Quel cirque que les variations circadiennes dans l’asthme !

lundi 14 avril 2003 par Dr Philippe Carré2170 visites

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Quel cirque que les variations circadiennes dans l’asthme !

Quel cirque que les variations circadiennes dans l’asthme !

lundi 14 avril 2003, par Dr Philippe Carré

L’asthme est essentiellement une maladie inflammatoire, et l’évaluation de l’inflammation peut être un témoin de l’activité de la maladie. Parmi les marqueurs à disposition, les médiateurs des éosinophiles sont les plus accessibles dans les études. Mais à quels moments faut-il les doser pour que les résultats soient fiables ?

Variation circadienne de la protéine cationique éosinophile (PCE) sanguine et de la protéine éosinophile X (PEX) sérique et urinaire. : Wolthers OD, Heuck C. Children’s Clinic Randers, Randers, Department of Paediatrics and Institute of Experimental Clinical Research, Medical Research Laboratories, Aarhus University Hospital, Aarhus, Denmark. dans Pediatr Allergy Immunol 2003 Apr ;14(2):130-3

 Contexte. L’évaluation biochimique de l’inflammation peut être un marqueur supplémentaire d’évaluation de la fonction pulmonaire et des symptômes dans l’asthme de l’enfant. Mais peu de données ont validé les marqueurs chez l’enfant.

 But. Etudier les variations circadiennes de la PCE sérique et de la PEX sérique et urinaire chez l’enfant.

 Population. 5 filles et 2 garçons de 10 à 14 ans ont été étudiés.

 Méthode.
* Le premier échantillon d’urine concernait les urines recueillies de 0 heure à 8 heures le matin du jour de l’investigation.
* Puis les urines étaient recueillies à 4 heures d’intervalle jusqu’à minuit, puis à nouveau sur 8 heures de minuit à 8 heures.
* Des prélèvements sanguins étaient recueillis pour dosage de la CPE et de la PEX sériques toutes les 2 heures pendant les 24 heures.

 Résultats.
* Des variations circadiennes statistiquement significatives ont été détectées pour la PCE sérique (p=0.002), la PEX sérique (p=0.002) et le rapport urinaire PEX / créatinine (p=0.003).
* Les concentrations étaient plus élevées la nuit.
* Les pics de la PCE sérique (moyenne  écart-type) étaient relevés à 6 heures (16.3 5.3), et les taux les plus bas à 8 heures (3.9 0.7 g/l) (p=0.01).
* Les pics sériques de la PEX étaient relevés à 6 heures (43.7  9.5 g/l) et les taux basaux à 12 heures (22  3.5 g/l) (p=0.01).
* Les pics urinaires du taux de PEX / créatinine étaient retrouvés dans les urines recueillies de minuit à 8 heures (90  27.7 g/mmol), et les taux basaux dans les urines recueillies de 16 heures à 20 heures (29.7  8.9 g/mmol) (p=0.02).

 Conclusion. La PCE sérique et la PEX sérique et urinaire ont une variation circadienne, avec des pics la nuit et au petit matin. Pour éviter, dans les études cliniques, l’influence de facteurs confondants en rapport avec ces variations circadiennes, les échantillons sériques et urinaires doivent être recueillis à des moments appropriés.


La régulation du tonus bronchique suit une courbe circadienne, avec des débits minimaux en milieu de nuit et des débits maximaux en milieu d’après-midi.

Alors que cette courbe est mineure chez le sujet normal, elle est très accentuée chez l’asthmatique, rendant compte de la prédominance des symptômes la nuit et au petit matin.

L’asthme étant caractérisé par une inflammation importante, essentiellement à éosinophiles, il est logique de penser que les médiateurs des éosinophiles doivent suivre aussi un profil circadien ; cette étude confirme, sur une toute petite population, que les taux sériques et urinaires des protéines pro-inflammatoires des éosinophiles ont bien un pic de sécrétion la nuit et au petit matin.

Les études cliniques sur les marqueurs de l’inflammation dans l’asthme doivent donc tenir compte de cette variation circadienne dans l’interprétation des résultats des échantillons sériques ou urinaires recueillis.

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