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NO exhalé : « no » futur ?
mercredi 23 avril 2003, par
Proposé comme un marqueur d’inflammation bronchique, le taux d’oxyde nitrique dans l’air exhalé (eNO) pourrait aider au suivi clinique des patients asthmatiques. Mais ce taux est-il assez spécifique pour distinguer une crise d’asthme d’une exacerbation de rhinite allergique ?
Obtention de niveaux similaires d’oxyde nitrique dans l’air exhalé chez des patients non-asthmatiques présentant une rhinite et chez des sujets asthmatiques après challenge bronchique par les allergènes. : C. E. Lopuhaä*, J. G. Koopmans*, H. M. Jansen, J. S. van der Zee dans Allergy 58 (4), 300-305
– Introduction :
* le taux d’oxyde nitrique dans l’air exhalé (eNO) est élevé dans l’asthme allergique comparé aux sujets sains et a été proposé comme un marqueur d’inflammation bronchique. Cependant, eNO est aussi élevé à un moindre degré chez les patients non-asthmatiques présentant une rhinite allergique.
* Considérant les aspects cliniques distinctifs des deux atteintes allergiques, des différences du eNO sont supposées persister après exposition allergénique.
– Le but de cette étude était de comparer les changements du eNO induits par l’allergène chez des patients asthmatiques sensibilisés aux acariens et des patients avec une rhinite perannuelle sans symptômes d’asthme.
– Méthodes :
* un challenge bronchique par les allergènes était réalisé chez 52 patients sensibilisés aux acariens (Dermatophagoides pteronyssinus), parmi lesquels 26 avaient une rhinite sans asthme et 26 avaient un asthme.
* Les taux de eNO étaient mesurés avant et 1 h, 1 jour et 1 semaines après challenge.
– Résultats :
* en base, eNO était significativement plus bas chez les rhinites sans asthme comparées aux asthmes (eNO moyen (SEM) : 121 (1,1) pour les rhinites sans asthme vs 197 (1,1) nl/min pour les asthmes, P < 0,006).
* Cependant, l’augmentation du eNO après challenge bronchique par les allergènes chez les rhinites sans asthme, en particulier chez les patients présentant une réponse asthmatique, était significativement supérieure à celle observée chez les patients asthmatiques aboutissant à des taux similaires de eNO après challenge (eNO moyen (SEM) à 24 h post-challenge 204 (1,1) pour les rhinites sans asthme vs 244 (1,1) nl/min pour les asthmes, P = 0,3).
– Conclusion : les différences du eNO entre les rhinites sans asthme comparées aux asthmes en base sont abolies après exposition allergénique par une augmentation significativement plus élevée du eNO chez les rhinites sans asthme.
En résumé, avant exposition allergénique, le taux de eNO était plus bas chez les rhinites sans asthme comparées aux asthmes. Mais l’augmentation du eNO après challenge bronchique par les allergènes chez les rhinites sans asthme, supérieure à celle observée chez les patients asthmatiques, aboutit à des taux similaires de eNO après challenge.
Cette étude pose le problème de la spécificité de l’augmentation du taux d’oxyde nitrique dans l’air exhalé (eNO), marqueur d’inflammation bronchique, dans l’aide au suivi clinique des patients asthmatiques.
En effet, si les taux de eNO après challenge bronchique par les acariens sont similaires pour les rhinites sans asthme et les asthmes, comment distinguer par cette mesure un asthme équilibré avec un exacerbation d’une rhinite associée d’un asthme déséquilibré si la modification de la symptomatologie n’est pas évidente ? (comme elle l’est le plus souvent, quelle est l’intérêt alors de ce test dans cette situation clinique ?)
D’un autre côté, cette étude ne se base que sur un nombre faible de patients, à la limite de l’interprétation statistique, loin du nombre en milliers de sujets nécessaires pour établir des normes d’interprétation des taux de eNO, sous réserve d’une technique de mesure simple, validée et fiable en routine du eNO. Avec un nombre plus élevé de patients, on pourrait voir la différence entre les deux groupes devenir significative.
Enfin, il est à noter que sur ces résultats on qualifierait le NO exhalé de marqueur d’inflammation des voies aériennes plutôt que de marqueur d’inflammation bronchique uniquement.
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