral lors de la consommation des fruits et légumes propre à la réactivité croisée via les PR-10.
Il faut se souvenir qu’il n’y a pas de PR-10 dans le latex.
La réactivité à la PR-10 s’inscrit donc ici chez ces patients réactifs au latex comme une co-sensibilisation et donc plutôt chez des atopiques ce qui est le cas des sensibilisations professionnelles.
Ce travail confirme bien ce que nous, Allergologues de terrain, avions constaté, la diminution de l’IgE réactivité au latex dans les populations à risque.
Nous voulons bien croire que les mesures drastiques d’éviction du latex, particulièrement dans le milieu des soignants et chez les patients multi-opérés, ont été salvatrices.
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