Suivre les asthmatiques mais seulement par téléphone : vraiment efficace ou gag anglo-saxon ?

samedi 15 mars 2003 par Dr Stéphane Guez2017 visites

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Suivre les asthmatiques mais seulement par téléphone : vraiment efficace ou gag anglo-saxon ?

Suivre les asthmatiques mais seulement par téléphone : vraiment efficace ou gag anglo-saxon ?

samedi 15 mars 2003, par Dr Stéphane Guez

Les affections chroniques nécessitent un suivi régulier qui est fastidieux pour le patient et pour le médecin. Est-il possible pour ce type de consultation pour laquelle le patient n’est pas demandeur d’une modification du traitement, de réaliser une consultation par téléphone au lieu de revoir le patient ?

Accessibilité, acceptabilité et efficacité d’une consultation de contrôle de l’asthme lors de soins primaires : une étude pragmatique randomisée et contrôlée. : Hilary Pinnock, General Practice Airways Group clinical research fellow, a Robert Bawden, general practitioner, b Stephen Proctor, general practitioner, c Stephanie Wolfe, respiratory nurse, d Jane Scullion, nurse consultant, e David Price, General Practice Airways Group professor of primary care respiratory medicine, a Aziz Sheikh, NHS/PPP Foundation national primary care postdoctoral researcher. f a Department of General Practice and Primary Care, University of Aberdeen, Foresterhill Health Centre, Aberdeen AB25 2AY, b Botesdale Health Centre, Diss, Norfolk IP22 1DU, c Clarendon Medical Centre, Hyde, Cheshire SK14 2AQ, d Thorpewood Surgery, Norwich NR7 9QL, e Respiratory Unit, Glenfield Hospital, Leicester LE3 9QP, f Department of Public Health Sciences, St George’s Hospital Medical School, London SW17 0RE dans BMJ 2003 ;326:477 ( 1 March )

 Objectif : Déterminer si une consultation de suivie par téléphone de patients ayant un asthme améliore l’évolution et si c’est une bonne alternative à une consultation classique, c’est à dire face à face avec un médecin généraliste.

 Méthode :
* Etude contrôlée randomisée, pragmatique, réalisée par 4 médecins généralistes en Angleterre.
* Ont participé 278 adultes qui n’avaient pas été revus au cours des 11 mois précédents.
* Les participants ont été randomisée soit pour une consultation par téléphone, soit pour une consultation avec l’infirmière qui revoit les asthmatiques.
* Il a été étudié la proportion de patients qui ont été revus dans les 3 mois de la randomisation et la qualité de vie spécifique à l’affection, mesurée par le score de Jennifer (mini asthma quality of life questionnaire).
* Le 2° objectif était l’évaluation du score de morbidité par asthme, le score de satisfaction réalisé par l’infirmière et la durée de la consultation.

 Résultats :
* Sur 137 patients randomisés pour la consultation par téléphone, 101 (74%) ont été contrôlés par rapport à 68 (48%) dans le groupe convoqués pour une consultation directe, soit une différence de 26% (IC 95% : 14 à 37%) ; p < 0.001 ; (nombre de patients nécessitant un traitement 3.8).
* 3 mois après la randomisation les 2 groupes ne sont pas différents par rapport au score de Jennifer ou par rapport au score de satisfaction en fonction du type de consultation.
* Les consultations par téléphone ont une durée moyenne de 10 minutes inférieures à celles réalisées de façon classique (différence moyenne de 10.7 minutes (12.6 à 8.8, p < 0.001).

 Conclusions : Comparée à une consultation classique, la consultation par téléphone permet de revoir plus de patients avec un asthme, sans désavantages cliniques ou perte de satisfaction. La durée courte des consultations par téléphone semble être une bonne option pour revoir en routine les patients ayant un asthme lors de soins primaires.


Dans cette étude les auteurs démontrent qu’il est possible de réaliser un suivi des asthmatiques par téléphone avec une efficacité superposable à celle d’une consultation classique et avec une égale satisfaction des patients, le score de qualité de vie étant également apprécié de la même façon. Il y a par contre un gain de temps important.

Les résultats de cette étude ne semblent vraiment applicable qu’en Angleterre où le recours aux soins est très différent par rapport à la France. En effet la consultation de suivi est faîte chez nous par un médecin et non par une infirmière spécialisée.

Dans ce travail, on note qu’après 11 mois de non retour chez le médecin, les patients ont été évalué sans réalisation d’EFR ce qui reviendrait à considérer par exemple que l’on peut suivre un cardiaque sans ECG et sans Echographie.

D’autre part faire une consultation par téléphone a également un coût et représente une consultation à part entière.

Mais un médecin doit aussi s’intéresser à la totalité de l’individu, un asthmatique ayant certes des poumons mais également d’autres « petits organes » autour qui sont importants : appareil locomoteur, système cardio-vasculaire système neurologique etc..

Bref, à l’heure des rapports humains désincarnés, il semble primordial de conserver l’espace d’écoute que représente une consultation médicale permettant de prendre le patient dans sa globalité. Ce type de consultation ne nous semble pas une bonne alternative, mais plutôt une prise en charge minimale dans un pays qui a un service de soins de plus en plus défaillant.

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