Œsophagite à éosinophiles saisonnière : mythe ou réalité ?

mercredi 21 octobre 2015 par Dr Alain Thillay1009 visites

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Œsophagite à éosinophiles saisonnière : mythe ou réalité ?

Œsophagite à éosinophiles saisonnière : mythe ou réalité ?

mercredi 21 octobre 2015, par Dr Alain Thillay

Distribution saisonnière du diagnostic initial et des recrudescences cliniques de l’œsophagite à éosinophiles : revue systématique et méta-analyse. : Lucendo AJ, Arias Á, Redondo-González O, González-Cervera J.

Seasonal distribution of initial diagnosis and clinical recrudescence of eosinophilic esophagitis : a systematic review and meta-analysis.

dans Allergy 2015 ; DOI : 10.1111/all.12767.

 Contexte :

  • L’association entre la saisonnalité et le diagnostic et/ou recrudescence de l’œsophagite à éosinophiles reste incertain, certaines études démontrant un taux de diagnostic plus élevé dans les mois à forte charge d’aéroallergènes tandis que d’autres excluant cette association.

 Méthodes :

  • Nous avons effectué une recherche systématique des bases de données Medline, Embase et SCOPUS concernant les études sur la saisonnalité du diagnostic initial ou de la recrudescence (impaction alimentaire) de l’œsophagite à éosinophiles.
  • Des estimations récapitulatives, y compris les intervalles de confiance à 95%, ont été calculées pour la variation saisonnière du diagnostic ou de l’incidence de l’impaction du bol alimentaire.
  • Un modèle de méta-analyse de régression à effets aléatoires a été utilisé à l’aide des données agrégées de comparaison de la saisonnalité du diagnostic et de la recrudescence de l’œsophagite à éosinophiles.
  • Les risques de biais de publication ont été évalués au moyen de l’analyse du graphique en entonnoir « funnel plot ».

 Résultats :

  • Des 1078 références trouvées, les données ont finalement été collectées à partir de 18 études qui comprenaient un total de 16 846 patients atteints d’œsophagite à éosinophiles.
  • De tous les nouveaux cas d’œsophagite à éosinophiles diagnostiqués chaque année, 27,1% l’ont été au printemps et 21,5% en hiver.
  • Aucune différence statistique globale de la répartition saisonnière annuelle des cas nouvellement diagnostiqués n’a été observée dans le modèle de méta-analyse de régression à effets aléatoires (P = 0,132).
  • De même, une répartition homogène des épisodes de recrudescence au long de l’année a été noté sans aucune différence significative entre les saisons (P = 0,699). -* Pas de biais de publication significatif retrouvé.

 Conclusions :

  • Cette revue systématique ne met pas en évidence de variations saisonnières significatives de la répartition du diagnostic et de la recrudescence, au long de l’année, de l’œsophagite à éosinophiles.

L’œsophagite à éosinophiles a été décrite pour la première fois en 1978, cliniquement caractérisée en 1994. Une nomenclature largement acceptée par la communauté des chercheurs a été établie en 2007 et mise à jour en 2011. Antérieurement, les patients atteints d’œsophagite à éosinophiles étaient incorrectement diagnostiqués comme souffrant d’un reflux gastro-œsophagien.

L’œsophagite à éosinophiles est définie comme une inflammation chronique de l’œsophage induite par un allergène qui se caractérise, sur le plan clinique, par des symptômes de dysfonctionnement œsophagien dont le principal est l’impaction du bol alimentaire, par une infiltration par un nombre important d’éosinophiles de la muqueuse épithéliale et par l’absence de la réponse à 8 semaines d’un traitement par IPP.

Des études montrent que les patients atteints d’œsophagite à éosinophiles présentent une IgE réactivité pour les trophallergènes mais aussi pour les aéroallergènes et qu’une large fraction d’entre eux avait déjà subi une anaphylaxie alimentaire.

Certains de ces travaux suggéraient l’implication d’une allergie à 3 voire 6 trophallergènes, ce qui, dans l’esprit de certains chercheurs, évoquait une forme clinique de l’allergie alimentaire sévère.

Il a aussi été évoqué que l’IgE réactivité mixte, aéroallergènes et trophallergènes, trouverait sa cause dans les réactions croisées entre ces deux types d’allergènes.

Nombre d’études ont suggéré qu’il existerait une saisonnalité du diagnostic de l’œsophagite à éosinophiles et de ses poussées se traduisant par l’impaction alimentaire.

Les auteurs espagnols de cette méta-analyse ont voulu vérifier cette hypothèse.

Il faut souligner que sur les 1078 références sélectionnées seules 18 études répondaient correctement aux critères de sélection réunissant 16 846 patients atteints d’œsophagite à éosinophiles.

Cette analyse est soigneuse quant au recours aux statistiques médicales, elle ne montre pas l’influence d’un facteur saisonnier sur le diagnostic ou sur la recrudescence de l’œsophagite à éosinophiles suggérant ainsi que l’IgE réactivité aux aéroallergènes n’est qu’une sorte de témoin d’un terrain atopique ouvrant en grand les possibilités de l’implication de l’allergie alimentaire.

Ainsi, l’allergologie se découvre une nouvelle expression clinique de l’allergie IgE dépendante, et, l’allergologue se trouve ainsi sollicité par un nouveau correspondant le gastro-entérologue.

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