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Après le fast-food, la fast-désensibilisation pour les « pressés » de l’allergie aux antibiotiques !!
samedi 8 février 2003, par
L’allergie aux antibiotiques peut s’explorer mais demande du temps. Mais parfois la situation infectieuse nécessite une réponse rapide. Peut-on alors réaliser des protocoles de désensibilisation rapide aux antibiotiques ?
Désensibilisation par rush aux antibiotiques : méthode et intérêt thérapeutique sur une série de 110 patients. : J.L. Brunet, G.J.N. Cozon, & D. Peyramond dans Allergy & ClinicalImmunology International 2002, Vol. 14, No. 5
La désensibilisation rapide aux antibiotiques va être de plus en plus fréquente actuellement en raison de l’augmentation des résistances des bactéries, avec augmentation parallèle des intolérances et allergies à de nombreuses classes d’antibiotiques.
Cette situation est particulièrement difficile pour le clinicien confronté souvent à l’urgence infectieuse, à la multiplicité des symptômes chez des patients souvent traités avec plusieurs molécules, à l’absence de mécanisme pathogénique simple et à l’absence de tests in vitro fiables.
Dans ce travail, les auteurs présentent le résultat de leur pratique de la désensibilisation par rush vis-à-vis des antibiotiques chez 110 patients, chez lesquels le diagnostic d’allergie a été basé sur l’histoire clinique et les tests cutanés.
Le protocole de désensibilisation utilise la voie veineuse en raison d’une mauvaise tolérance par voie digestive.
Pour réduire les échecs de la désensibilisation par des cofacteurs de l’allergie, des anti-histaminiques et des mesures diététiques ont toujours été mises en place parallèlement à la désensibilisation.
– Résultats :
* La désensibilisation a été efficace chez 96 patients (88%) qui ont pu recevoir la totalité du traitement pendant plus de 15 jours.
* 14 échecs (12%) ont été rapportés.
– Conclusions :
* La désensibilisation spécifique aux antibiotiques est maintenant un traitement de routine dans le service de ces auteurs.
* L’histoire clinique et les tests cutanés sont importants pour établir le diagnostic de l’allergie médicamenteuse.
* L’association a une prémédication et à un régime particulier explique certainement les bons résultats de cette étude.
Dans ce travail les auteurs rapportent le résultat d’une désensibilisation en rush à des antibiotiques chez des patients allergiques avec un bon résultat dans 88% des cas et un échec dans 12% des cas.
Ce travail confirme des données déjà anciennes concernant l’efficacité de protocoles dits de désensibilisation vis-à-vis des antibiotiques.
Cette série est cependant importante avec de très bons résultats, alors que jusqu’à présent il y avait surtout dans la littérature des cas isolés et avec peu de patients.
Il faut cependant préciser qu’il ne s’agit pas d’une désensibilisation (qui est un traitement curatif) mais d’une induction de tolérance : si le patient au terme de l’augmentation progressive des doses peut prendre le médicament, à l’arrêt de celui-ci une fois son affection guérie, le patient reste allergique et ne pourra reprendre ce même médicament que s’il fait à nouveau un protocole d’induction de tolérance.
Il s’agit donc d’un traitement symptomatique permettant de traiter une maladie infectieuse un jour donné.
On est par ailleurs surpris de la notion par les auteurs d’une meilleure tolérance par voie IV alors que la voie digestive serait moins bien tolérée. Comme les patients se sensibilisent aux antibiotiques lors de traitements par voie orale, et que toutes les molécules n’existent pas à la fois sous forme orale et parentérale, on peut se demander si c’est bien à la molécule responsable de l’allergie du patient que celui-ci a eu un induction de tolérance.
Enfin, l’efficacité des antihistaminiques peut amener à suspecter un mécanisme de réaction médicamenteuse non spécifique et non d’allergie vraie chez un certain nombre de patients.
Il reste cependant intéressant de rappeler la possibilité de réalisation de ces protocoles d’induction de tolérance dans des situations d’impasse thérapeutique chez des patients rapportant une histoire d’allergie à de nombreux antibiotiques.
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