Une révolution est en marche.

mardi 20 janvier 2009 par Dr Gérald Gay955 visites

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Une révolution est en marche.

Une révolution est en marche.

mardi 20 janvier 2009, par Dr Gérald Gay

Il suffira bientôt de mettre un peu d’ordre au cœur des allergènes afin d’obtenir des extraits allergéniques pour immunothérapie (encore plus) efficaces et (encore plus) sûrs. La technique est si simple qu’on se demande comment on n’y a pas pensé plus tôt. Elle permet en gros d’avoir le beurre et l’argent du beurre : adieu aux immunothérapies mal tolérées, et bienvenue à des produits efficaces et sûrs d’emploi. Et ce n’est pas un mythe, cet article le prouve !

Perte de l’activité allergénique de Phl p 2 par clivage et remodelage de cet allergène majeur de la fléole. Mothes-Luksch N, Stumvoll S, Linhart B, Focke M, Krauth MT, Hauswirth A, Valent P, Verdino P, Pavkov T, Keller W, Grote M, Valenta R.

Division of Immunopathology, Department of Pathophysiology, Center of Physiology, Pathophysiology and Immunology, Vienna General Hospital, Medical University of Vienna, Vienna, Austria.

dans J Immunol. 2008 Oct 1 ;181(7):4864-73

La reconnaissance d’épitopes conformationnels de pneumallergènes par le Fab des IgE est l’événement princeps de la réaction allergique immédiate.

Nous avons eu l’idée de modifier des allergènes afin de les rendre incapables de ponter les IgE.

Cette nouvelle stratégie moléculaire consiste à remodeler les allergènes natifs sous la forme de protéines en mosaïque à activité allergénique réduite afin de produire des allergènes de désensibilisation efficaces et bien tolérés.

Notre modèle permettant de démontrer ce nouveau concept est Phl p 2, allergène majeur de la fléole des prés auquel sont sensibilisés plus de 200 millions de patients allergiques.

Dans un premier temps, nous avons scindé Phl p 2 en fragments peptidiques dépourvus de réactivité IgE.

Grâce à la connaissance de l’ADN codant pour cet allergène, nous avons pu synthétiser les peptides précédents, et les réunir à nouveau dans un ordre modifié, sous la forme d’une protéine mosaïque recombinante.

 La protéine mosaïque n’a plus de structure tridimensionnelle, n’est plus reconnue par les IgE et a perdu les propriétés sensibilisantes du phénotype sauvage initial.
 En revanche, cette nouvelle molécule a la propriété d’induire une forte production d’anticorps bloquants de type IgG.
 Les Fab de ces IgG réagissent avec les allergènes du groupe 2 d’autres espèces de graminées.
 La présence de ces IgG inhibe par ailleurs le pontage des IgE des sujets allergiques avec l’allergène naturel.

Au total, cette procédure de production de protéines allergisantes en mosaïque est une stratégie efficace de diminution de leur activité allergénique et pourra servir à développer des produits de désensibilisation efficaces et d’utilisation très sûre.


Nos amis viennois, non contents d’accueillir l’EAACI, de garnir nos plateaux de petits-déjeuners, ou de nous faire écouter Mozart, ont eu une idée qui devrait faire son chemin : permettre de futures désensibilisations en totale sécurité.

Il est évident que l’absence de risque vital en cas d’utilisation à mauvais escient serait un progrès capital, bien qu’heureusement les incidents majeurs (c’est l’expression politiquement correcte pour dire létal) soient rarissimes.

Plus fréquemment, nous sommes confrontés à une tolérance imparfaite des extraits allergéniques, allant de réactions locales prurigineuses et inflammatoires d’intensité et de durée variables à de véritables réactions syndromiques, plus désagréables ou inquiétantes que réellement sévères la plupart du temps, sans préjuger de la voie d’administration.

Parfois, cela a une incidence sérieuse sur l’observance, voire la poursuite de l’immunothérapie.

Avec la technique proposée, la tolérance deviendrait donc parfaite, notamment pour des allergènes justement réputés comme délicats à manipuler, tels les pollens ou les venins d’hyménoptères.

Le progrès annoncé permettrait sans nul doute de reprendre les travaux sur l’immunothérapie au latex, abandonnés en raison justement de la fréquence et de l’intensité des réactions syndromiques graves.

Il est avéré que le bénéfice de l’immunothérapie allergénique est directement lié à la dose cumulée reçue, d’où l’amélioration progressive de nos patients au fil du temps. Avec cette étude, j’en arrive à me demander si à terme on n’en arrivera pas à un traitement-minute, comme pour la blennorragie (je me demande souvent où je vais chercher mes comparaisons !), en administrant aux patients une dose massive des protéines mosaïques dérivées des allergènes responsables de leurs symptomatologies.

Pour en revenir à l’article, je me demande bien ce qui a conditionné le choix de Phl p 2, allergène majeur certes, puisque 40 à 70% des polliniques aux graminées y sont sensibilisés, mais moins fréquemment en cause que Phl p 1 dont la fréquence frise les 100%.

De plus, comme chacun sait, il y a peu d’allergènes du groupe 2 dans les graminées céréalières en comparaison avec les fourragères. De même n’en trouve-t-on pas du tout dans certains pollens de graminées, tel le chiendent ou le roseau (j’admets le caractère purement anecdotique pour cette dernière plante). Enfin, on ne connait pas d’allergie croisée avec les pollens d’autres espèces végétales comme il y en a pour les autres allergènes de la fléole, excepté les groupes 1, 3, 5 et 6. Mais bon, hein, il y a quand même 13 groupes d’allergènes dans le pollen de fléole !

J’espère simplement que ce choix n’a pas été retenu suite à l’échec de la technique pour Phl p 1, ou Der p 1 ou Fel d 1, et j’en passe…

Nous allons tenir à l’œil l’avancée de ces travaux, bref adopter la politique de l’Autriche, pas celle de l’autruche.

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