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Honteux ! Clémentine privée de cantine
samedi 20 octobre 2007
Si l’on en croit le site lepost.fr, forum participatif en ligne, une jeune Clémentine de 4 ans se voit interdite de cantine du fait de ses allergies alimentaires.
Oui, vous avez bien entendu : non seulement dans la vie de tous les jours elle doit se passer d’oeuf, de lait avec tous les plats et gâteaux qui en découlent, mais en plus le Maire de sa commune vient de lui interdire la présence sur les lieux de la cantine entre midi et deux !
Jusque là, elle amenait son propre plat et le mangeait avec ses copines : cela s’appelle la vie sociale. Tout se passait bien et il n’y avait aucune raison pour que cela change.
Le rejet de la différence ne devrait pas être quelque chose d’acceptable en France en 2007.
Rappelons que l’accueil d’un enfant allergique à l’école est une obligation légale en France mais que son accueil à la cantine n’est pas une obligation et est de la responsabilité du maire.
Mais quelle est donc la mégapole gigantesque dans laquelle il n’est pas possible de faire une place à cette enfant ? Quelle organigramme administratif Kafkaïen est capable d’aboutir à une telle mesure ? Paris ? Lyon ? Bordeaux ? Il semble uniquement concevable qu’une telle erreur, une telle attitude inhumaine, puisse être le fait d’une lourde administration dans laquelle l’individu n’existe plus et ou seul le dossier administratif est traité.
Non, du tout, c’est la petite ville de Vaulx-Milieu, à peine plus de deux mille âmes, avec son maire M. Edmond Gonnet qui ont ainsi imposé cette mesure d’ostracisme à l’encontre de Clémentine.
Alors évidemment : cette information d’un site qui n’est pas un vrai journal est peut-être fausse ou partiale. Mais voilà, allergologues et parents d’enfants allergiques sommes bien avertis de la chose : de nombreuses mairies, trop nombreuses, par bêtise, par méconnaissance des allergies, par peur prennent parfois des décisions d’une absurdité absolue.
Clémentine privée de repas par son maire ? malheureusement nous y croyons...
Alors voici le mail que je lui fais parvenir ce jour :
Médecin allergologue mais aussi papa d’enfant allergique, je suis choqué par la découverte de l’information suivante :Vous auriez refusé l’admission à la cantine d’une petite fille de quatre ans au prétexte de ses allergies alimentaires.Je ne peux pas croire une telle chose :- Socialement : il est du devoir d’une collectivité de prendre soin des plus fragilisés. Le repas est socialement un moment fort et en particulier dans la société Française où il est central dans la création des liens entre individus.-Humainement : je ne pense pas que de mettre hors de votre cantine une enfant de quatre ans soit un geste dont vous puissiez être fier en tant qu’homme.-Allergologiquement : le but du diagnostic et de la prise en charge d’un enfant allergique n’est pas de lui créer des difficultés mais d’améliorer sa qualité de vie. La stigmatisation des lépreux, des handicapés, des cancéreux et sidéens n’a jamais été une bonne chose. Ceci est également vrai pour un enfant allergique : il doit être accueilli, avec quelques mesures simples d’aménagement et les risques seront ainsi gérés au mieux.Je ne doute pas que cette erreur administrative vous semblera effectivement stupide et que votre intelligence, votre humanité et votre implication dans la vie sociale de votre commune vous amènera à reconsidérer cette décision si triste.
Depuis, nous avons pu avoir confirmation de la véracité de l’information avec le reportage que lui a consacré France 3. Espérons que le Maire, qui n’a pas à ce jour répondu à notre mail, revienne sur cette décision stupide.
Mise à jour le 24/10/2007 à 15h56, Monsieur le Maire nous répond :
Docteur,
Il est facile de donner des leçons de morale à un maire lorsqu’on n’a pas soi-même la responsabilité de gérer un service à risques. Or, accueillir dans une cantine un enfant souffrant d’une allergie alimentaire représente un risque réel pour l’enfant et pour la collectivité publique. Dans notre commune, nous avons eu récemment une alerte sérieuse avec un enfant allergique à l’arachide, et vous avez sans doute eu connaissance du cas de cet enfant de 8 ans, allergique au lait de brebis, qui a été victime d’un malaise mortel à Septèmes-les-Vallons (Bouches du Rhône).
Par ailleurs, je vous rappelle que les protocoles initiés par la Médecine Scolaire et incorporés dans les PAI pour faire face aux situations d’urgence, comportent des dispositions contraires à la réglementation en vigueur :
Le Code du Travail interdit de détenir des médicaments sur le lieu de travail en l’absence d’un professionnel de la santé sur place
L’administration de médicaments par injection, prévue dans ces protocoles, constitue un acte médical que seuls les professionnels de la santé sont habilités à pratiquer
Les agents de cantine ne sont pas des infirmières et le maire n’a pas le pouvoir de les contraindre à administrer des médicaments " ordinaires " et encore moins à utiliser les stylo-injecteur. Même si ce geste est simple à effectuer pour un professionnel de santé, il n’est pas anodin pour une personne n’ayant pas la formation requise.
Compte tenu de ces éléments et après beaucoup d’autres communes, notre conseil municipal a pris une délibération de portée générale et qui ne vise pas le cas d’un enfant en particulier. Le rôle du maire est ensuite d’appliquer les décisions de l’assemblée délibérante.
Autant que vous, nous sommes sensibles à l’aspect humain du problème et ce n’est pas de gaieté de cœur que les élus municipaux ont pris leur décision. Mais, dans l’état actuel de la réglementation et des moyens dont dispose la commune, c’était la seule possible. Dans notre secteur du Nord Isère, des collectivités plus importantes que Vaulx-Milieu n’accueillent pas dans leurs cantines des enfants souffrant d’une allergie alimentaire. Certes il y a des commune qui ont pris une autre position, soit parce qu’elles disposent dans leur personnel d’un infirmier, soit parce qu’elles s’affranchissent des contraintes de la loi comme le fait également l’Education Nationale avec ses personnels dans le cadre des PAI.
Aujourd’hui, je ne connais pas la solution qui permettrait de sauvegarder les intérêts des enfants, des familles, et des collectivités territoriales. Cette question de l’accueil des enfants souffrant d’une allergie alimentaire n’est simple à traiter que pour les personnes qui, comme vous, ne veulent voir qu’un aspect du problème.
Je vous remercie de bien vous vouloir publier ma réponse à la suite de votre email sur le site ww.allergique.org.
Edmond Gonnet
Maire de Vaulx-Milieu
La position de M le maire est argumentée, je l’en remercie, mais elle est partielle et partiale : Clémentine n’a pas besoin de prendre de manière régulière des médicaments pour être en bonne santé mais elle peut, dans des circonstances exceptionnelles, en avoir besoin.
Le PAI précise juste ce que sont ces circonstances extraordinaire et la place et le rôle de chacun si ce cas ce produit.
Question : excluez vous de la même manière les enfants épileptiques ? Les enfants diabétiques ? Les enfants asthmatiques ? Tous peuvent avoir besoin d’un traitement d’urgence à disposition dans leur école.
Si oui, vous êtes cohérents mais vous excluez plus d’un enfant sur cinq et j’en suis bien attristé. Si non, il s’agit de discrimination et je suis désolé si vous le vivez comme des propos de "donneur de leçon".
Voir en ligne : Clémentine rejetée de la cantine de Vaulx-Milieu : une honte
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