Quoi qu’on en dise, en matière de risque à long terme, la pollution aérienne n’oublie pas le nombre des années.

lundi 4 avril 2016 par Dr Philippe Carré855 visites

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Quoi qu’on en dise, en matière de risque à long terme, la pollution aérienne n’oublie pas le nombre des années.

Quoi qu’on en dise, en matière de risque à long terme, la pollution aérienne n’oublie pas le nombre des années.

lundi 4 avril 2016, par Dr Philippe Carré

Exposition très ancienne à la pollution aérienne et risques de mortalité à long terme en Angleterre et au Pays de Galles : étude de cohorte prospective longitudinale. : Anna Hansell1,2, Rebecca E Ghosh1, Marta Blangiardo1, Chloe Perkins5, Danielle Vienneau1,3,4, Kayoung Goffe1, David Briggs5, John Gulliver1

dans Thorax 2016 ;71:330-338 doi:10.1136/thoraxjnl-2015-207111

 Introduction :

  • L’exposition à long terme à la pollution aérienne contribue à la mortalité, mais il y a peu d’études qui examinent les effets des expositions à très long terme (plus de 25 ans).

 Méthodes :

  • Cette étude a évalué les concentrations modélisées de la pollution aérienne, pour les années 1971, 1981, 1991 (fumées noires :FN et SO2) et l’année 2001 (PM10), par rapport à la mortalité jusqu’en 2009, chez 367 658 membres de l’étude de surveillance longitudinale, un échantillon de 1% du recensement anglais
  • Les variables étudiées étaient la mortalité de toutes causes (non accidentelles), de causes cardiovasculaire (CV) et respiratoire.

 Résultats :

  • Les expositions aux FN et au SO2 restaient associées à la mortalité après des décades d’exposition – l’exposition aux FN en 1971 était significativement associée à la mortalité globale de toutes causes (OR 1.02 (IC à 95% 1.01 à 1.04)) et de cause respiratoire (OR 1.05 (IC à 95% 1.01 à 1.09)) entre 2002 et 2009 (Ors exprimés par 10 μg/m3)
  • Les tailles d’effet les plus importantes étaient constatées pour les expositions les plus récentes et pour les maladies respiratoires
  • L’exposition aux PM10 en 2001 était associée à toutes les variables entre 2002 et 2009, avec des associations plus fortes pour la mortalité respiratoire (OR 1.22 (IC à 95% 1.04 à 1.44)) que cardiovasculaire (OR 1.12 (IC à 95% 1.01 à 1.25))
  • Après ajustement des PM10 aux expositions passées aux FN et au SO2 en 1971, 1981 et 1991, il y avait une diminution des OR de mortalité de toutes causes à 1.16 (IC à 95% 1.07 à 1.26) alors que les associations CV et respiratoire perdaient de leur signification, suggérant un facteur confondant avec l’exposition aérienne passée, mais il n’y avait pas d’évidence pour une modification de l’effet
  • Les limitations de cette étude incluent une information limitée sur l’interaction avec le tabagisme, et une mauvaise classification des expositions très anciennes.

 Conclusions :

  • Cette grande étude nationale suggère que l’exposition à la pollution aérienne a des effets à long terme sur la mortalité qui persistent des décennies après l’exposition, et que les expositions à des pollutions très anciennes influencent les estimations habituelles de l’association entre la pollution aérienne et la mortalité.

Cette étude de population est une des plus longues études au long cours qui s’est intéressée aux effets de la pollution aérienne, en utilisant les estimations de la pollution de l’air de façon indépendante à de multiples moments, dans une grande cohorte de près de 370.000 sujets suivis pendant 38 ans.

Les auteurs montrent que, en Angleterre et au Pays de Galles, les très anciennes expositions aux FN et au SO2 étaient associées à des risques de mortalité augmentés, qu’elle soit de toutes causes confondues, ou de cause CV ou respiratoire ; les risques de mortalité associés à une exposition donnée diminuaient généralement au cours du temps.

L’analyse de sous-groupes montrait les risques plus élevés de mortalité pour la BPCO et le cancer du poumon.

En ajustant pour les expositions passées aux FN et au SO2, il y avait des associations de mortalité légèrement plus faibles avec l’exposition récente aux particules PM10, suggérant un facteur confondant, mais il n’y avait pas d’évidence claire que des expositions plus élevées à la pollution dans la vie précoce entraînait une susceptibilité plus grande ou plus faible aux PM10 (effet modificateur).

Il y a des discordances dans la littérature quant aux associations entre la pollution et la survenue de pathologies ; la grande étude européenne ESCAPE a trouvé des associations avec le risque de mortalité globale, mais pas d’origine respiratoire ou CV ; les raisons n’en sont pas claires, mais peuvent être liées aux différences de pratique des certificats de décès entre les pays concernés.

Cette étude est intéressante car elle suggère que la relation entre la mortalité et l’exposition aux PM10 était intriquée à l’exposition passée, en ce sens que les expositions polluantes aériennes anciennes sont associées de façon indépendante à la fois à l’exposition aux PM10 et aux résultats de mortalité, ce qui suggère que de ne pas tenir compte des expositions anciennes affectera le risque observé pour les expositions les plus récentes, bien que son impact global soit faible.

Cette étude suggère au total que l’exposition à la pollution aérienne peut avoir un impact prolongé sur le risque de mortalité, mais que les expositions les plus récentes sont associées à des risques relatifs plus élevés que les expositions anciennes.

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