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Exposition aux isocyanates : ne vous fiez pas aux apparences.
lundi 21 avril 2003, par
L’asthme par exposition aux isocyanates est la seconde cause en fréquence des asthmes professionnels. Le diagnostic est souvent difficile, car on ne dispose pas de méthode simple de certitude diagnostique. L’étalon-or reste le test de provocation spécifique par inhalation : quelle est sa fiabilité ? (Article publié dans Chest)
Nécessité de surveiller l’hyperréactivité bronchique (HRB) non spécifique avant et après test de provocation par inhalation aux isocyanates. : Sastre J, Fernandez-Nieto M, Novalbos A, De Las Heras M, Cuesta J, Quirce S. Fundacion Jimenez Diaz, Allergy Department, Madrid, Spain. dans Chest 2003 Apr ;123(4):1276-9
– Contexte. L’HRB spécifique et non spécifique peuvent diminuer ou disparaître après la fin d’exposition chez des patients avec asthme professionnel, conduisant à des faux-négatifs dans les tests de provocation spécifique par inhalation (TPSI).
– Méthodes.
* 22 patients avec suspicion d’asthme aux diisocyanates ont été évalués.
* Les TPSI aux diisocyanates (toluène diisocyanate : TDI, ou héxaméthylène diisocyanate : HDI) ont été réalisés dans une chambre dynamique de 7 m3, jusqu’à une concentration maximale de 19 parties par billion pendant 20 minutes.
* Les tests d’inhalation à la métacholine (TIM) ont été réalisés avant et 24 heures après le TPSI au TDI ou au HDI.
* Les patients qui n’avaient pas une réaction asthmatique après le TPSI, mais qui avaient une réduction d’au moins deux fois de la concentration de métacholine entraînant une baisse de 20 % du VEMS (PC20) après le premier test de provocation aux isocyanates, ont eu un second TPSI aux isocyanates deux jours plus tard.
– Résultats.
* Le premier TPSI a entraîné une réaction asthmatique chez 13 patients (59%).
* Chez 5 patients qui n’ont pas eu de réaction, la PC20 était diminuée d’un facteur deux ; chez 3 d’entre eux, un second TPSI a entraîné une réaction asthmatique immédiate.
* Donc, 3 des 16 patients (19%) se sont révélés avoir une hyper-réactivité bronchique aux isocyanates ; l’asthme professionnel a été prouvé par la surveillance de la réactivité bronchique à la métacholine après le TPSI.
– Conclusion. La PC20 devrait être systématiquement surveillée avant et après le TPSI aux isocyanates en l’absence de modification significative du VEMS pendant le TPSI, de façon à éviter les faux-négatifs.
Dans cette population réduite, seuls 59 % des patients suspects d’asthme professionnel ont eu une confirmation directe par un test d’inhalation spécifique positif.
Mais cinq autres patients avaient dans un second temps un test non spécifique positif à la métacholine, témoignant d’une hyper-réactivité bronchique. Et finalement parmi eux, trois (19 %) ont eu un second test spécifique positif, confirmant l’asthme professionnel.
Les auteurs en concluent que le test de provocation non spécifique à la métacholine, réalisé secondairement au test spécifique, permet de rattraper quelques patients qui auraient été étiquetés comme indemnes d’asthme professionnel, évitant quelques faux-négatifs, ce qui n’est pas sans conséquence sur la prise en charge de ces sujets dont on connaît parfois la gravité des symptômes liés à cette exposition.
On pourrait aussi conclure en corollaire qu’il vaut mieux faire deux TPSI qu’un seul, ce qui permettrait de rattraper les faux négatifs du premier test…mais cette pratique n’est certainement pas recommandée compte-tenu de la gravité potentielle des TPSI aux isocyanates.
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