Conséquences des évictions alimentaires sur le comportement ultérieur…

vendredi 11 décembre 2015 par Dr Cécilia Nocent1946 visites

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Conséquences des évictions alimentaires sur le comportement ultérieur…

Conséquences des évictions alimentaires sur le comportement ultérieur…

vendredi 11 décembre 2015, par Dr Cécilia Nocent

Régime d’exclusion du lait de vache pendant l’enfance : est ce que cela influence à long terme le comportement alimentaire des enfants et leurs préférences ? : Kate Maslin1,2,*, Jane Grundy1, Gillian Glasbey1, Tara Dean1,2, Syed Hasan Arshad1,3, Kate Grimshaw3, Erin Oliver3, Graham Roberts3 andCarina Venter1,2
DOI : 10.1111/pai.12513

dans Vol. 26 Issue 7
Pediatric Allergy and Immunology

 Contexte :

  • Les restrictions alimentaires pendant l’enfance peuvent influencer plus tard les comportements alimentaires.
  • Le but de cette étude est de déterminer si un régime d’éviction du lait de vache (RELV) pendant l’enfance affecte les habitudes alimentaires plus tard dans l’enfance une fois que le lait de vache a été réintroduit dans le régime alimentaire.

 Méthodes :

  • Les enfants ont été recrutés à partir de deux grandes cohortes de naissance de Grande Bretagne.
  • Un petit nombre de participants a été recruté dans une clinique d’allergologie.
  • Deux groupes ont été constitués : un groupe expérimental d’enfants ayant eu un RELV dans l’enfance et un groupe contrôle qui a reçu un régime alimentaire sans éviction dans l’enfance.
  • Les parents et les enfants ont rempli des questionnaires s’intéressant aux comportements alimentaires et aux préférences alimentaires.

 Résultats :

  • 101 enfants d’âge moyen 11.5 ans ont été recrutés (28 RELV et 73 contrôles).
  • Le groupe RELV a un score significativement plus élevé de « lenteur de repas » et de construction de « comportement d’éviction alimentaire » (p<0.001).
  • Le nombre d’aliments évités et de symptômes étaient associés avec un haut niveau de comportement d’éviction alimentaire (p<0.05).
  • Le groupe RELV rapporte un goût significativement moins développé que le groupe contrôle pour un certain nombre d’aliments quotidiens comme le beurre, la crème, le chocolat, le lait entier et les crèmes glacées (p<0.05), alors qu’on ne retrouve pas de différence significative pour les autres catégories d’aliments.
     Conclusion :
  • Cette étude démontre qu’un régime alimentaire sans lait de vache pendant l’enfance a des effets persistants à long terme sur les habitudes alimentaires et les préférences alimentaires.
  • Pour diminuer les futurs comportements alimentaires néfastes, les régimes d’éviction des enfants ont besoin d’être aussi variés que possible et la réintroduction des produits laitiers doit être surveillée étroitement.

Cette étude anglaise sérieuse publiée dans Pediatric Allergy and Immunology s’intéresse aux conséquences à long terme d’un régime d’éviction du lait de vache dans l’enfance.

Les auteurs ont comparé un groupe d’enfants recevant dans l’enfance un régime alimentaire sans éviction à un groupe d’enfants recevant un régime alimentaire dans l’enfance sans lait de vache. Ils ont ensuite étudié, lorsque le lait de vache était réintroduit, s’il existait des modifications du comportement alimentaire entre les deux groupes d’enfants et des différences dans les goûts et appétences pour certains aliments entre ces deux groupes d’enfants.

Les auteurs ont retrouvé que les enfants ayant reçu un régime d’éviction avaient des modifications du comportement alimentaire avec une tendance à des repas plus lents et des comportements d’évitements de certains aliments. Ils ont remarqué également que ces enfants avaient un goût moins développé et une appétence moindre pour le beurre, la crème, le chocolat, le lait entier et les crèmes glacées.

A l’issue de cette étude, les auteurs concluent que les régimes d’évictions doivent être surveillés et encadrés afin de limiter ces modifications du comportement alimentaire.

Cette étude est intéressante car cela montre qu’il n’est jamais anodin de soumettre un enfant à un régime alimentaire avec des évictions et que cela aura des répercutions à long terme chez cet enfant. Cela dit, il existe une différence fondamentale entre un régime d’éviction dicté par des problèmes vrais d’allergie alimentaire qui malheureusement ne laissent pas vraiment le choix et un régime d’évictions alimentaires dicté par des croyances plus ou moins à la mode qui peut carencer les enfants et effectivement modifier à long terme leur comportement alimentaire (avec peut-être des conséquences graves comme l’anorexie…).

Cette étude laisse entendre qu’il faut favoriser un régime le plus équilibré possible pour limiter les dérives de comportements alimentaires mais un esprit mal tourné pourrait imaginer que le fait de supprimer certains aliments dans l’enfance pourrait permettre d’éviter le goût plus tard pour les aliments pouvant potentiellement favoriser l’obésité (chocolat, crèmes glacées…). En poussant le raisonnement à l’extrême, on pourrait conclure qu’il ne faut plus donner certains aliments aux enfants pour limiter l’explosion de l’obésité !!! Mais que penser des carences en calcium par exemple chez des enfants en pleine croissance ne recevant aucun produit laitier ?

Le message de cette étude est donc de s’assurer de limiter les évictions alimentaires uniquement aux allergies prouvées sans suivre les modes alimentaires… et de rester vigilants lors des réintroductions alimentaires.

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