Pour avoir moins de neutrophiles dans l’expectoration quand on est asthmatique, c’est simple : il suffit d’être une femme, encore jeune, obèse et sous pilule !

jeudi 28 avril 2016 par Dr Philippe Carré981 visites

Accueil du site > Maladies > Asthme > Pour avoir moins de neutrophiles dans l’expectoration quand on est (…)

Pour avoir moins de neutrophiles dans l’expectoration quand on est asthmatique, c’est simple : il suffit d’être une femme, encore jeune, obèse et sous pilule !

Pour avoir moins de neutrophiles dans l’expectoration quand on est asthmatique, c’est simple : il suffit d’être une femme, encore jeune, obèse et sous pilule !

jeudi 28 avril 2016, par Dr Philippe Carré

Les hormones sexuelles et l’inflammation systémique sont des modulateurs du phénotype asthme-obésité. : Scott HA, Gibson PG, Garg ML, Upham JW, Wood LG.

Sex hormones and systemic inflammation are modulators of the obese-asthma phenotype.

dans Allergy 2016 ; DOI : 10.1111/all.12891.

 Contexte :

  • A la fois l’inflammation systémique et les hormones sexuelles ont été proposées comme médiateurs potentiels du phénotype asthme-obésité
  • Le but de cette étude était d’examiner les associations entre les hormones sexuelles, l’utilisation de la pilule orale contraceptive (POC), l’inflammation systémique et l’inflammation des voies aériennes chez des adultes asthmatiques.

 Méthodes :

  • Des femmes obèses (n=39) et non obèses (n=42), et des hommes obèses (n=24) et non obèses (n=25), tous asthmatiques, ont été recrutés
  • Les femmes étaient en plus distinguées en âge de procréer (< à 50 ans ;n=36) ou plus âgées (> 50 ans ; n=45)
  • Treize (36.1%) des femmes en âge de procréer utilisaient une PCO
  • Les sujets participant avaient une mesure des comptes cellulaires des expectorations induites, et un dosage sanguin des hormones sexuelles et de marqueurs d’inflammation.

 Résultats :

  • Les femmes obèses en âge de procréer avaient des pourcentages de neutrophiles dans l’expectoration plus élevés que les femmes non obèses en âge de procréer (45.4 ± 24.3% vs 27.5 ± 17.5%, p=0.016) ; cependant, il n’y avait pas de différence de neutrophiles dans l’expectoration chez les hommes obèses par rapport aux hommes non obèses (p=0.620) ou chez les femmes plus âgées (p=0.087)
  • L’analyse en régression linéaire multiple montrait que la testostérone et l’utilisation de la PCO étaient des éléments prédictifs négatifs du pourcentage de neutrophiles dans l’expectoration, alors que la CRP et l’IL-6 étaient des éléments prédictifs positifs du pourcentage de neutrophiles dans l’expectoration
  • L’index de masse corporelle (IMC) et l’âge n’étaient pas des éléments prédictifs significatifs en modèle multi varié
  • Les femmes en âge de procréer et prenant une PCO avaient des pourcentages de neutrophiles dans l’expectoration significativement plus bas que celles ne prenant pas de PCO (23.2 ± 12.6% vs 42.1 ± 23.8%, p=0.015).

 Conclusions :

  • Cette étude suggère que les hormones sexuelles et l’inflammation systémique peuvent être des médiateurs du phénotype asthme-obésité
  • La mise en évidence que la PCO était associée à un pourcentage plus faible de neutrophiles dans l’expectoration chez les femmes en âge de procréer nécessite des investigations supplémentaires.

Cette étude transversale australienne s’est intéressée au rôle des hormones sexuelles et de l’inflammation dans le phénotype asthme-obésité ; elle a été réalisée chez des hommes (n-49) obèses ou non, et des femmes (n-81) obèses ou non, en âge de procréer ou non, sous pilule contraceptive orale (PCO) ou non, tous asthmatiques.

Elle démontre qu’à la fois les concentrations circulantes de la testostérone et l’utilisation de la PCO sont inversement associées à l’inflammation bronchique à neutrophiles, alors que la CRP et l’IL-6 sont associées à cette inflammation à neutrophiles, chez les hommes et les femmes asthmatiques.

De plus, les femmes en âge de procréer et utilisant la PCO avaient moins de neutrophiles que celles n’utilisant pas la PCO, bien qu’ayant un IMC identique et une CRP plus élevée.

Alors que cette étude montre une association entre l’obésité et les neutrophiles dans l’expectoration, cette relation n’existe plus dans le modèle de régression linéaire multiple, après ajustement pour les hormones sexuelles, l’inflammation systémique et l’utilisation de la PCO. Mais l’obésité était définie uniquement par l’IMC et non par des mesures plus précises comme l’adiposité, qui peut être différente entre les femmes jeunes et les femmes plus âgées.

Etant donné que le phénotype asthme-obésité existe surtout chez les femmes ayant un asthme non atopique et non éosinophilique , ces résultats soulignent l’importance des hormones sexuelles et de l’inflammation systémique en relation avec ce phénotype. D’autres études sur les marqueurs du poids (quantité de tissu adipeux) et l’utilisation de la PCO sont à conduire chez les femmes en âge de procréer, pour évaluer leur rôle dans la prise en charge de l’inflammation à neutrophiles des voies aériennes et des symptômes asthmatiques dans cette population spécifique.