Science divinatoire et expectoration : de l’art de lire le devenir d’un asthme dans les crachats !

mercredi 22 janvier 2003 par Dr Stéphane Guez2193 visites

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Science divinatoire et expectoration : de l’art de lire le devenir d’un asthme dans les crachats !

Science divinatoire et expectoration : de l’art de lire le devenir d’un asthme dans les crachats !

mercredi 22 janvier 2003, par Dr Stéphane Guez

Le traitement de l’asthme pourrait sembler facile, et certains aimeraient qu’une association unique pour tout le monde d’un corticoïde avec un béta2mimétique règle le problème. Malheureusement il n’en est rien. Pourquoi des asthmatiques sont-ils toujours symptomatiques ?

Inflammation éosinophile dans l’expectoration de patients asthmatiques mal contrôlés. : Romagnoli M, Vachier I, Tarodo de la Fuente P, Meziane H, Chavis C, Bousquet J, Godard P, Chanez P.
Clinique des Maladies Respiratoires, Institut National de la Sante et de la recherche medicale U454, Centre Hospitalier Universitaire-Montpellier, Hopital Arnaud de Villeneuve, Montpellier, France
dans Eur Respir J 2002 Dec ;20(6):1370-7

En dépit d’un traitement complet efficace, les patients asthmatiques présentent souvent un asthme mal contrôlé.

L’éosinophilie des voies aériennes est associée à l’asthme, mais sa relation avec le contrôle de l’asthme est encore inconnue.

Pour étudier cette relation entre éosinophilie des voies aériennes et contrôle de l’asthme, les marqueurs cellulaires et biologiques de l’inflammation bronchique ont été mesurés chez 19 sujets ayant un asthme mal contrôlé, 16 patients ayant un asthme bien contrôlé et 8 patients témoins normaux volontaires.

La sévérité de l’asthme était persistant léger à modéré chez 23 patients (14 mal contrôlés) et sévère dépendant de la prednisone chez 12 patients (5 mal contrôlés).

L’expectoration induite a été analysée avec comptage cellulaire total et formule cellulaire, dosage des leucotriènes E4 (LTE4), dosage de l’ECP, du RANTES et IL8.

L’éosinophilie de l’expectoration, le LTE4, ECP et le taux de RANTES (mais pas celui de l’IL8), sont significativement plus élevés chez les patients ayant un asthme mal contrôlé par rapport aux patients ayant un asthme bien contrôlé.

En contraste, les cellules et les marqueurs de l’inflammation ne sont pas différents parmi les patients avec différents degrés de sévérité.

Ces résultats suggèrent que l’éosinophilie de l’expectoration est associée à un asthme mal contrôlé plutôt qu’à la sévérité de l’asthme.


Les auteurs de ce travail démontrent que l’éosinophilie de l’expectoration chez l’asthmatique est corrélée, de même que les taux de LTE4, d’ECP et RANTES, au contrôle de l’asthme et non à sa sévérité.

Ainsi, il apparaît que c’est l’asthme mal contrôlé plus que le niveau de sévérité de l’asthme qui est responsable de la persistance d’une inflammation bronchique.

Ainsi le taux des éosinophiles est un bon marqueur de ce non contrôle malgré une bonne prise en charge thérapeutique.

Cela veut donc dire qu’il faut développer de nouveaux traitements de prise en charge de l’inflammation d’autant que les corticoïdes ne sont pas totalement efficaces. Cela prouve en particulier l’intérêt d’associer des antileucotriènes pour contrôler l’augmentation des LTE4.

Il faudrait également des traitements qui puissent agir sur l’afflux et l’activation des éosinophiles.

Il est intéressant de rappeler que la désensibilisation chez l’asthmatique allergique peut agir sur le taux des éosinophiles en le diminuant.

Plus que jamais, l’asthme apparaît comme une maladie difficile à traiter, d’origine plurifactorielle et nécessitant donc une multiplicité des abords thérapeutiques pour en contrôler toutes les facettes inflammatoires.

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