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Les leucotriènes : nouveau bouc émissaire des physiopathologistes ignorants ?
dimanche 9 février 2003, par
L’intolérance à l’aspirine est une affection mystérieuse qui affecte de nombreuses personnes mais dont le mécanisme reste énigmatique. On parle souvent de la responsabilité d’une augmentation de production des leucotriènes : qu’en est-il vraiment.
Variation des taux urinaires de leucotriènes E4 chez les patients intolérants à l’aspirine. G. Kanny, B. Chenuel, J. Sainte-Laudy, & D.A. Moneret-Vautrin dans Allergy & Clinical Immunology International 2002, Vol. 14, No. 5
Le taux des leucotriènes urinaires (LTE4) reflète la synthèse endogène des leucotriènes cystéinées.
Le but de ce travail a été de déterminer si le taux basal et ou le taux après un test de provocation oral par l’aspirine, est un marqueur biologique de l’intolérance à l’aspirine.
– Méthodes :
* Les taux urinaire de LTE4 avant et après un test oral à l’aspirine ont été effectués chez 52 patients suspects d’intolérance à l’aspirine, et présentant une urticaire chronique ou des oedèmes (35), ou une polypose nasale isolée (8) ou associée à un asthme (6) ou à une réaction anaphylactique (3) ainsi qu’à un groupe contrôle de 15 patients.
* Ce taux urinaire a été mesuré par méthode immuno-enzymatique.
– Résultats :
* À la fois chez les sujets intolérants à l’aspirine et chez les sujets sains, les taux urinaires de LTE4 augmentent après prise d’aspirine.
* Les taux avant et après aspirine ne différent pas entre les patients sensibles ou non sensibles à l’aspirine.
– Conclusion : L’ingestion d’aspirine entraîne une augmentation des LTE4 urinaires chez tous les patients. Ce taux de base ne permet pas d’en faire un marqueur de l’intolérance à l’aspirine.
Dans ce travail les auteurs démontrent que le taux urinaire des leucotriènes E4 ne permet pas de différencier les patients intolérants ou non à l’aspirine, même après un test de provocation à l’aspirine.
Il s’agit d’un travail très intéressant car l’intolérance à l’aspirine est certainement sous estimée, et son diagnostic est difficile, avec le plus souvent réalisation d’un test de provocation qui peut être dangereux.
Chercher un test biologique simple est donc nécessaire.
On parle depuis longtemps de la possibilité d’implication du métabolisme de l’acide arachidonique dans la physiopathologie de cette intolérance : il y aurait une augmentation de la voie des lipo-oxygénases, conduisant à une augmentation des leucotriènes en particulier cystéinées.
Cependant cette explication ne permet pas de dire pourquoi la plupart des patients tolèrent l’aspirine, et pourquoi les anti-leucotriènes ne sont pas très efficaces.
Ce travail qui montre que finalement il n’y a pas de différence entre sujets sains et sujets intolérants à l’aspirine, même après un test de provocation, confirme que ce n’est certainement pas les leucotriènes cystéinées qui sont en cause dans cette affection qui reste donc mystérieuse.
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