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Les corticoïdes inhalés chez l’enfant sont-ils dangereux ? Faites une knémométrie !
jeudi 22 octobre 2015, par Dr Philippe Carré
Corticoïdes inhalés à particules extra-fines, pharmacocinétique et activité systémique chez les enfants asthmatiques : Ole D. Wolthers*
DOI : 10.1111/pai.12491
dans Vol. 26 Issue 7
Pediatric Allergy and Immunology
– Contexte :
- Ces dernières années, les corticoïdes inhalés à particules extra-fines (CIPEF), avec un diamètre aérodynamique moyen ≤ à 2 µm, ont été introduits dans le traitement de l’asthme
- Le but de ce travail était de faire le point sur les données de pharmacocinétique et d’activité systémique des aérosols doseurs pressurisés inhalés (ADPi) à particules extra-fines de type hydrofluoroalcane chez l’enfant : le ciclésonide et le dipropionate de béclométasone.
– Méthodes :
– Résultats :
- La biodisponibilité systémique de la déposition orale et pulmonaire du ciclésonide et du propionate de béclométasone en particules extra-fines était de 52% et 82% respectivement, la demi-vie sérique de 3.2 et 1.5 heure, et le métabolisme du premier passage hépatique supérieur à 99% et 60% respectivement
- Les analyses secondaires de l’excrétion urinaire du cortisol rapporté à la créatinine ne retrouvaient pas d’effet de l’ADPi de ciclésonide entre 40 et 320 µg/jour ou de l’ADPi de propionate de béclométasone entre 80 et 400 µg/jour
- L’ADPi de ciclésonide à 40, 80 et 160 µg/j n’entraînait pas d’effet sur le taux de croissance du membre inférieur gauche à court terme, comme affirmé par la knémométrie
- Le ciclésonide à 320 µg/j était associé à une suppression de la croissance à court terme de 30%, qui était semblable à une suppression de 25 et 36% en rapport avec le dipropionate de béclométasone HFA et CFC 200 µg/j, respectivement.
– Conclusions :
- En cohérence avec les différences de caractéristiques pharmacocinétiques, le dipropionate est associé à une activité systémique détectée par knémomètrie, à une dose plus basse que le ciclésonide
- Savoir si cela est corrélé à une différence clinique importante reste à explorer
- L’étude de l’activité systémique de la béclométasone < 200 µg/j et du ciclésonide > 180 µg/j, de même que les comparaisons entre eux, sont nécessaires
- De façon préférentielle, ces études devraient être réalisées par la méthode sensible de knémométrie.
Cette étude très technique est une revue de la littérature (par PubMed, MEDLINE et la Cochrane Library) qui visait à faire le point sur la pharmacocinétique et l’activité systémique, basées sur des mesures de la fonction adrénergique hypothalamo-pituitaire et de la croissance à court terme, des corticoïdes inhalés (CI) à particules extra-fines chez les enfants asthmatiques. L’étude de la croissance était réalisée par knémométrie, une technique spécifique qui étudie la croissance au niveau de la jambe gauche.
Ils se sont particulièrement intéressés au Ciclosénide, dont il a été suggéré que les caractéristiques pharmacocinétiques pouvaient différer des autres CI (rétention pulmonaire, estérification, fixation protéique plasmatique élevée, clearance rapide) et favoriser ainsi une prise unique quotidienne. Mais il apparaît que ce qui définit la sévérité de l’activité systémique des CI est la concentration du médicament au niveau du récepteur glucocorticoïde dans les autres tissus que le poumon.
Un autre point important concerne le type de CI, notamment l’utilisation d’un support ADPi de type hydrofluoroalkane qui délivre une fraction importante du médicament au niveau pulmonaire par rapport à un ADPi de type chlorofluorocarbone.
L’analyse montre que :
- la biodisponibilité systémique de la déposition du ciclésonide et du propionate de béclométasone en particules extra-fines était de 52% et 82% respectivement, la demi-vie sérique de 3.2 et 1.5 heure, et le métabolisme du premier passage hépatique supérieur à 99% et 60% respectivement
- l’excrétion urinaire du cortisol ne retrouvait pas d’effet du ciclésonide entre 40 et 320 µg/jour ou de l’ADPi de propionate de béclométasone entre 80 et 400 µg/jour
- l’ADPi de ciclésonide à 40, 80 et 160 µg/j n’entraînait pas d’effet sur le taux de croissance du membre inférieur gauche à court terme, comme affirmé par la knémomètrie
- le ciclésonide à 320 µg/j était associé à une suppression de la croissance à court qui était semblable à la suppression en rapport avec le dipropionate de béclométasone HFA et CFC.
Le profil pharmacocinétique de la béclométasone en particules extra-fines est associé avec une activité systémique plus élevée à une dose plus faible que le ciclésonide, mais l’observation d’une suppression de la croissance chez les enfants traités par ciclésonide 320 µg/j suggère qu’il y a une activité systémique décelable du médicament.
Ces différences ont-elles un réel impact au niveau clinique ? Cela reste à démontrer pour les auteurs. Des études comparatives, avec différents CI et à des doses différentes, sont nécessaires, en utilisant des méthodes d’analyse fiables et spécifiques.