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La radiographie ne protège pas de l’allergie, bien au contraire.
samedi 12 avril 2003, par
Dans la longue liste des allergies et asthmes professionnels, la catégorie du personnel médical en radiologie était pour l’instant relativement peu étudiée. Ce large travail épidémiologique développe les risques respiratoires de cette population.
Asthme et symptômes respiratoires chez les radiologues, associés aux expositions professionnelles, dans la province de l’Ontario au Canada. : Liss GM, Tarlo SM, Doherty J, Purdham J, Greene J, McCaskell L, Kerr M. Gage Occupational and Environmental Health Unit, University of Toronto, Canada Ontario Public Service Employees Union Institute for Work & Health. dans Occup Environ Med 2003 Apr ;60(4):254-61
– Introduction : Le personnel médical en radiologie est exposé potentiellement aux agents chimiques incluant les produits sensibilisants et irritants comme le glutaraldéhyde, le formaldéhyde, le dioxyde de souffre, et l’acide acétique.
– Buts : déterminer la prévalence de l’asthme et les symptômes respiratoires d’origine professionnelle parmi le personnel médical en radiologie et les radiologues par rapport aux autres praticiens, et identifier facteurs professionnels environnementaux associés à ces pathologies.
– Méthodes :
* Dans une évaluation à deux composants, nous avons réalisé une étude par envoi postal d’un questionnaire aux membres d’associations professionnelles de radiologues et de physiothérapeutes en Ontario au Canada, pour mesurer la prévalence de l’ asthme diagnostiqué chez les praticiens, et la prévalence sur les 12 derniers mois de trois ou plus des 9 symptômes respiratoires (précédemment validés par Venables et al comme sensibles et spécifiques pour la présence d’un asthme auto-diagnostiqué).
* Des informations sur les facteurs d’exposition pendant les 12 derniers mois, comme les conditions de ventilation, les fuites de développeur de films (processeur), les activités de nettoyage, et l’utilisation d’équipements de protection personnelle ont été également recueillies.
– Résultats :
* le taux de réponse était de 63.9% parmi les radiologues et de 63.1% parmi les physiothérapeutes.
* La plupart des analyses ont été faites sur 1110 radiologues et 1523 physiothérapeutes n’ayant jamais fumé.
* La prévalence de l’asthme d’apparition récente (depuis les débuts dans la profession) était plus importante parmi les radiologues n’ayant jamais fumé que chez les physiothérapeutes (6,4% vs. 3,95%), avec des différences selon le sexe : elle était 30% plus importante chez les femmes mais cinq fois plus importante chez les hommes.
* Comparé aux physiothérapeutes, la prévalence de 3 ou plus symptômes respiratoires rapportés, dont 2 voire ou plus d’origine professionnelle, sur les 12 derniers mois était plus fréquente parmi les radiologues, avec des odds ratios (ORs) (et des intervalles de confiance de 95%) ajustés pour l’age, le sexe et l’asthme de l’enfance, de 1,9 (1,5 à 2,3), 3,7 (2,6 à 5,3), et 3,2 (2,0 à 5,0), respectivement. Des analyses examinant l’utilisation de gants en latex ont indiqué que ce fait n’était probablement pas en cause pour ces différences.
* Parmi les radiologues, les symptômes respiratoires étaient associés avec un nombre de lieux de travail et de facteurs d’expositions générant probablement des expositions chimiques ou des aérosols comme les processeurs sans ventilation locale, OR ajusté de 2,0 (1,4 à 3,0) ; un processeur fuyant dont le nettoyage était retardé, 2,4 (1,6 à 3,5) ; une conduite du sol obturée, 2,0 (1,2 à 3,2) ; libérer un film bloqué, 2,9 (1,8 à 4,8) ; débloquer un tuyau de processeur obturé, 2,4 (1,6 à 3,7) ; et nettoyer une tache de produit chimique de processeur, 2,8 (1,9 à 4,2).
* Ces symptomatologies n’étaient pas associées avec des taches de routine générant peu probablement des expositions, comme travailler hors de son lieu de travail, charger un film dans le processeur, le nettoyage de routine de processeurs, ou retirer un film traité.
* Les hommes ont rapporté qu’ils s’occupaient de taches potentiellement associées à des expositions à des produits irritants plus fréquemment que les femmes, de manière cohérente avec l’augmentation notable du risque d’apparition d’un asthme.
– Conclusions : ces données, cohérentes avec les études précédentes, suggèrent une augmentation de la prévalence de l’asthme et des symptômes respiratoires apparentés à l’asthme parmi le personnel médical en radiologie. Le mécanisme n’est pas connu mais semble lié à des facteurs professionnels et pourrait impliquer des expositions à des produits irritants.
Il existe une majoration de la prévalence de l’asthme et des symptômes respiratoires apparentés à l’asthme parmi le personnel médical en radiologie par rapport à un groupe témoin de praticiens.
Le agents professionnels en cause ne sont pas formellement identifiés ici mais les auteurs évoquent en première intention le rôle des expositions à des produits irritants.
Le travail ici présenté, confirme la nécessité d’évoquer des facteurs professionnels devant l’apparition d’un asthme ou de symptômes respiratoires apparentés à l’asthme parmi le personnel médical en radiologie.
Cependant, cette donnée n’est pas originale et a été déjà soulevée par une large étude anglaise (Occup Environ Med 1996 Jul ;53 :450-4) qui de plus avait pris en compte les manifestations extra-respiratoires (ORL, dermatologique et oculaire notamment) potentiellement associés et dont la prévalence était également augmentée par rapport à un groupe témoin de praticiens non radiologues.
Les symptômes prédominants (de l’oeil et des voies aériennes supérieures) étaient aussi associés particulièrement à l’utilisation de machines de développement automatique.
C’est donc vis-à-vis de ces machines et de leur entretien que doivent se focaliser les propositions de mesures prophylactiques.
Pour cela, il serait intéressant de mieux recencer les agents chimiques en cause afin de discuter les possibilités de remplacement technique éventuelles.
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